The Bridge festival, dans le cadre du projet European Sound Delta, les 18 et 19/07 à Roussé (Bulgarie), avec le 18/07, performances live de , Henning Lundkvist, live et DJ’s (Chica and The Folder, Sillyconductor, Tom Wilson, Prins Thomas (…) et le 19/07, installations et Audiowalk (collectif Mu), Placard Headphone Festival (12h-21h), performance de Phill Niblock et Katherine Liberovskaya en streaming avec Joachim Montessuis depuis Mons (Belgique), live DJ’s de Mira Calix et Candie Hank (…). Performances en direct sur le site d’European Sound Delta, le Placard sur le site du Placard, extraits des lives sur European Sound Delta et le site d’Arena Media (partenaire bulgare du projet).
Le Pont de l’amitié (sic) qui sépare la Bulgarie et la Roumanie, Girugiu et Roussé, où se déroule ce week-end le festival art sonore et musiques électroniques. © Poptronics
< 18'07'08 >
The Bridge, un pont electro-sonore sur le Danube

(Roussé, Bulgarie, envoyée spéciale)

Il est minuit à bord de « l’Ange-Gabriel », la péniche côté Danube du projet-fleuve European Sound Delta (où est embarqué poptronics). Ici se discute l’organisation de la cantine, là du matériel disponible pour les DJ’s (« la scène est ok, les lumières installées, pour le son, c’est pas encore ça », résume Cosmin Tapu, organisateur du festival roumain Rokolectiv qui a largement programmé le plateau de DJ’s du festival). D’autres enfin sont partis en expédition coller quelques affiches supplémentaires un peu partout en ville, en espérant attirer l’attention des Bulgares invités au premier festival The Bridge, ce week-end à Roussé. Un festival hybride et largement utopique, dont rien ne dit qu’il connaîtra une deuxième édition, tant les conditions de sa mise en place tiennent à une alchimie inédite.

Les caprices du fleuve

The Bridge a été imaginé comme une extension à terre d’European Sound Delta, la croisière sonore qui traverse l’Europe cet été et se propose de rejoindre la mer Noire à la mer du Nord, via le Rhin et le Danube. Roussé est une petite ville tranquille qui ignore plutôt superbement le Danube : ici, le tourisme fluvial est encore cantonné aux immenses bateaux de croisière à l’égyptienne... qui ne s’arrêtent pas. La ville est pourtant tout au bord du fleuve, et la promenade arborée sur les berges est un haut-lieu de sortie de la jeunesse, la nuit tombée. Mais de l’autre côté du fleuve, c’est la Roumanie, et le pont qui relie les deux pays est une curieuse résurgence d’un autre temps : on traverse un no man’s land d’entrelacs de routes et postes-frontières simili-abandonnés (il faut encore payer une taxe et montrer ses papiers, même si la construction européenne est en marche), et Giurgiu, la ville de l’autre côté du fleuve, avec sa « free zone » portuaire, n’a pas non plus vocation à développer son potentiel touristique.

Quand le collectif Mu, à l’origine d’European Sound Delta, a imaginé investir le pont, c’était sans y avoir mis les pieds. Sans doute faut-il voir ce « bridge » davantage comme une métaphore de la coopération artistique entre Bulgares, Roumains et Français (et Allemands, et Belges, et Serbes…) que littéralement et géographiquement. Les tentatives d’organiser un parcours sonore entre Giurgiu et Roussé ou d’emmener les artistes collecter des sons dans la « free zone » de Giurgiu se sont en tout cas transformées en échecs.

Les nuits de la pleine lune

Tant pis pour Giurgiu, The Bridge festival s’ouvrira donc à Roussé dès ce début d’après-midi, sous un soleil de plomb, par l’Audiowalk du collectif Mu, une balade sonore dépaysante qui déplace l’écoute (un son africain, des images sonores de Barbès...) et, partant, le regard sur sa propre ville (on y revient). Principale inconnue : la fréquentation dudit festival. La ville est rurale (150000 habitants) et pas du tout habituée à ce genre de manifestation… Néanmoins, deux bus pleins à craquer de Bucarest sont d’ores et déjà attendus pour les deux nuits de DJ’s et lives, avec une affiche résolument européenne, mixant le rétrofuturisme très space disco de Prins Thomas (Norvégien) à la fantaisie electro du duo germano-chilien Chica and the Folder ou encore les « androïdes » Bulgares de Pistamachina pour une première nuit sous la pleine lune au pied de la forteresse en ruines romaine de Roussé. La deuxième nuit n’est pas moins éclectique, avec Mira Calix, qui émarge chez Warp et transforme les sons de la forêt en musique électronique ou le curieux Candie Hank, dont on espère qu’il sera tout aussi inspiré que lorsqu’il contribue aux Puppetmastaz ou pour RadioWNE (souvenir ici), sans oublier les régionaux de l’étape, les Roumains Alien Pimp (dubstep) et Minus & Ion (« du 8-bits qui rencontre le krautrock », selon Cosmin Tapu).

D’un bateau l’autre

Avant les nuits, les performances orientées art sonore et fieldrecording devraient faire vibrer les murs de la maison Canetti, centre d’art façon friche. L’installation « Halbot », qui retravaille les sons ambients directement captés à Roussé mais aussi à Nantes, Londres et au Pellerin (en France), grésille et vibre déjà au contact des visiteurs. Ses deux concepteurs, Julien Ottavi et Jean-Philippe Roux, en feront une performance ce vendredi à 20h, tandis que le minimaliste Phill Niblock performera la pièce qu’il a élaborée à bord de « l’Ange-Gabriel », « Zound Delta 2 » (perfectionniste, l’Américain globe-trotteur a repris sa première version après écoute en situation). S’y grefferont les vidéos expé de la Canadienne Katherine Liberovskaya, elles aussi tournées pendant la croisière.

Et comme tout ceci ne suffisait pas, la performance sera streamée sur le Net avec dans le rôle du régurgitateur arty de service, Joachim Montessuis, autre figure de l’art sonore (plus jeune toutefois, lui a 36 ans contre 74 pour Niblock !) et commissaire artistique d’European Sound Delta. Depuis Mons (où se trouve l’autre bateau de la croisière), Joachim Montessuis retravaillera les sons envoyés pour une performance intitulée « River run/Compost EU ». Tout un programme.

annick rivoire 

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