A l’occasion du 35e Festival de la bande dessinée, jusqu’à dimanche à Angoulême, poptronics se penche sur la blogosphère graphique américaine. Bienvenue dans l’univers des webcomics.
« xkcd », de Randall Munroe, l’humour geek appliqué aux webcomics... © DR
< 24'08'09 >
Angoulême, l’avenir de la BD passe par le Web

(Pop’archive). Le 35e Festival de la bande dessinée, à partir d’aujourd’hui et jusqu’à dimanche, passe au numérique en ouvrant une sélection « Révélation blog », dont le vainqueur se verra proposer un contrat d’édition. L’explosion des blogs graphiques que connaît le Web français depuis le début des années 2000 (on peut les surfer à partir d’ici ou picorer dans ces sélections) ne pouvait échapper à Lewis Trondheim (alias Frantico). Le président du dernier festival décidément très réformateur puisqu’il avait récompensé un manga, (« NonNonBâ » de Shigeru Mizuki), une première là aussi, est à l’origine de ce prix. Mais la situation française n’a rien de commun avec ce qui se passe aux Etats-Unis ou au Japon, où webcomics et webmangas sont devenus un véritable business. Poptronics s’est penché sur le cas américain pour esquisser un futur de la bande dessinée en ligne.

Un business florissant

Les premiers webcomics sont apparus à la fin des années 80 sur les newsgroups et ont explosé au milieu des années 90. De plus en plus ont une expression sur papier (comme « Megatokyo ») surtout chez les indépendants (les grands éditeurs sont à la ramasse), beaucoup de dessinateurs vivent déjà de leurs vignettes quotidiennes, essentiellement grâce au merchandising et aux dons de lecteurs, et les portails se comptent par dizaines (« Keenspot » ou « The Comic Blog Legion » par exemple). La blogosphère US regorge, comme en France, de blogs « traditionnels », à base de planches scannées ou de détournements (celui de Dilbert dure depuis dix ans). Western, super-héros, horreur, heroic fantasy, strips humoristiques, aventure, saynètes de la vie quotidienne (« American Elf » de la star du webcomics James Kochalka) et même catch féminin : tous les genres ont droit de cité, avec plus ou moins de pertinence.

L’écriture numérique

La BD sur le Web ne se borne pas à reproduire les recettes du papier : elle développe sa propre identité, se nourrissant des possibilités du numérique pour inventer une écriture spécifique au média Internet. L’infographie est reine, le recours aux techniques du roman-photo n’est pas rare (« Leisure Town » est un bon exemple), mais c’est l’univers du jeu vidéo qui domine. Certains mettent leurs images en musique, d’autres travaillent sous contrainte, comme le Canadien Ryan North qui publie « Dinosaur Comics » depuis février 2003 : toujours la même planche, dont il change les dialogues. Idem pour « All Knowledge Is Strange » : trois images identiques par posts, différenciées elles aussi par les textes.

Sprites et geeks stories

Les sprites sont des stars du genre : « 8-Bit Theater », la série à succès de Brian Clevinger, « Bob And George », inspiré par Sega (pour d’autres du même style, c’est par ici), ou « Neglected Mario Characters », qui s’attaque au personnage de Nintendo, sont parmi les webcomics les plus courus. D’autres encore se rapprochent du pixel art (« Diesel Sweeties » ou « A Modest Destiny » de Sean Howard, aujourd’hui terminé). Et comme ça ne plaît pas à tout le monde, cette mode a bien entendu ses détracteurs.

Forcément, les geeks se sont appropriés ce nouveau domaine de création. Et on ne compte plus les webcomics qui leur sont destinés. On en trouve une kyrielle sur le portail « Applegeeks », mais les plus célèbres demeurent « xkcd », monté par Randall Munroe, un ingénieur en robotique de la Nasa, ou encore, « Ctrl+Alt+Del » de Tim Buckley, qui depuis cinq ans tient ses fans en haleine avec les aventures de deux gamers.

Demain sur mobile

La prochaine étape sera sans doute celle de la dématérialisation à grande échelle. Certains webcomics sont spécifiquement destinés aux consoles portables (« NYC2123 » pour la PSP) et le mouvement est déjà en cours au Japon ou en Corée, où webmangas et manhuwas sont quotidiennement téléchargés sur leurs mobiles par les fans (on lira avec profit cette excellente introduction aux webmangas et les exemples afférents). Bref, après la musique ou le cinéma, il est fort probable que les 4000 références parues en France en 2007 connaissent de plus en plus la concurrence du Web.

Cet article a été initialement publié le 24 janvier 2008.

matthieu recarte 

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