Exposition « Gamerz 02 », du 15 au 27/01 à l’Espace municipal d’art contemporain Sextius d’Aix-en-Provence. Entrée libre. Soirée de performances le mardi 15 janvier avec Confipop et Sidabitball, à l’amphithéâtre de l’Ecole supérieure d’Art d’Aix-en-Provence, à partir de 20h30.
« From Russia With Fun », de Damien Aspe, représentation en volume du Tetris, mythique jeu chronophage. © DR
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La deuxième vie arty des vieux jeux vidéo

Gamerz 02 part d’une idée simple : c’est dans les vieux pots (jeux) qu’on fait les bonnes soupes (expos). Vingt-deux artistes français, tchèques et slovènes proposent au visiteur de se frotter à des œuvres résolument lo-tech, souvent faites à partir de vieux jouets électroniques ou de consoles de jeux récupérées et de bibliothèques de sprites détournées. Lors de la première édition de l’exposition, fin 2006, le public pouvait ainsi découvrir une « adaptation » du jeu « Donkey Kong », dans laquelle le singe de Nintendo jetait non plus des tonneaux sur Mario, mais des mass media à des dindons qui s’en repaissaient, enflant à vue d’œil avant d’exploser.

A l’origine de l’événement, l’association M2F Créations, fondée par une poignée d’artistes tout juste diplômés des beaux-arts d’Aix-en-Provence. De cette structure est né le collectif Dardex Mort2Faim, pour explorer les enjeux du game art. « Le but était de s’emparer du jeu vidéo, qui a dépassé le film (en volume de ventes, ndlr), d’avoir accès au code source pour pouvoir le détourner et dépolitiser les choses, faire autre chose que des jeux violents où l’on se tire dessus ou des simulations de combat orchestrées par les militaires à partir de moteurs de jeux vidéo rachetés », explique pour poptronics Quentin Destieu, membre du collectif.

« Insert coins », l’installation vidéo du collectif Dardex Mort2Faim exposée pour la première édition de Gamerz :



Toutes ces installations « participatives » servent à rendre le message accessible à un public plus large que celui que l’on croise dans les galeries, à faire venir aussi ces gens qui ne sont pas hostiles à l’art, mais qui jugent son milieu trop élitiste. Jusqu’aux enfants, naturellement attirés par l’aspect « jeu vidéo » de la chose, mais qui, explique l’organisateur, « se rendent compte que quelque chose est détourné, ne serait-ce que parce que ces jeux vidéo-là n’appartiennent pas à leur époque ».

Pas si loin de nos canons ludiques et de la Wiimote de Nintendo, l’artiste tchèque Pascal Silondi propose « Tchouri » (mot romani à l’origine de notre « surin »), une installation où l’utilisateur se dirige dans un monde en trois dimensions en plantant un poignard dans une surface en latex munie de capteurs. « Une autre problématique, plus poignante pour le public », selon Quentin Destieu. Poignant aussi, le « Spiel und Tod » (en français « le jeu et la mort »). Cette installation de Benjamin Cadon et Philippe Coudert s’inspire du jeu « Pong », à ceci près qu’il n’y a pas d’écran, que les spectateurs, dont les mouvements sont captés, font eux-mêmes office de raquettes et que les balles – sonores, diffusées dans un environnement en quadriphonie – sont des phrases philosophiques. Mais tout ne sera pas détournement : au milieu du game art, on pourra aussi saliver devant « Samorost 2 », le « art game » des Tchèques d’Amanita Design. Cette petite merveille de jeu d’aventure point’n click en Flash, plein d’humour et beau à en être émouvant, a déjà reçu quatre récompenses, dont le prix du meilleur « Web Browser Game » à l’Independent Games Festival 2007 à San Francisco.

Mardi, Gamerz 02 ouvre sur une soirée de performances accueillant notamment Confipop & Sidabitball, qui mettront en place un show de musique électronique à base de samples de vieux Commodore et Gameboy réhabilités à grands coups de fer à souder. Ils promettent « aussi bien Brassens que Moussorgski à la sauce 8-bits »...

mathias cena 

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