Aperçu de l’exposition, installation et festival « Je veux savoir », à Toulouse au Quai des savoirs, du 19 au 31 octobre 2019, de l’artiste Pierre Giner, Poptronics (pour les contenus), Trafik (pour le design) et avec la complicité du CNRS.
« Je veux savoir », le projet qui occupe Poptronics depuis quelques mois. © DR
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Tout savoir sur « Je veux savoir », expo de Pierre Giner, avec Poptronics et Trafik

Décidément, on aime rien faire comme tout le monde... Evoquer au creux de l’été, quand tout le monde est au moins la tête (sinon les jambes et le reste du corps) en vacances, le projet sur lequel on travaille depuis quelques mois, est-ce bien raisonnable ?

– Oui, mais « Je veux savoir ».

– Quoi « Je veux savoir » ?

– Ben c’est ça, le projet.

– Comment ça, c’est ça le projet ?

– « Je veux savoir » est une exposition installation, un média participatif, un festival du savoir, une agora de questions et de réponses.

– Je ne sais pas si c’est tellement plus clair, là...

Alors rembobinons.


Fin 2018. Pierre Giner est un artiste complice de Poptronics qui nous embarque régulièrement dans de folles aventures (on a fait avec lui « Museogames » aux Arts et Métiers en 2010, « Do it Yourself » et quelques autres expositions à l’Imaginarium de Tourcoing, cette expérimentation de tiers-lieu dédié aux industries créatives, ou encore « Ultima » au Lieu unique à Nantes en 2015, exposition jouable sur la culture du jeu vidéo). Cette fois, la destination, c’est Toulouse, au Quai des savoirs, espace scientifique et culturel entre Cité des sciences et tiers lieu (avec son incubateur et son makerspace), à la rencontre d’une équipe qui veut faire quelque chose avec nous.

De discussion en aller-retours est né le projet « Je veux savoir » : vous, moi, les Toulousains, les internautes posent des questions sur tous les sujets possibles et imaginables, autour de six thématiques, le vivant, la Terre, l’Univers, l’humain, la technologie et le futur (tous les sujets, on vous dit…) et Poptronics se charge d’aller trouver les réponses auprès de spécialistes, chercheurs, scientifiques, philosophes, artistes, etc.

En plus, ça tombe plutôt bien, Toulouse est une ville blindée de chercheurs du CNRS (Centre national de la recherche scientifique), qui, ça tombe encore mieux, fête cette année ses 80 ans. Le fleuron de la recherche publique française a sur place à peu près tout ce qu’on peut imaginer comme labos, de la chimie à la sociologie en passant par l’économie, le comportement animal, les spécialistes du cerveau et des missions spatiales. Tout, sauf la physique des particules. Avec le concours du Quai des savoirs, nous nous sommes donc associés au CNRS pour préparer « Je veux savoir ».

Un feuilleté de savoirs

« Je veux savoir » est une exposition, installation, un festival, un « machin » étrange dont la scénographie est pensée par Pierre Giner et réalisée par le cabinet de design graphique Trafik, qu’eux aussi, on connaît bien, pour avoir travaillé avec eux sur les projets de Pierre Giner notamment, mais aussi pour suivre leurs aventures graphiques hybrides autour du monde, tel « 160 », installation monumentale et lumineuse créée à Doha en 2013, à Singapour en 2015 et à Bruxelles l’an passé.

« 160 », Pierre et Joël Rodière (Trafik), River Nights Festival, Singapour, 2015 :

Donc du 19 au 31 octobre à Toulouse, Pierre Giner, Poptronics et Trafik investissent le Quai des savoirs, avec la complicité du CNRS, des partenariats avec l’INA et le CNES, pour deux semaines de programmation en direct et en différé, une agora de questions et réponses. Chaque jour, des grands témoins prennent en main la partie en direct : Barbara Cassin, philosophe, académicienne, médaille d’or du CNRS autour de l’humain, Sophie Pène, anthropologue du design et spécialiste des EdTech pour la techno, Patrick Gyger, spécialiste de SF et directeur du Lieu unique à Nantes sur le futur (côté fiction), Audrey Dussutour, « Madame Blob », la chercheuse qui a fait parler de cette créature unicellulaire étrange sur le vivant, Cédric Carles, le designer de la résilience énergétique derrière le livre « Rétrofutur, une contre-histoire des innovations énergétiques » pour la Terre.


Aperçu de la scénographie de l’exposition installation. © Trafik

Chacun-e sera confronté à un jeu de question/réponse augmenté par le dispositif multimédia imaginé par Pierre Giner, à base de temps réel, de reconnaissance vocale, d’extraction de la base de données conçue pour l’occasion avec des ressources propres de chaque chercheur et spécialiste invité, de l’INA, du CNRS, des médias comme Poptronics et d’autres contenus libres de droit. Chaque question devrait trouver sa réponse, qui durera cinq minutes, et sera enrichie de ces archives, de ces documents, de cette navigation arborescente dans la connaissance multimédia. Une forme de sérendipité, une sorte de feuilleté de savoirs qui donnera (on l’espère) l’impression que la science avance, certes, mais aussi que la connaissance est un domaine où il faut régulièrement tout remettre sur le tapis, avancer par essai/erreur, ne rien prendre pour acquis.

Invitée sur le vivant, Audrey Dussutour, chercheuse au Centre de recherches sur la cognition animale (CRCA) à Toulouse, faisait des recherches sur les fourmis en Australie quand son directeur lui a parlé du Physarum polycephalum et lui a dit qu’elle devrait s’y intéresser. Elle l’a rapporté dans ses valises en France, le nourrit aux flocons d’avoine, a écrit un livre sur lui, « Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le blob sans jamais oser le demander », en lui trouvant par la même occasion son nom vernaculaire de blob, directement tiré d’un film de SF des années 50… « Madame Blob », donc, comme on a décidé de l’appeler pour « Je veux savoir », a démontré que cet organisme unicellulaire était capable d’un comportement intelligent, de choisir la meilleure route pour manger et même de s’en souvenir après avoir été quasi desséché. Alors qu’il n’a pas de cerveau, alors qu’il n’est qu’une cellule géante. De quoi ouvrir des perspectives vertigineuses et encore inexplorées sur l’intelligence des cellules...



Voilà à quoi ressemblera la réponse en vidéo « augmentée » de « Madame Blob », Audrey Dussutour. © DR

Oui, parce que chez Poptronics, on a dû se frotter à tout un tas de sujets pointus, de science pure, de recherche même pas appliquée, depuis la chimie de la pollution des sols aux nanoplastiques dans les océans, jusqu’aux nuées d’oiseaux et aux bancs de poisson qu’on observe comme on le fait de la foule (la fouloscopie, étude des mouvements de foule...), en passant par les supraconducteurs et les exoplanètes... Un vaste panorama de sujets qu’a priori, on ne maîtrise pas du tout... Joie du projet qui nous fait plonger dans des gouffres de savoirs nouveaux !

Qu’est-ce qu’il y a après l’espace ?

« Je veux savoir » aura aussi une présence en ligne, pour ceux qui ne peuvent aller à Toulouse. Avec au démarrage un site internet pour déposer sa question, jeveuxsavoir.fr. Puis une chaîne YouTube pour écouter les réponses. Nous travaillons dur en ce moment sur des interviews réalisées en différé, à l’avance, pour en proposer deux versions : la première, pour l’exposition, augmentée d’archives, dont la durée est limitée à 5mn, pour le carrousel multimédia de savoirs, et la deuxième plus longue, mais sans augmentation (la faute aux droits d’auteur...), qui, elle, sera accessible en ligne et donnera la couleur et la saveur de « Je veux savoir ».

En résumé, « Je veux savoir » prend tournure, il était temps qu’on en parle... Ici-même, on reviendra sur les premières vidéos qui seront mises en ligne et sur les détails de la programmation à Toulouse. En attendant, vous pouvez poser votre question par mail à jeveuxsavoir@jeveuxsavoir.fr. Et ne dites pas que vous n’avez pas de questions, voyez plutôt ce petit échantillon de celles que nous avons déjà recueillies à Toulouse :
Est-ce qu’on peut voyager dans le passé ?
Comment nos corps vont-ils évoluer dans le futur ?
Est-ce que les poissons ont soif ?
C’est quoi le mieux pour la planète : zéro déchet ou le recyclage ?
À quand une contraception pour les hommes ?
Ferons-nous un jour confiance aux voitures autonomes ?
Y aura-t-il un jour plus de plastique que de poissons dans les océans ?
Tout l’être humain est-il algorithmable ?
La croissance verte est-elle une chimère ?
Qu’est-ce qu’il y a de l’autre côté du nombril ?
Où en est-on de la découverte des exoplanètes ?
C’était comment les rapports de genre à la préhistoire ?
Comment le cerveau fait-il pour apprendre de ses erreurs ?
C’est quoi la matière noire ?
Pouvons-nous vivre sans abeilles ?
Qu’est-ce qu’il y a après l’espace ?

annick rivoire 

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