Pop’live, le tour des concerts et soirées à ne pas rater pour la quinzaine à venir.
Lightning Bolt, le 28/11 à la Maison de la Villette. © DR
< 27'11'08 >
Sortez ! N’oubliez pas la cagoule

Dernière ligne droite avant le trou d’air des fêtes. C’est Noël avant l’heure dans les salles de concert : sélection de la quinzaine.

Du côté des festivals

Ce week-end, il faudra enfiler les sous-pulls en Lycra (ça gratte, oui) pour le I∆O Festival (au CAPC, le musée d’art contemporain de Bordeaux). Trois jours d’immersion dans les cultures psychédéliques d’hier et d’aujourd’hui, une circulation entre concerts (Turzi & Tim Blake, Sonic Boom, Pilooski, Gavin Russom, Psychic Ills...), projections et performances. On y revient demain, mes frères.

Changement de décor la semaine prochaine avec les trentièmes Transmusicales de Rennes (3 au 6/12). Au diable les commémorations, le festival reste fidèle à sa ligne. Quelques glorieux anciens (The Residents) mis à part, on pourra juger des buzz du moment : des Finlandais Le Corps mince de Françoise (meilleur nom de groupe de l’année) et leur tube électro bubblegum « Bitch Of The Bitches » au duo lancé John & Jehn, des dernières tendances british (Autokratz, The Count and Sinden, Blamma Blamma, Switch…) à DJ Mujava, auteur sud-africain du premier tube électro venu du continent (l’irrésistible « Township Funk »), en passant par le rock narcotique de The Black Angels ou les scratchs 8-bits bondissants des Japonais Hifana. A noter qu’en parallèle, une douzaine de Bars en trans reconduisent pour la 23e année le festival off, avec pas mal de groupes français à surveiller (Rafale, You !, Tahiti Boy & The Palmtree Family, Lippie...).

Hifana, live à Nîmes en avril 2007 :



C’est déjà le sixième Sonic Protest, festival parisien dédié aux musiques curieuses, déviantes, en avance. Nouveauté : la programmation s’étale sur une semaine (8 au 14/12) et, hormis une soirée très noise aux Instants Chavirés, se déroule uniquement à Paris (Maison des métallos, Point Ephémère, Trabendo, Maroquinerie…). Difficile de résumer en quelques lignes l’ampleur des propositions, quelques pistes néanmoins, avant d’y revenir avec les deux programmateurs : ne ratez pas les rarissimes - et vraiment cultes - Brainbombs, phalange nihilisto-noise suédoise de plus de vingt ans d’âge, qui donneront là le sixième concert de leur carrière, et les Corses Ich Bin, à l’électro-punk radical. Sans oublier les retours du punk latino historique Alvaro, des adeptes de la déconstruction rock Deerhoof (on y revient) ou de Noël Akchoté qui promet une relecture minimaliste des tubes de Kylie Minogue.

Pas question de les rater

Les Américains Lightning Bolt jouent masqués, sans éclairages, au milieu du public : un dispositif radical pour une musique qui l’est tout autant. Actifs depuis une dizaine d’années, ils font dans la performance noise aux marges du metal et du hardcore, plus appréciable live que dans son salon. Plutôt rare sur scène, Lightning Bolt sera demain soir à la Maison de la Villette (avec Arnaud Rivière en ouverture). Pour sa première soirée hors-festival (le prochain fin mai), l’équipe de Villette Sonique fait fort.

Changement de style lundi 1er, avec le retour de TV On The Radio, au Bataclan quelques semaines après un ébouriffant concert au Nouveau Casino. A l’heure du troisième album, « Dear Science », les New-Yorkais changent encore de pied et mettent du funk dans le mur du son. Tellement addictif qu’on vous en reparle très vite.

Depuis le temps qu’elle traîne ses barbes et ses guitares dans les squats et salles du monde entier, la tribu Herman Düne mérite bien le succès qui lui tombe dessus depuis le minitube « I Wish I Could See You Soon ». Le dernier album en date, « Next Year In Zion », est un concentré de country-pop ligne claire, qui explosera en bulles de joie le 2/12 pour un Olympia en forme de consécration. Et tant pis pour les grincheux qui estiment qu’un groupe doit toujours creuser le même sillon underground.

De son côté, le jeunot de l’écurie Border Community, Nathan Fake balance depuis deux ans, dans tous les clubs de la planète, les plages électro-noise résolument psychédéliques de son premier album « Drowning In A Sea Of Love ». On attend la suite de pied ferme, et la soirée du 6/12 (Social Club) devrait donner quelques éléments de réponse (pour les plus impatients, ce mix ici).

Après Jesu et Earth, deux groupes mastodontes fascinés par le bruit et les voyages mentaux, c’est au tour d’Isis de faire escale à Paris (le 9/12 à la Maroquinerie, trois jours après leur concert à l’ATP Before Christmas, sur l’invitation de Mike Patton). Isis, c’est du rock de super-héros, qui montre ses biscotos tout en suivant une psychanalyse. Un son massif, dérivé du drone-metal le plus martial mais qui cherche des chicanes et qui expérimente, inlassablement (ce n’est pas pour rien que les Californiens sont le fleuron du label Ipecac).

Isis - « Grinning Mouths » (extrait d’un concert en Suède, 2005) :



Du sang neuf : les nouvelles têtes

Difficile de ne pas évoquer LA soirée bling-bling de la quinzaine, qui réunira demain soir un plateau très chargé : la pompom-girl de Ed Banger, Uffie, suivie par Chairlift (nouvelle sensation néo-disco new-yorkaise, à juger sur pièce) et le jackpot électro-soul de 2008, Santogold. Mais c’est surtout Diplo qui justifiera le voyage en terres hostiles (le Showcase), tant le producteur américain (Wesley Pentz dans le civil) impose au monde son groove démentiel qui chipe ici un esprit hip-hop et là des secousses baile-funk ou kwaito. Après avoir produit Bonde de Role, Santogold et surtout M.I.A., il publiera début 2009 une compilation de ses remixes : carton assuré. Le Pont Alexandre III risque fort de s’écrouler. Tant mieux.

Curieuse soirée le 29/11 à la Flèche d’Or, où les New-Yorkais Dragons Of Zynth, des proches de Yeasayer et TV On The Radio, et leur fusion glam-gospel-punk-rock (il fallait l’inventer), très chouette sur le papier mais pas encore vraiment aboutie sur scène et sur disque, côtoieront la pop électronique des Bordelais Adam Kesher. Des goûts affûtés (de Gang Of Four à Deerhunter) et un vrai sens de la mélodie : un groupe français comme on en voit trop peu.

Le 3/12 les amateurs de secousses sismiques enfileront leur combinaison et rouleront les r comme Haroun Tazieff : Whomadewho est en ville (au Social Club) dans le cadre d’une soirée consacrée au label Gomma avec leur rock à trois bandes (électro/électro/électro). Le set de Munk conclura cette nuit chaude comme la braise.

Plus expérimental et planant (on dit folktronica), l’univers de Bichi au Divan du Monde le 6/12 et à la Flèche d’Or le 8. Cette signature du label Morr Music (Lali Puna) enregistre en ce moment une album en compagnie du revenant Mark Kozelek, le héros des chansons à se pendre. Pour amateurs de rêveries électroniques.

Les The Do de 2009 ? Le duo français John & Jehn a la presse et les branchés derrière lui, pour qui il évoque The Fall et les Kills voire le Velvet et Joy Division… L’emballement n’est pas exactement à la mesure de ce que donnait à voir John & Jehn cet été, lors d’un concert au Palais de Tokyo. Pas désagréable, leur rock cabossé fait son petit effet. Mais le mot important ici, c’est petit. Pour l’instant... (Nouveau Casino, le 8/12).

Pas encore touchés par la hype, heu, la grâce, les Clermontois Mustang réveilleront le fan de Bo Diddley et Eddie Cochran qui sommeille en chacun de nous au... Baron (9/12). Le même soir, de l’autre côté de la capitale, la jeune Suédoise Lykke Li se chargera, elle, d’attiser des pulsions beaucoup moins musicales, avec ses mignardises à la Stina Nordenstam (son album « Youth Novels » a rendu des nuits d’été moins moites).

Les valeurs sûres

Des concerts dans le noir et une très mauvaise réputation (en janvier à la Maroquinerie, 2 minutes sur scène et rideau pour cause de son trop pourri à son goût) : Tricky repasse par l’Elysée-Montmartre le 30 défendre son récent (et plutôt bon) « Knowle West Boy ». A vos risques et périls.

Demain, soirée tonique qui commence par un échauffement des poignets (d’amour) : les Puppetmastaz investiront le Nouveau Casino pour un nouvel épisode de leur show électro-rap délirant. On ralliera ensuite à foulées souples le Social Club pour le set de Simian Mobile Disco (« We Aaare Your Friiiiends »).

Le lendemain, toujours au Social Club, ce sera au tour du collectif de filles Barbi(e)turix de fêter d’une part le lancement de leur site, et d’autre part l’anniversaire des célèbres fiestas Ladies Room d’Anna la Chocha (avec DJ Chloé en invitée - et marraine - de luxe).

C’est pas possible : à fuir !

A trop jouer avec le trip « nostalgie des années 80 » (le triptyque Albator-Top 50-Dorothée), voilà ce qui arrive : les Bordelais Partenaire Particulier, très éphémères stars synthé cheaps il y a vingt-cinq ans, se sentent pousser des ailes. Remontés à bloc après une tournée des Macumba avec d’autres ringards du même tonneau, les voilà qui annoncent un nouveau disque ( !) et investissent le Nouveau Casino le 1er décembre...

benoît hické et matthieu recarte 

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