Résidence de The Ex les 16, 17 et 18/01 aux Instants Chavirés, 7 rue Richard-Lenoir à Montreuil (93). Concerts à 20h30 (10 euros en prévente/12 euros sur place).
Invités : Anne-James Chaton, Api Uiz, Emma Fisher, Colin McLean, Afework Negussie, Christine.Sehnaoui, Clayton Thomas, Wolter Wierbos et Zea.
The Ex en concert. Le collectif, habitué des collaborations, s’installe pendant trois jours aux Instants Chavirés et invite à tout va. © DR
< 16'01'08 >
The Ex, noise et plus si affinités

2008 commence fort aux Instants Chavirés. La salle de Montreuil invite en effet The Ex, monument underground né dans la queue de comète punk (1979), pour une résidence qui s’annonce passionnante. Trois soirées métisses, qui verront G.W. Sok, Andy Moor, Katherina Ex et Terrie Ex partager la scène avec le poète sonore Anne-James Chaton, le trio sonique bordelais Api Uiz, tout un contingent hollandais (la performeuse Emma Fisher, le groupe électro-expérimental Zea, le tromboniste Wolter Wierbos) ou encore l’Ethiopien Afework Negussie, joueur de masenqo, et le contrebassiste australien Clayton Thomas.

Les guignolades provos des Sex Pistols que médias et compilations mettent en avant le font trop souvent oublier : le punk était aussi (surtout ?) un mouvement social et politique. Des collectifs anarchistes ou post-situ qui virent le jour à la fin des années 70 (Crass, groupe puis label, les marxistes de Scritti Politti avant leur virage pop, etc.), The Ex fait figure d’exception. Là où toute une scène hâtivement baptisée « punks not dead » s’est engluée dans la protestation stérile sur trois accords, caricaturant le propos radical et militant anti-tout (de la société marchande à la vivisection, pour aller vite) avec un sectarisme rédhibitoire, ces Hollandais ont bien vite exploré des chemins de traverses. Sans jamais oublier le propos politique : soutien affiché aux guérilleros salvadoriens anti-impérialistes du FMLN (« Weapons For El Salvador » ), aux mineurs anglais en lutte contre le thatchérisme naissant, aux Kurdes en exil…

En bientôt trente ans d’activisme, le groupe s’est ouvert à d’autres influences tout en conservant une rare intransigeance, intégrant des éléments noise, jazz ou no-wave, s’inspirant du folk turc ou balkanique tout autant que des sons d’Afrique, se passionnant pour la musique improvisée (le double album « Instant »), travaillant avec le regretté Tom Cora ou s’essayant à l’expérience orchestrale pour le remarquable « Ex Orkest ». Avec le recul, du rachitisme punk du toujours actuel « All Corpses Smell the Same » (1980) au tout récent « Moa Anbessa », qui les voit inviter le saxophoniste éthiopien Getatchew Mekuria, le parcours de The Ex est comme une histoire des marges musicales, explorées sans aucun but mercantile : malgré une reconnaissance unanime et des collaborations qui auraient pu lui gagner un public rock le plus ouvert (le producteur gourou Steve Albini, Thurston Moore de Sonic Youth, Ian McKaye de Fugazi et du label straight edge Dischord…), l’audience du groupe demeure relativement confidentielle. Ce qui semble les contenter parfaitement.

Bref, c’est présence obligatoire à Montreuil jusqu’à vendredi pour tous les amateurs d’extravagances sonores hors des sentiers battus, la marque de fabrique de The Ex, plus que jamais d’actualité. Une idée du chemin parcouru en deux vidéos :

« The Sky Is Blue Again », live à Amsterdam en 1981 :



En concert avec Getatchew Mekuria, en janvier 2007 en Ethiopie :

matthieu recarte 

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