Elle permet d’être online tout en étant offline, à l’abri des cyberflics, pour échanger tout ce dont on a envie : la PirateBox ne cesse de faire des adeptes.
La galerie XPo lui consacre une exposition, « Offline art : new2 ». Jusqu’au 14 mars 2013, 17 rue Notre-Dame de Nazareth 75003 Paris.
Y’a quoi dans ma PirateBox ? Une couverture de l’album Prince Rama, à partager sans modération ! © Nicolas Frespech
< 28'02'13 >
Qui n’a pas encore sa PirateBox ?

C’est à l’artiste-chercheur-enseignant-commissaire américain David Darts que l’on doit en 2011 le concept des PirateBox, fondé sur la volonté de partage et d’ouverture aux savoirs en libre accès et diffusion (Floss). C’est sans utiliser le www (et donc en tout anonymat) qu’on se connecte en wifi à une PirateBox : du « online offline » en quelque sorte !

Souvenez-vous de « Dead Drops », ces clés USB incrustées depuis 2010 dans des murs pour créer dans la ville des espaces d’échanges libres. PirateBox, c’est un peu le même principe... sans le ciment. On utilise un routeur de base, on y ajoute une clé USB (sur laquelle les « pirates » pourront consulter et déposer des documents), et c’est parti (enfin presque, ça n’est pas si simple à monter). Les flippés de l’informatique peuvent en commander une toute faite. Il suffit de se connecter avec son ordinateur, son téléphone ou sa liseuse et de se servir, consulter et même chatter avec des inconnus.

Question énergie, la PirateBox peut être reliée à un ordinateur ou à une batterie portable adaptée pour rendre le dispositif encore plus autonome et nomade. Certains ont déjà pensé à la poser sur leur skate ou leur chien…. On peut aussi y coller une Raspberry Pie et même, si on ne veut pas s’équiper, réaliser sa PirateBox avec un téléphone Android. Ça change des « Bluetooth Party » où on échange dans la joie les fichiers contenus dans nos téléphones.

Bien entendu, tout n’est qu’une histoire de densité de « pirates » potentiels autour de votre Box (centre ville vs pleine campagne). Reste le choix stratégique suivant : où la poser pour toucher le plus de monde possible ? Plusieurs bibliothèques ont déjà adopté le principe, leurs lecteurs pouvant récupérer des œuvres tombées dans le domaine public (et souvent dans l’oubli). Mieux que les « Copy Party », la bibliothèque 2.0, c’est maintenant !

Une application mobile permet aux internautes de consulter une carte des boîtes pirates activées. Ça donne envie de partir à la chasse aux pirates, chaque PirateBox étant un coffre rempli de multiples surprises.

La carte des PirateBox :


Le phénomène ne cesse de prendre de l’ampleur en France depuis que Jean Debaecker, jeune docteur en sciences de l’information et de la communication, a lancé à Lille en 2012 sa PirateBox française, ainsi qu’un site offrant un tas de ressources pour se lancer dans l’aventure version DIY, et ça marche !

Jean Debaecker présente la PirateBox à l’Imaginarium (2012) :

C’est suivant ce principe d’accès « ciblé » et « déconnecté » du Web qu’a été pensée l’exposition « Offline art : new2 » (galerie Xpo) avec comme artistes invités (que du beau monde !) : Cory Arcangel, Kim Asendorf, Claude Closky, Constant Dullaart, Dragan Espenschied, Faith Holland, Jodi, Olia Lialina, Jonas Lund, Evan Roth, Phil Thompson, Emilie Gervais & Sarah Weis. Le commissaire de l’expo n’est autre qu’Aram Bartholl, l’inventeur des fameuses « Deads Drops ». Ici, l’esprit open source de libre circulation des œuvres n’est cependant pas au rendez-vous : nous sommes dans une galerie et les œuvres (le routeur et une création à l’intérieur) sont à vendre. L’idée reste néanmoins le partage et l’échange de savoirs et de divertissements sans entraves.

Le principe de la PirateBox est idéal dans des zones où il n’y a pas de connexion Internet (que ce soit une zone blanche française, une région au fin fond du monde à l’abri des cyberflics ou une TAZ) pour offrir un centre de ressources numériques à moindre coût.

Et alors, y’a quoi dans ma PirateBox ? Un peu de tout, du libre et du piraté : quelques « Poplabs » de chez Poptronics bien entendu, la compilation musicale de Prince Rama offerte par une amie (sans oublier la pochette du CD), quelques e-books d’artistes, un mini-site web perso et des photos intimes, histoire de donner un peu de piment à mon cabinet de curiosités à partager. Il lui manque juste une chose, un joli sticker tête de mort, logo officiel d’une boîte de pandore cool et nextgen.

nicolas frespech 

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