« Afraid of women », vidéo réalisée par Olivia Louvel en solidarité avec les femmes du Rojava (capture écran). © DR
< 07'06'16 >
Le Rojava, terre de lutte féministe, à la kalach et en musique

C’est un petit feu qui s’allume et s’entretient contre la barbarie quotidienne de Daech. Au Moyen-Orient, il n’y a pas que des femmes de taliban ! Dans l’enclave du Rojava en Syrie, des femmes kurdes combattent pour la liberté. Et pour leur liberté. Avec le soutien de femmes artistes.

Elles ont été filmées par la jeune réalisatrice turque d’origine kurde Leyla Toprak, dans Uzak mi… (Distant), qui a obtenu la mention spéciale du jury au Festival international du court-métrage de Clermont-Ferrand 2016.

« Uzak mi… » (« Distant »), Leyla Toprak, bande-annonce, 2015 :

Elles ont fait l’objet de reportages et d’un excellent documentaire, « Kurdistan, la guerre des filles », récemment diffusé sur Arte. Et sont au centre d’une autre forme de solidarité féminine, plus artistique cette fois-ci : female:pressure, un collectif de défense des femmes dans la musique électronique, a lancé pour elles la campagne « Music, Awareness & Solidarity for #Rojava », et sorti une compilation à l’occasion de la Journée de la femme.

Comment ce collectif, qui œuvre depuis 18 ans pour la représentation des femmes dans le secteur de la musique électronique et ses sous-cultures, s’est-il retrouvé à soutenir des femmes qui se battent kalach à la main ? Les explications d’AGF, membre depuis 2004.


AGF, membre de female:pressure, à l’initiative du projet pour les femmes du Rojava. © Glenn Boulter

« J’ai d’abord lancé une discussion sur le réseau de female:pressure. Dans les débats animés revenait l’aspect militaire de leur action qui heurtait les principes non-violents de certaines. Cependant, au-delà de leur image guerrière, ces femmes luttent pour une démocratie paritaire, ce qui résonne avec les buts du collectif.

« Le projet a pris la forme d’un appel à contribution musicale qui évoquerait la situation des femmes du Rojava. En seulement un mois, nous avons reçu une masse de propositions qu’il a fallu trier.

« La première contribution intéressante était celle de Miranda de la Frontera qui a enregistré sa rencontre avec les activistes Viyan Peyman, combattante kurde, et Dilar Dirik, auteur d’un blog très documenté sur la question, et a intégré les samples à son track.

« Une autre de nos membres, Ipek Ipekcioglu, s’est immédiatement investie car elle travaille sur la question kurde en Turquie. Elle a utilisé la voix de la chanteuse kurde Sakina Teyna. Le titre d’Olivia Louvel, “Afraid of women”, explique à quel point il est insupportable pour les extrémistes de l’Etat islamique d’être combattus par des femmes. Ils préfèrent fuir qu’être tués par des femmes. »

« Afraid of women », Olivia Louvel :

« Personnellement, c’est l’angle de la révolution démocratique et paritaire qui a guidé le choix des samples que j’ai utilisés. On y entend Zeynep Kurban, Dilar Dirik, Zaher Baher, Havin Guneser et Memed Aksoi évoquer cette réalité complexe. »

« La compilation compte douze contributions. Elle est distribuée sur bandcamp et les fonds sont reversés au projet de la Fondation des Femmes Libres du Rojava, “A village for Women”, qui entend construire un lieu où les femmes puissent vivre en sécurité et participer à la construction d’un nouveau modèle de société.


Empty Taxi, Angie Balata, AGF, Annie Goh, Leyla Boran, Ipek Ipekçioglu, Leyla Ahmed lors de la conférence au CTM 2016. © DR

« Elle est aussi un moyen de faire entendre la voix de ces femmes du Rojava, qui se sont exprimées en direct lors d’une conférence que nous avons organisée en décembre 2015 à Berlin, pour lancer la campagne “Music, Awareness & Solidarity for #Rojava”. J’avais réuni au Club Transmediale des membres du collectif et des activistes kurdes. Sky Deep, musicienne d’origine new-yorkaise y a présenté sa collaboration avec l’artiste activiste Hevî qui réfléchit au rôle de l’art dans cette révolution. Étaient aussi présentes Ipek Ipekcioglu, et Annie Goh, artiste et chercheuse dans les champs du son et du genre dans les médias électroniques. »


Les affiches réalisées par Marine Drouan pour la campagne. © DR

« C’est un projet ouvert : le logo a été réalisé par Alessandra Leone, la série de posters par Marine Drouan et une page dédiée au projet est disponible sur le site de female:pressure.

« Nous aurions aimé avoir des contributions d’artistes du Rojava mais nous manquions de temps pour établir des contacts et aller les rencontrer. C’est l’une des options pour développer cette campagne. »

Music, Awareness & Solidarity w/ Rojava Revolution, la compil female:pressure :

Sarah Taurinya 

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