Villette sonique, 6e édition du festival parisien, du 27/05 au 01/06, Grande Halle de la Villette, Cabaret sauvage, Cité de la musique, dans le parc..., Paris 19e.

Quatre places à gagner pour la soirée de clôture, le 1er/06 au Cabaret sauvage (23h-6h30), avec Matias Aguayo, Appleblim, Pilooski et Rebolledo. Les premiers mails envoyés à info@poptronics.fr l’emportent !

Programmation complète sur villettesonique.com.

Mariant comme personne l’électronique, le rock expérimental, le shoegaze et la techno, Suuns est l’un des (45) groupes à voir à Villette sonique, sixième édition (29/05, pelouse, gratuit, 16h). © DR
< 26'05'11 >
Villette sonique 2011, pop’guide de survie

On se frotte les mains : sur le papier, la sixième édition de Villette sonique est absolument parfaite. Le festival, qui lance traditionnellement la saison à Paris, propose pas moins de 45 concerts du 27/05 au 01/06, des soirées jusqu’au bout de la nuit, des scènes l’après-midi au parc (gratuites) et même des activités enfants… Et comme il y a une sorte d’écho entre la musique défendue ici et ce festival qui navigue entre toutes les sphères expérimentales, Poptronics, mettant de côté le branché faisandé (la clique Ed Banger, les marges du métal), vous dirige vers les artistes qui nous parlent (et vous offrent quatre places pour la soirée de clôture le 1/06).

Parcours Poptronics-like

A tout seigneur tout honneur (c’est pour l’heure le seul concert déjà complet), saluons le retour d’Animal Collective (Grande Halle, 27/05), soit l’un des groupes les plus importants du nouveau siècle. 2011 était déjà marqué par les magnifiques albums solos d’Avey Tare et Panda Bear qui, chacun à sa façon, revisitaient et précisaient l’univers du groupe, entre psychédélisme sous reverb et expérimental cliquetant.

La bonne nouvelle, c’est que Deakin, qui avait mis Animal Collective entre parenthèses depuis bientôt cinq ans, sera de la partie. Un concert de retrouvailles donc (les rares images qui circulent en ligne laissent augurer quelques surprises) où le groupe a choisi, à son habitude, de chercher live le chemin d’un nouvel album. Pour mémoire, un extrait de « Merriweather Post-Pavilion », leur dernier album en date.

Animal Collective - « Bluish », réal. Jason Oliver Goodman (2010) :

Ircam meets the beats ! A la même affiche, Discodeine annonce la couleur sur le site du festival : « L’idée n’est pas de proposer un “concert-performance” sérieux ou prétentieux mais plutôt d’essayer de trouver le psychédélisme là où l’on n’a pas forcément l’habitude de le chercher. » Une excellente définition de ce projet conçu spécialement pour le festival : la paire Pilooski-Morando s’associe à Thomas Bloch, compositeur et spécialiste d’instruments rares (glassharmonica, ondes Martenot, cristal Baschet) et tourne autour du fantasme d’une musique de recherche qui ne refuserait pas le dancefloor.

Steve Goodman, tatoué à vie par les basses profondes et les expérimentations du dub des origines et les secousses de la drum’n’bass, ne cesse de creuser le sillon dubstep avec intelligence et obstination. Sous l’entité Kode9, cet Ecossais en exil produit des chefs-d’œuvre de noirceur, dont le récent « Black Sun », sublime album-concept qui réunit claustrophobie et rythmes dansants dans un même souffle. Grâce à son label Hyperdub, il a permis à un Burial d’exploser dans les charts, sans arrêter pour autant ses activités de chercheur en philosophie. C’est accompagné par le MC Spaceape qu’il sera en concert gratuit (28/05, après-midi, parc).

Autres artistes amis de Poptronics à ne pas rater, même si on les croise souvent sur les scènes parisiennes : le zébulon Caribou, à la fois en live et en DJ-set (28/05, après-midi, gratuit), la grande figure de la musique expérimentale américaine Glenn Branca (28/05, 19h30, Grande Halle) ou encore le Chilien à l’électronique sensuellement latina Matias Aguayo (01/06, Cabaret sauvage, à partir de 23h), qui vient de donner un tube à Battles.

Battles (feat. Matias Aguayo) - « Ice Cream », réal. Canada (2011) :

Parcours (re)découvertes

On vous en parlait dès février : les Canadiens Suuns sont la grande découverte de ces derniers mois. Mêlant avant-garde rock et expérimentations électroniques têtues, white noise et quasi pop, ils ont sorti un premier album coup de poing l’année dernière, « Zeroes QC », qui prend toute sa mesure sur scène (comme cet hiver à la Route du rock), à la fois ardu, hardi et irrésistiblement dansant. A ne pas rater dimanche sur les pelouses (29/05, gratuit).

Suuns - « Pie IX », réal. Frédérique Bérubé (2011) :

La musique de Bamaar Salmou (surnommé « Doueh ») est un mélange brut de guitare, de poussière et de souffle du désert. Originaire du déchiré Sahara occidental, il s’inspire autant de Jimi Hendrix que du musicien mauritanien Yassin Oueld Enana ou pourquoi pas du funk le plus chaloupé. Maniant guitares électrique et saharienne (la tinidit) et accompagné d’une troupe débordant d’énergie (Group Doueh, donc) qui a captivé les traqueurs de sons de Sublime Frequencies (et aussi Animal Collective, qui l’a invité sur sa tournée européenne), sa musique tressaute, envoûte, dépayse, enthousiasme (28/05, parc, gratuit).

Group Doueh, en concert de 2009 :

Le même soir, on sera bien inspiré de découvrir le rare Rebolledo, drôle de Mexicain signé par Aguayo sur son label Comeme. Rythmiques sourdes et écrasées, paroles absurdes, ce drôle de zigue devrait bientôt sortir son premier album. Difficile de ne pas penser à un correspondant sud-américain de Koudlam pour cet art des grands espaces stoppés nets par les barres de HLM, et un goût revendiqué pour la torture de synthétiseurs volés aux Puces.

Rebolledo - « Guerrero », coréal. Julia Kasprzak, Gary Pimiento et Mauricio Rebolledo (2009) :

Le 1er juin, soirée spéciale incunables à la Cité de la musique : après le concert des revenants Comus (folk expé ou « progressif » jamais vraiment remis des années 70, à vous de juger…) David Tibet et sa bande, soit Current 93 au complet, viendra piocher dans son immense répertoire pour offrir son premier concert français depuis vingt ans. Current 93 est ce groupe, unique en son (sous-)genre, qui fit le pont entre folk et new-wave au début des années 80. Passant volontiers de climats post-apocalyptiques à la limite de l’indus (avec force nappes de claviers) à une épure toute folk, David Tibet est un curieux personnage, à vrai dire pas très avenant, mais qui a su s’attirer au fil des années le soutien de Nick Cave, Death In June, Will Oldham ou Björk…

Si vous ne devez voir qu’un groupe de « rock » français cette année, choisissez Cheveu (31/05, Grande Halle, 19h). En plein virage synthétique, c’est l’un des rares à proposer une musique réellement de son époque, sortie des carcans revivalistes. L’un des rares aussi à exister hors des frontières : de Berlin à New York, on se repasse « 1000 », le deuxième album (nervé de cordes !) de ces Parisiens d’adoption, paru chez Born Bad. A tel point que le grand manitou des tendances, Pitchfork, s’est même fendu d’un éloge. A la même affiche, on vous recommande aussi OoioO, le groupe de Yoshimi des Boredoms (et de Free Kitten). Des Japonaises versées dans la polyrythmie et l’excentricité bruyante la plus libre qui soit.

Cheveu - « No Birds » (2010) :

A noter également en ouverture d’Animal Collective, le concert d’Emeralds, groupe américain du genre discret mais prolifique, révéré par les amateurs de rock planant (une esthétique qui flirte désormais avec le revival psyché). Comme du Tangerine Dream fouetté par une puissance électronique d’aujourd’hui, pas éloignée au fond du rock de synthèse crissant de Fuck Buttons.

Parcours à vos risques et périls

Villette Sonique a toujours aimé sortir quelques vieux de la vieille du formol. A ses/nos risques et périls : on se souvient de la cata Devo (ou de Diamanda Galas l’année dernière), mais aussi du premier concert français des cultissimes Nurse With Wound. Cette année, le ronchon Mark E. Smith s’y colle avec The Fall (31/05, Grande Halle, 19h), groupe de rock anglais antédiluvien, qu’on a vu à son meilleur comme totalement largué… Autre grande figure sur le retour, les Américains Half Japanese (28/05, Grande Halle, 19h30), pratiquant un rock non conventionnel et décalé. Mené par l’histrion prolifique Jad Fair (qui vient de sortir deux très beaux disques) et son frère David, Half Japanese, né il y a trente-cinq ans dans l’effervescence punk, demeure un groupe hors format, qui revendique une pratique expérimentale (Jad Fair se refuse à apprendre tout accord de guitare). Seul sur sa planète !

Ducktails (30/05, Géode, 20h) est le projet solo de Matt Mondanile, le guitariste agile de Real Estate (pop pysché du New Jersey). Fan des années surf et rock’nroll, il tapisse ses chansonnettes perso et DIY de sonorités délicatement languides, qui donnent des envies de plages et de nonchalance. Ce proche de Panda Bear (qui, bon camarade, donne de la voix sur l’imparable « Killing the Vibe ») pratique une sorte de pop expérimentale dans laquelle il fait bon s’enrouler, entre improvisations dronesques et ombres à la Beach Boys.

Ducktails - « Killing the Vibe », live (2010) :

Enfin, si vraiment vous aimez les surprises, allez écouter Thurston Moore (28/05, Grande Halle, 19h30). Le guitariste de Sonic Youth revient en solo, trois ans après la merveille « Tree Outsides The Academy ». « Demolished Thoughts », son nouvel essai folk qui n’est pas à la hauteur du précédent, se perd dans les cordes et les plans qu’on jurerait avoir déjà entendus chez Sonic Youth. La production de Beck n’est peut-être pas pour rien dans ce résultat en demi-teinte. N’empêche, il s’agit d’un des personnages les plus importants des trente dernières années, laissons-lui donc le bénéfice du doute !

Thurston Moore - « Ono Soul » (1995) :

benoît hické et matthieu recarte 

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