« Futurity Now ! », Transmediale 2010, festival des nouveaux médias, du 2 au 7 février, 10, allée John-Foster-Dulles, Berlin, Allemagne. En partenariat avec Arte.tv, qui retransmet quotidiennement sur un blog dédié l’actualité du festival.
"Coincidence Engines", installation métronomique du duo canadien The User, nominé pour le grand prix Transmediale, le festival nouveaux médias qui a ouvert ses portes hier à Berlin. © [The User]
< 03'02'10 >
Transmediale sonne les cloches d’un futur conjugué au présent

(Berlin, envoyée spéciale)

C’est sans trompettes mais avec cloches qu’a été lancée hier Transmediale 2010. En l’occurrence les 68 cloches du Carillin du Tiergarten, à deux pas de la Maison des cultures du monde qui accueille le festival berlinois des nouveaux médias jusqu’au 7 février. Les cloches étant l’unité séculaire du passage du temps, ce sont logiquement les « Tintinnabulations for tomorrow and tomorrow » de Charlemagne Palestine qui donnent le « la » de la thématique 2010 de Transmediale : le futur, avec ce slogan, « Futurity Now ! », qui sonne singulièrement positivement...

C’est que, pour échapper à la crise et aux tourbillons de neige qui s’abattent sur Berlin, Transmediale a décidé d’interroger l’avenir. Puisque 2010, c’est certes notre présent, mais c’est aussi une de ces dates mythiques du XXe siècle qui représentait le futur du passé. Pour l’auteur de SF William Gibson, il n’est plus possible de prédire le futur. Lui préfère travailler sur le concept de « speculative presentism », une approche spéculative du passé à travers le filtre du présent. Transmediale prend donc parti pour le concept de « futurity », une terminologie désuète pour dire l’avenir. Le festival aborde ces futurs jamais actualisés, au-delà des utopies et dystopies de la science-fiction et des futurologues, mais s’intéresse également aux systèmes artistiques, technologiques, économiques, culturels, politiques à l’œuvre pour construire demain.

Au-delà d’une vision binaire avenir radieux/ruine du monde, le traditionnel mélange d’artistes, chercheurs et scientifiques invités à Berlin se coltine donc cette thématique à travers un long cycle de conférences (la plupart streamées en direct), où l’on retrouvera l’écrivain futurologue Bruce Sterling ou l’entrepreneur Conrad Wolfram et son projet « Wolfram, un moteur de questions où les réponses sont calculées par le logiciel.

A cette thématique principale s’ajoute l’exploration des formes contemporaines du travail : la créativité comme valeur capitaliste, le logiciel libre transposé du champ de l’informatique à celui de l’organisation du travail, la production et la rémunération des informations disséminées par les réseaux... Le Salon de Transmediale propose une série de rencontres, ateliers, ainsi que des projets d’artistes. L’occasion de récupérer une « carte Globale-Afro » (« plus fort que l’euro, toute la richesse d’Afrique là où vous le voulez ») avec le laboratoire Debernilisation ou de remplir son navigateur Firefox des projets d’artistes rassemblés sur Artzilla (« all your browsers are belong to us »).

En lieu et place du traditionnel catalogue recueil de textes critiques, le livre « Collaborative Futures » a été composé en collaboration avec les manuels FLOSS (http://en.flossmanuals.net/). Soit un « book sprint », sorte de marathon d’écriture basé sur les FLOSS, ces logiciels libres et open source, qui a réuni cinq auteurs et un facilitateur (Adam Hyde de FLOSS Manuals) pendant 5 jours, du 17 au 23 janvier, sur le futur de la collaboration. En toute logique, « Collaborative Futures » peut se lire en ligne ou être téléchargé gracieusement, sous licence libre,.

Mais il n’y a pas ça à Transmediale, qui accueille également l’exposition Futura Obscura, conçue par l’artiste commissaire néo-zélandaise Honor Harger. Elle présente des œuvres qui mêlent le concept de « futurity » à la production d’images selon des modes qui leur sont propres. C’est l’occasion de découvrir les dernières créations de Julien Maire, « The inverted cone », auteur de quelques fameuses performances autour du cinéma, ou de Julius Von Bismarck, « The Space Beyond Me » (qui avait fait sensation avec son « Perpetual storytelling apparatus » à l’Ars Electronica 2009. Ou encore la dernière installation des User, les deux Canadiens qui font chanter les silos ou les imprimantes matricielles, « Coincidence Engines » (qui concoure pour le prix Transmediale 2010). On en reparle très vite, tout comme des performances, avec notamment le volet Club Transmediale.

anne laforet 

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