Suite à la signature d’un accord sur l’offre culturelle sur Internet et la lutte contre le piratage vendredi dernier dans le cadre de la mission Olivennes, passage en revue des réactions du Net.
Vendredi 23/11, signature de « l’accord en faveur du développement des oeuvres culturelles dans les nouveaux réseaux de communication », en présence du président Sarkozy, des ministres de la Culture et de l’Economie et de Denis Olivennes. © DR
< 26'11'07 >
Sarkozy, le pire tout pire

Et voilà revenu le temps du « Far-West hi-tech », des grands méchants pirates du Net, des téléchargeurs qui mettent à sac et à bas l’industrie du disque, et des chanteurs (Bruel en tête, ce matin sur France Inter, mais qu’on lui casse la voix pour de bon …) et auteurs spoliés par les vandales du Net. On l’avait prédit, annoncé, supputé, la mission Olivennes, du nom du pdg de la Fnac (tout à fait impartial dans le débat sur le téléchargement, donc), au gouvernement, rendu en grande pompe vendredi à l’Elysée, est un « succès », au moins médiatique.

Où l’on reparle de risposte graduée plutôt que de répression à la Davdsi, du nom de la loi précédente, quasi inapplicable, qui passe à la trappe. Lui sont préférées un paquet de mesures dont on nous explique qu’elles ne sont pas suffisamment conséquentes pour justifier un texte de loi à part (ben voyons, le cauchemar de la révolte des députés anti-loi Davdsi est encore présent dans les esprits). Les téléchargeurs seraient donc privés d’Internet par leurs fournisseurs d’accès, après plusieurs avertos. Et une autorité indépendante (notez la contradiction d’un gouvernement qui veut sans cesse réformer l’Etat et ses administrations, en comprimant les coûts et le personnel, et qui envisage une nouvelle usine à gaz anti-téléchargements) chargée de faire la police.

Sauf que les internautes, qui n’étaient pas conviés à la table des négos, peuvent rire sous cape, ou juger, comme le fait l’UFC-Que Choisir que l’application de cette mesure fleure l’arbitraire, ou, à tout le moins, relève d’une « grande malhonnêteté intellectuelle », comme le disait Julien Dourgnon (UFC-Que Choisir) dès l’annonce des premières mesures . Qui pourra certifier qu’un internaute utilisant massivement le P2P ne télécharge que des fichiers illégaux ? Sur les réseaux de pair à pair, on peut constater l’échange de données, les flux, mais les fichiers qu’on échange de disque dur à disque dur ne sont pas tous illégaux, loin s’en faut… Les contrevenants qui seraient déconnectés le seront-ils aussi en cas de contrat groupé (Internet, téléphonie, télévision), formule qui se généralise ces temps-ci ? Et puis, le système répressif fait fi de la faisabilité technique de la répression : les systèmes alternatifs au P2P commencent déjà à se mettre en place.

Sur le Net, pas de vaste levée de boucliers, comme si ces agitations n’intéressaient pas plus que ça. Versac note le retour du netbashing (comment dégommer l’Internet en trois mots qui tuent, à l’instar de Sarkozy, parlant de « trou noir » capable « d’engloutir » toute la richesse de la création…). Le site Ratiatium relève également le retour à une terminologie qu’on pensait dépassée, comme cette mention du piratage façon « vol à l’étalage » avant de lister les signataires de cet accord, qui fait l’impasse sur les internautes et les associations de consommateurs, mais, fait plus étrange, ne comporte pas non plus les signatures de Google ou Dailymotion. On ne saurait trop conseiller le décorticage attentif du rapport par le même Ratiatium ce matin.

Quant aux réactions des internautes, il suffit de lire leurs commentaires indignés ou moqueurs pour constater que les défenseurs des filières de l’industrie musicale et vidéo ont encore du pain sur la planche avant de faire passer leur message. « Tous voleurs, et fiers de l’être », disent en substance les internautes et c’est l’esprit Robin des bois qui gagne encore du terrain. En guise d’illustration, cette petite séquence des imparables South Park (après tout, les droits d’auteur ne sont pas en soi un problème, ce qui l’est davantage, c’est que seuls les plus gros vendeurs en bénéficient et qu’une large majorité d’auteurs, compositeurs, interprètes ne touchent rien pour leur création…).

A lire en version PDF, le rapport de la mission Olivennes :

PDF - 67.6 ko
annick rivoire 

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écrit le < 28'11'07 >
Olivennes invité demain matin (29 nov) sur France Culture