Revue de sites et vidéos pour l’anniversaire de la mort d’Ernesto Che Guevara.
Le "béret Che Guevara", vendu en ligne, comme tout un tas d’objets renforçant le culte du Che. © DR
< 09'10'07 >
Pop’surf, el cyberChe achalandé

Récup’ et mauvais goût à tous les étages pour le 40ème anniversaire de la mort du Che. C’est peu de dire qu’Ernesto Guevara est passé de la figure révolutionnaire au mythe. Sur le Net, ce tamtam universel qui grossit et déforme la réalité, ça confine au culte de la personnalité. Discours, chansons, extraits vidéo, photos sous toutes les coutures, tout y passe. Et l’anathème n’est jamais loin pour critiquer les impérialistes d’un côté et les archéo-révolutionnaires de l’autre, comme le rappelle « le Monde » en revenant sur les « dix controverses sur Che Guevara », de sa date de naissance à la nature de sa relation à Fidel Castro.

Poptronics a choisi une voie détournée pour revenir sur l’événement, de liens en vidéos. On n’a rien contre les chants révolutionnaires, mais une seule version de « Commandante Che Guevara » suffira… De même, on zappera d’office la chanteuse corse qui se met en scène devant la dépouille du Che.

Petit tour du Net cheguévarisé

Commencer par les extraits que l’Institut national de l’audiovisuel (Ina) a eu la bonne idée de réunir en dossier, Che, tout un mythe, avec séquences sur le « Che à Cuba », « la fête des écoles pour le Che », et des documents originaux type « Cuba : après la mort du Che », un reportage de « Cinq colonnes à la Une » datant de 1967 (au temps où la télévision était publique et noir et blanc) ou l’extrait du JT annonçant la mort de Korda, le photographe de la tête du Che avec sa casquette, « la plus reproduite du siècle mais aussi de toute l’histoire de la photographie ».

D’ailleurs, côté photos, le quotidien « 20 minutes » en a fait un diaporama qui sans fioritures démontre l’extrême culte de la personnalité qui accompagne la figure romantique du Che. Un culte dont on peut se rendre compte, au hasard des centaines de vidéo-montages d’internautes lambda postés sur les Youtube et Dailymotion à la gloire du combattant, avec cette séquence qui mélange icônes, graffitis, chansons et photos :

Car la récup’ est en marche, à défaut de la Révolution.

La preuve avec le site sans aucun complexe Che lives (le Che est vivant), un « projet gauchiste dédicacé à la mémoire du communiste révolutionnaire » qui vend tout l’arsenal de promo cheguévariste (posters, tee-shirts, bérets, mais aussi discours et articles du Che).

Côté musique, on peut toujours se prendre pour un révolutionnaire en chambre et gratouiller la partition de la version de Buena Vista Social Club, « Hasta siempre (commandante Che Guevara) » ou l’écouter sur le site de ressources marxistes, qui répertorie vingt chansons autour du Che.

Une rareté cubaine (du rap coco !), les Chicos Nuevos et leur « Che Guevara Rap Cubano » (exotique, mais mauvais) :

Sous la vidéo, il faut aviser le commentaire rageur, « ya callate la boca, comunistaa ! » (ferme ta gueule, communiste), représentatif de la qualité des échanges au sujet du Che sur le Net...

La figure révolutionnaire n’a pas fait qu’influencer la musique cubaine : les Rage Against the Machine avaient carrément collé la photo de Korda sur leurs tee-shirts, et conduit ainsi une armée de teenagers américains avec effigie communiste sur le bide... Souvenez-vous « Bombtrack » :

Mais les vrais enragés sont plutôt du côté des punks, et par chez nous, les Béruriers Noirs, dont le « Salut à toi » déplie sa litanie de nationalités oppressées (le Cambodgien, le Coréen,....) avant de saluer le Che.

Au final, que reste-t-il du Che ? Son béret, c’est sûr (de 51 000 références sur Google à 151 000 sur Yahoo pour la requête "béret Che Guevara")...

annick rivoire 

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