Pop’clip incunable : MC5 live en studio télé, quintessence rock.
Rob Tyner, Fred « Sonic » Smith, Wayne Kramer, Dennis Thompson, Michael Davis, les 5 de Detroit. © DR
< 09'04'08 >
Pop’clip, rock=MC5

« Kick Out The Jams » aurait dû être le brûlot d’une génération entière. Il ne le fut que partiellement, mais a enflammé toutes les suivantes. La version présentée ici est celle d’un des derniers shows télé du MC5 en 1972, mais on pourra en trouver ici, et , et encore , notamment à la télé française pour le quatrième numéro de l’émission « Rock en Stock » en 1971. Alors pourquoi celle-là ? Ils sont vieillissants, d’ordinaire ça sent la fin et la chose est pathétique. Ici, pas du tout. Un vrai chant du cygne. Rob Tyner, coupe afro certifiée d’époque, feule comme un crooner soul trempé dans le métal. Les riffs cinglants du guitariste Wayne Kramer fendent toutes les conventions, même s’ils s’appuient sur un solide héritage blues-rock, tandis qu’une incandescente rythmique perdure, tribale jusqu’à l’hypnose. Tout le MC5 est là… D’ailleurs le MC5, c’est tout le rock.



« Kick Out The Jams » est bien l’un des plus gros anthems jamais crié dans un micro, genres et générations confondus. Repris maintes fois, annonciateur du punk une décennie avant l’heure, il apparaît sur un premier album éponyme, qui révèlent à la fois un patronyme, un logotype et un acronyme : Motor City 5. Autrement dit, les 5 de Detroit. Le disque est enregistré au Grande Ballroom de la ville en octobre 1968. Personne n’avait encore sorti un album live en début de carrière. C’est un choc. Le disque est dans le top 30 du Billboard en 1969, sans aucune promotion ou presque et contre même la censure exercée par la chaîne de distribution Hudson, qui refusait de le vendre en vertu de sa scandaleuse harangue d’ouverture : « Kick Out The Jams, Motherf*ckers ! ». Pour le second pressage, la maison de disques Elektra remplace le tendancieux message par « Kick Out The Jams, Brothers and Sisters ! »…

MC5 adouci ? Que nenni. Avec trois albums officiels seulement, ils n’avaient d’égal que leurs frères d’armes du quartier Amboy de Detroit, les Stooges et leur chanteur iguane, pas encore Iggy Pop. L’importance du MC5 est inversement proportionnelle à leur durée de vie. Ils font leur dernier concert le jour de l’an 1972, là-même où ils enregistrèrent leur premier album… Salle vide ! Ils cachetonnent cette ultime fois pour 500 dollars !

La gloire éternelle vient après. C’était du rock dur qui n’avait pas encore de nom et surtout pas celui de « hard rock » comme il s’est dit dans un timide euphémisme aux senteurs de pétard mouillé. Un truc tellement venimeux, écrivait le rock critic Lester Bangs (non sans les avoir largement éreintés à leurs débuts), qu’avec une seule note des MC5, on pouvait assassiner tout Jethro Tull … On ne peut mieux dire. Même mort, le MC5 tue encore.

jean-philippe renoult 

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