Warp20, le label Warp Records fête ses vingt ans à la Cité de la musique les 8 et 9/05 (complet le 9/05), à partir de 21h, 40 €.
Un concentré de vingt ans de productions Warp, ce week-end à Paris, avant New York, Sheffield, Londres, Berlin et Tokyo. © DR
< 08'05'09 >
Le monde selon Warp

Warp Records, le nom fait toujours résonner les oreilles des adeptes du grand large. Certes, Sheffield, cité industrielle décatie du nord de l’Angleterre, n’est pas vraiment le Pérou, mais c’est dans les cliquetis des machines que sont nées les plus grandes révolutions musicales et esthétiques. Tout comme son aînée Detroit « Motor City », avec sa résistance souterraine, qui a inventé la techno, Sheffield a subi les effets de la désindustrialisation, poussant ses kids à danser pour oublier la crise. Thatchérisme répressif, premiers hymnes acid-house et raves sauvages constituaient de toute façon un terreau fertile. C’est en 1987, que Steve Beckett et Rob Mitchell créent une boutique de disques dans un hangar à l’abandon, qui devient le lieu de rendez-vous obligé des mômes de la ville. L’aventure se transforme en label en 1989 et, de rencontres en hasards heureux, l’aventure musicale insensée génère une techno mentale proche de l’abstraction et de la musique savante, sans jamais s’échapper des formats pop.

La suite est connue : Warp publie les premiers efforts de LFO, Nightmares On Wax, Squarepusher, Plaid (anciens Black Dog), Boards Of Canada et Autechre, relance le jeune prodige de l’ambient Richard D. James, qui torpille dès lors la drum’n’bass à sa manière, totalement vrillée. Au fil des années, le label se diversifie, soucieux d’inventer son époque et non de la suivre. S’ensuivront la première révolution à guitares, au début des années 2000, avec Battles,  !!! , Gravenhurst puis une seconde, plus insaisissable, qui croise un hip-hop bordélique et une électro logiquement concassée : Rustie, Hudson Mohawke ou Flying Lotus. Sans oublier l’inclassable Tim Exile ou le nouvel Eldorado africain (Dj Mujava) et l’Amérique des hautes plaines (Grizzly Bear).

Vingt ans après, donc, Warp fête royalement son anniversaire en 2009 par une tournée mondiale et un impressionnant plateau, de Paris ce soir et demain à New York, Sheffield, Londres, Berlin et Tokyo. C’est à la Cité de la musique que croiseront le fer toutes les générations Warp. Hormis les retours d’Aphex Twin (on nous promet un live A/V agrémenté d’un son surround) et Seefeel, on reverra les sautillants !!!, la chipie Leila, les cérébraux Pivot ou encore Clark et son univers anxiogène. Au menu également, une sélection Warp Films, le petit frère du label, fondé en 2002. Poptronics, en guise de cadeau d’anniversaire, a concocté un tour d’horizon de l’univers Warp en cinq clips pivots.

Hudson Mohawke est l’élément moteur de la nouvelle scène électro/hip-hop de Glasgow, aux côtés de Rustie. Son premier EP, « Polyfolk Dance », paru en début d’année, est un condensé du genre, qui fait parfois songer aux merveilleux bricolages des précurseurs Avalanches.

Hudson Mohawke - « Polkadot Blues » (2009) :



Reformée spécialement pour ce week-end parisien, la comète Seefeel est à redécouvrir. En quatre petites années (1992-1996), ces Londoniens ont été une sorte de trait d’union entre le shoegazing tel qu’expérimenté par My Bloody Valentine et l’ambient techno que pratiquait alors Aphex Twin. Riche de textures, la musique de Seefeel annonce déjà Boards Of Canada, avec ses bleeps discrets et ses nappes enveloppantes. Trois albums (dont « Succour » en 1995) et une poignée d’EPs déterminants ont fait de ce groupe rock passé avec armes et bagages à l’électronique un des totems de la deuxième génération shoegazing (M83, Maps…).

Seefeel - « Fracture » (1994) :


La paire Aphex Twin/Chris Cunningham fit beaucoup jaser il y a dix ans avec les deux clips « Come to Daddy » et « Windowlicker », il est vrai plutôt perturbants. En 2005, rebelote : le cerveau tordu de Cunningham invente une étrange créature domestique, qui s’agite sous les coups de butoir d’un Aphex en grande forme. Un court métrage bizarro certifié « pas vu à la télé ».

Aphex Twin - « Rubber Johnny » (2005), réal. Chris Cunningham :



En 2003, Warp publie « Empty The Bones Of You », le premier album de Chris Clark, un jeune homme biberonné aux productions d’Aphex Twin et Squarepusher mais qui parvient à y injecter son propre univers, très personnel et flippé, comme un brouillard mécanique qui fait forte impression en live. Avec lui, la post-techno fait un grand bond en avant et évolue en un puzzle très perturbant. En 2006, il devient Clark et creuse ses obsessions pour le hip-hop et la science-fiction dans « Body Riddle » puis « Turning Dragons » (2008), avant de commettre avec le récent EP « Grows Gardens » le nouveau « Come To Daddy ». L’avenir lui appartient.

Clark - « Ted » (2006) :


En signant  !!! (« tchik tchik tchik ») en 2004, trois ans après un premier album passé inaperçu, Warp fait entrer dans son écurie le cheval le plus fou des années 00. A l’époque, ça fait huit ans que cette clique de huit musiciens dépareillés écume les scènes avec un projet qui fera bien des émules : marier l’hédonisme disco à la puissance rock, la force du bruit blanc aux divagations krautrock. Les deux albums parus sur le label de Sheffield (« Louden Up Now », 2004, et « Myth Takes », 2007) ne rendent qu’imparfaitement compte de la formidable énergie de  !!! qui explose littéralement sur scène. Mené par le zébulon Nic Offer, l’un des performers les plus attaqués de ces dernières années, !!! est imparable, qui a converti plus d’un rocker coincé dans sa veste de cuir aux dancefloors et autres boules à facettes. Rien que d’en parler, on a les jambes qui trépignent.

 !!! - « Hearts Of Heart » (2007) :
benoît hické et matthieu recarte 

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