Interview de Pascal Bouaziz, programmateur de la 7e édition du festival BBMix, au Carré Belle-Feuille, Boulogne-Billancourt, du 21 au 23/10, entrée 10,50€ chaque soir.
Poptronics, partenaire du festival, vous offre 2x2 places pour chaque soirée (claviers le vendredi, pop le samedi, psyché le dimanche). Premiers à réagir, premiers servis : un gentil (et rapide donc) mail à info@poptronics.fr] !
La « Strange Boutique » de Monochrome Set, réactivée trente ans après : le groupe oublié du post-punk anglais est à voir le 22/10 à BBMix. © DR
< 19'10'11 >
« BBMix ose les groupes cultes d’hier, d’aujourd’hui et de demain »

Déjà le septième BBMix ce week-end, le festival du bout de la ligne 9, à Boulogne-Billancourt, qu’on défend depuis longtemps chez Poptronics. Sa programmation audacieuse ne cède pas aux effets de mode, rebat les cartes des revivals en tous genres en offrant des retrouvailles souvent sublimes (Young Marble Giants, Swans…) avec des vieux de la vieille oubliés dans l’immense essoreuse à nouveauté qu’est devenue « l’industrie » du concert et des festivals. BBMix défend sa ligne perso (du krautrock au drone, en passant par la pop psychédélique et le rock expérimental), qui l’impose d’année en année comme un espace de (re)découvertes.

Pour preuve, de vendredi à dimanche, le Carré Belle-Feuille accueillera des groupes qui « buzzent » (le duo space rock Zombi, les Canadiens néo-pop The Luyas), des créations (le projet de Richard Pinhas et Etienne Jaumet), des formations cultes (Silver Apples, Bardo Pond, Monochrome Set…), du jazz sous influence éthiopienne (Arat Kilo) ou encore du drone suédois (The Skull Defekts).

Bardo Pond - « Dragonfly » (live, 2010) :

Poptronics, partenaire de cette édition (on vous fait d’ailleurs gagner des places, regardez donc sur la colonne de gauche !), est allé demander comment tout ça marche à l’un des trois co-programmateurs, Pascal Bouaziz.

Comment est né BBMix, et qu’est-ce qui le différencie d’autres propositions en région parisienne ?
A l’origine, BBMix a été créé pour accompagner la création d’une salle de concerts sur Boulogne-Billancourt. La création de la salle a été reportée, BBMix, lui, est resté. Et ce qui le différencie, c’est sa convivialité. Son originalité. Son prix. A peu près tout en fait !

La philosophie de BBMix ?
BBMix, le festival des happy few, de plus en plus nombreux.

C’est qui, BBMix ?
BBMix, c’est à l’année un service de la ville de Boulogne avec des missions locales d’accompagnement des musiciens amateurs. Trois jours par an, c’est un festival, et le festival c’est Marie-Pierre Bonniol (Julie Tippex), Jean-Sébastien Nicolet (Point éphémère, Mofo, Imperial) et moi (Mendelson, BBMix). Trois programmateurs, trois regards pour trois fois plus d’idées...

Quelle est votre économie ?
BBMix est un festival entièrement organisé et financé par la mairie de Boulogne-Billancourt. C’est un petit festival (trois jours), qui se passe dans une petite salle de 600 places, avec un budget dix fois moins important que ses concurrents parisiens. Petit festival avec un public de grand talent, régulier maintenant depuis sept ans.

Depuis le début, BBMix partage son affiche entre découvertes et artistes cultes souvent oubliés (Young Marble Giants, Swans, Raincoats, ou cette année Bardo Pond et Silver Apples). Ce balancement, c’est pour lutter contre l’air du temps, éviter de tomber dans les effets de mode, faire œuvre... pédagogique !?
Programmer la même chose que tout le monde partout en banlieue n’est pas très enthousiasmant en soi. Si on voulait réussir et faire de BBMix un événement reconnu et attendu, Marie-Pierre Bonniol, qui a lancé le festival, s’est dit qu’il fallait au moins être original dans la proposition. Après, ce balancement entre groupes cultes d’hier, groupes cultes d’aujourd’hui et groupes cultes de demain nous semble à nous bien naturel et refléter le plus largement nos goûts. Et oui pourquoi pas, sans parler de pédagogie, mais faire découvrir des groupes que l’on aime à d’autres gens est un grand plaisir en soi.

Zombi - « Surface To Air », live à Chicago (2007) :


La création de Richard Pinhas et Etienne Jaumet, BBMix l’a-t-elle suscitée ?
Non, mais on est très heureux d’accueillir leur première date « parisienne ». C’est une création d’un duo improbable, entre le savant fou de Zombie Zombie, et le guitar antihero, Richard Pinhas, activiste, créateur hors normes, depuis les années 70, inventeur lui aussi d’une autre manière de faire de la musique (on en parle pas mal ici sur Poptronics, ndlr).

Quel artiste attends-tu le plus cette année ?
The Monochrome Set, un vieil amour d’adolescent, qui devait déjà venir l’année dernière, l’attente est donc démultipliée ! Mais le moment que j’attends avec le plus d’impatience pour m’asseoir en salle (le Carré Belle-Feuille, où se déroule le festival, est un auditorium : on assiste aux concerts assis, ndlr), c’est Bardo Pond. D’abord parce que ce sera le dernier de ces trois jours intenses, que j’adore ce groupe, et qu’il paraît qu’ils sont incroyables en live.

Et quel est celui que vous êtes le plus fier d’avoir programmé ?
Young Marble Giants, le moment le plus émouvant pour moi en tout cas : quand le bassiste s’est branché, a joué trois notes, et que mes 17 ans me sont revenus en pleine poire. BBMix avait inventé la machine à remonter le temps.

Des regrets ?
Ween (immense groupe américain inclassable, rarissime sur les scènes françaises, dont on vous a déjà longuement parlé, ndlr), qu’on essaie sans succès de faire venir tous les ans.

Ton meilleur et ton pire souvenir ?
Dans le genre pire : Ana Da Silva, la chanteuse et guitariste des Raincoats qui se blesse gravement l’après-midi même de son concert à BBMix l’an dernier. Dans le genre pire et meilleur à la fois : la panne de courant en plein milieu du concert ahurissant des Swans, l’année dernière aussi. Avec Michael Gira, certainement pas déjà au naturel le caractère le plus sympathique du rock’n’roll, qui devient à moitié fou de frustration pendant qu’on court partout à chercher la panne. Certainement les plus longues minutes de ma vie…

Swans - « Your Prophecy », live à BBMix 2010 :

Est-ce que c’est compliqué d’exister avec un projet pareil dans le 92 ? Faut-il retourner au charbon chaque année ?
C’est compliqué d’attirer et séduire et de fidéliser un public, « si loin » de Paris. C’est compliqué de convaincre les Boulonnais et nos voisins du 92, que oui, ça se passe bien en bas de chez eux. En même temps, nous commençons à être bien installés dans les têtes et nous ne sommes pas si loin, finalement : à 200 mètres du métro Marcel Sembat, ligne 9.

Recueilli par matthieu recarte 

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