« Spore », le jeu créé par Will Wright (Maxis-Electronic Arts), sortie le 4/09 sur PC et Mac, 55 €, sur DS 40 €, et mobile. Egalement prévu sur Wii.
Mi-bouc, mi-sanglier, mi-saxophone... L’éditeur de créatures ne pose aucune limite. © DR
< 02'09'08 >
Le jeu vidéo est un « Spore » de combat

« Les jeux sont meilleurs si on laisse les joueurs créer leur histoire. » Voilà le constat qui guide le game designer Will Wright depuis vingt-cinq ans. L’auteur des « SimCity » et de la franchise « Les Sims » est donc parti de cette même réalité pour inventer « Spore », sa nouvelle création à paraître jeudi 4 septembre, qui invite le joueur à élaborer une créature et à la guider littéralement du stade de l’organisme unicellulaire à la conquête de l’univers. Pour la présentation du jeu lundi 1er septembre dans un grand hôtel parisien, c’était Will Wright le showman qui était de sortie. Avec un débit ultra rapide mais l’attitude posée du passionné sûr de la recette de son succès, le pape du « god-game » s’est employé pendant plus d’une heure à prêcher des convertis.

« Spore », une révolution ? Non, mais une nouvelle étape dans cette lignée de jeux dits « bac à sable », c’est-à-dire sans fin scénarisée, où le joueur crée et gouverne qui, un parc d’attraction (« Theme Park »), qui, un hôpital (« Theme Hospital »), voire une ville (« SimCity »), un empire ferroviaire (« Railroad Tycoon ») ou tout simplement le monde (« Populous », « Black & White »). Dans ces deux derniers cas, on parle de « god-game », quand le joueur dispose de pouvoirs surnaturels.

Décliné en trois niveaux de difficulté pour séduire, dixit Wright, les fans des « Sims » comme les hardcore gamers, « Spore » se déroule en cinq phases, presque cinq jeux. Simple casual game au début (la phase cellulaire), le gameplay (ou jouabilité) devient de plus en plus complet (phases « créature », « tribu » et « civilisation ») jusqu’à l’ultime étape de conquête de l’espace, censée être aussi longue que toutes les autres réunies, soit 15 à 20 heures. C’est à ce dernier stade que le nom de god-game prend tout son sens : il s’agit d’explorer l’univers, d’évangéliser, de fédérer ou de conquérir des planètes. Et c’est là la force de la communauté : les millions de planètes seront peuplées par les millions de créatures engendrées par les joueurs et automatiquement intégrées au jeu. « Spore » n’est cependant pas massivement multi-joueurs : aucun alien guidé par une main humaine ne viendra asservir vos systèmes solaires. C’est « pour éviter des écarts disproportionnés entre les joueurs occasionnels et réguliers » dans un monde qui continuerait à vivre en votre absence, se justifie Wright. On se vengera donc en solo, en modifiant à son gré la morphologie des planètes, créant canyons et lacs, ou influant directement sur le climat. « Spore » offre ainsi une simulation de l’effet de serre, avec réchauffement et montée des eaux, qui vaut bien tous les discours de sensibilisation à l’écologie.

Une communauté à 38% Dieu...

Si dans les scénarios de Wright le joueur est un dieu, Wright est une sorte de divinité pour les joueurs. D’ailleurs, il a déjà son armée de fidèles : depuis la mi-juin, Electronic Arts propose en téléchargement gratuit la pierre angulaire de « Spore », l’éditeur permettant de réaliser les créatures qui pourront être utilisées dans le jeu à sa sortie. Et les masses se sont ruées dessus, mettant en ligne plus de trois millions de spécimens d’aspects variés. Dinosaures, humanoïdes, robots… le programme est assez souple et simple d’emploi pour permettre absolument toutes les fantaisies. Le bestiaire en ligne, baptisé Sporepedia, étale donc logiquement son lot de créatures pornographiques, du plus rudimentaire phallus sur pattes aux trésors du kamasutra. L’église Wright n’y trouve rien à redire et s’en amuse même ouvertement. Malicieusement, le designer présente aussi ce calcul : il aura fallu 18 jours aux joueurs pour soumettre un million et demi de créatures, soit le nombre d’espèces sur terre, quand Dieu n’en a mis que sept. Les joueurs sont donc à 38 % Dieu ou 0,38 G (God). Will Wright espère bientôt atteindre plusieurs « G »…

Blague à part, le sermon de ce quadra né à Atlanta est bien rodé. Ce n’est pas un secret et c’est même la base de la « légende » Will Wright : le maître puise son inspiration dans les passions et les expériences de son enfance, dans les années 1960, la construction de maquettes de véhicules, la conquête de l’espace et la science-fiction. A vrai dire, à part peut-être Shigeru Miyamoto (le créateur des « Mario », « Zelda », « Wii Fit » et bien d’autres mines d’or Nintendo), Wright est le game designer qui revendique le plus son vécu pour expliquer ses jeux, allant même jusqu’à intégrer à sa présentation un diaporama des modèles réduits et des films de sa jeunesse. Toute cette mythologie serait d’ailleurs un brin irritante sans le charme désinvolte de son héros et la réalité de son travail : sept années passées à bûcher sur « Spore ». Pour un résultat… imprévisible, à découvrir jeudi.

mathias cena 

votre email :

email du destinataire :

message :

< 1 > commentaire
écrit le < 02'09'08 > par < georgebushmen kku 9-11-911.com >
Le jeu vidéo est un art, aussi, avez-vous vu ceci : http://www.ecrans.fr/Les-envahisseurs-debranches,4953.html