« Strange Boutique » de Régis Cotentin, au programme de la 7e compétition Labo, la sélection nouvelles images du 30e festival international du court métrage de Clermont-Ferrand, du 1er/02 au 9/02, sur 13 lieux (dont cinq sur le boulevard François-Mitterrand) à Clermont-Ferrand (63).
Poptronics en direct du festival.
« Mes films comme mes installations exhibent des créatures qui correspondent à mes fantasmes. Elles apparaissent comme des organismes. » Régis Cotentin. © DR
< 05'02'08 >
Clermont 2/6 : Régis Cotentin et sa caravane de l’étrange

(Clermont-Ferrand, envoyé spécial)

« Strange Boutique » pourrait bien être le film singulier et hors-pistes de la sélection Labo de Clermont-Ferrand, cru 2008. Régis Cotentin est un habitué du festival, lui qui a même essuyé les plâtres de la toute neuve compétition numérique en 2002 avec le premier film de sa trilogie familiale « Subjectile ». Explorant les méandres de l’inconscient cinématographique et opérant une bouleversante anamnèse familiale (souvent marquée par le deuil et l’absence), les travaux de cet artiste plasticien (qui travaille par ailleurs au Palais des Beaux-Arts de Lille et conçoit des installations vidéo) évoquent, pour citer Nicole Brenez, « ce bloc-notes magique où Freud voyait un modèle capable de nous donner une idée du fonctionnement de l’inconscient ».

« Strange Boutique » marque une nette évolution dans le travail de Cotentin, car il relit l’histoire d’Eva Tichauer, qui, déportée à Auschwitz, se piquait profondément la main avec une aiguille. Dans la goutte de sang qui s’échappait, elle imaginait un petit être caché sous la peau, moyen comme un autre d’échapper à la barbarie. Ce film, très sombre et intrigant, se laisse difficilement apprivoiser, il tourne autour de cette peau réinventée mais ne se dévoile qu’à la fin. La petite boutique des horreurs qu’il déploie imprime durablement le regard, et illustre « la simulation comme principe esthétique », antienne dont « Strange Boutique » est le vrai concentré, très réussi.

On y voit ainsi des images littéralement monstrueuses et chimériques qui, superposées les unes aux autres dans des agencements contre-nature, réveillent le souvenir des premiers films de l’histoire du cinéma, comme un imagier fantasmé au service d’intentions très personnelles. Pour Cotentin, « la caméra, c’est l’écran », qui lui permet de fouiller la mémoire numérique en détournant méticuleusement des images qu’il crée lui-même ou qu’il extirpe de leur contexte, en les régurgitant à la manière des premiers cinéastes, qui avaient tout à inventer. Film paradoxalement très « pop » où le rythme, la scansion et la musique (signée Pierre Bastien) sont intrinsèquement liés à la pâte filmique, très numérique, d’un réalisateur qui réfléchit en permanence aux relations entre la musique et l’image.

Une plongée dans l’univers sombre et fantastique de Régis Cotentin avec cet extrait de « Strange Boutique » :

benoît hické 

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