Dernier canular des Yesmen devant 300 experts de l’industrie du pétrole à Calgary, Canada.
Un Yesman en pleine performance, usurpant l’identité d’un représentant d’Exxon, le 14 juin au Canada. © DR
< 19'06'07 >
L’imposture en posture, les Yesmen à l’assaut des pétroliers
Ils ont encore frappé, mais ont cette fois été démasqués, sans doute parce que le hoax (canular propagé par les réseaux) n’est plus ce qu’il était. Les Yesmen sont deux artistes activistes qui se distinguent par leur forte propension à usurper l’identité de cadres supérieurs de grands groupes internationaux, portant cravate et attaché-case pour infiltrer la mondialisation et la virusser de l’intérieur (cf à ce sujet la tenue dorée fortement suggestive qu’ils avaient tranquillement enfilé lors d’une conférence de l’Organisation mondiale du commerce en 1999).
Dernière opération à leur actif, le 14 juin, à Calgary, au cours de Go-Expo (gaz and Oil Exposition), le rendez-vous des pétroliers canadiens. Nos « hommes-oui » parviennent à captiver l’attention de l’assistance en se faisant passer pour des représentants d’Exxon et du NPC (National Petroleum Council) présentant les résultats d’une étude commandée par le secrétaire américain à l’énergie insistant sur les risques de catastrophe écologique que fait peser l’industrie pétrolière. Jusque-là, tout va bien, au sein des 300 participants à la conférence, personne ne moufte. André Gattolin, chercheur ès-canulars, raconte comment les « conférenciers du Go-Expo ont suivi avec attention l’intervention et ont ensuite accepté d’allumer les "bougies commémoratives", produites à partir d’un des premiers martyrs d’Exxon ».
En revanche, la vidéo où le (faux) employé d’Exxon affirme vouloir être recyclé en bougie après sa mort, grâce à l’invention d’un procédé « révolutionnaire », leur met la puce à l’oreille. « Grâce à ce système, l’essence continuera à couler pour ceux d’entre nous qui survivront », déclare Florian Osenberg, le faux porte-parole d’Exxon Mobil. Un authentique salarié d’Exxon intervient alors, la police est appelée et les deux trublions arrêtés et condamnés à payer une amende de 287 dollars canadiens.
Au-delà du côté performatif du canular, c’est aussi, à la manière d’un Michael Moore avec ses documentaires coups de poing, une façon d’alerter l’opinion sur les effets de la mondialisation. Andy Bichlbaum (l’un des Yesmen) justifie toute l’opération en rappelant que l’ancien Pdg d’Exxon est aujourd’hui à la tête du NPC, « comme si on avait chargé le loup de diriger le troupeau ».
De la même façon, pendant la campagne présidentielle française, les Yesmen s’étaient activés pour défendre le pacte écologique de Nicolas Hulot, pour le lancement du Labtv (un site dont poptronics n’a pas fini de parler…). Mais à leur sauce : ils ont réussi à piéger Claude Goasguen (UMP) ou encore Claude Bartolone (PS), qui se sont cru interviewés par une télévision américaine. Tout est faux, sauf l’implication des invités : faux studio, faux maquilleurs, faux lancement à l’américaine, Goasguen ou Bartolone n’y voient que du feu, même quand on leur demande si l’Europe s’associerait à une politique consistant à rapatrier de la glace au Groënland avec l’aide d’Airbus ! Seule mise à distance, cette petite phrase du député PS, une fois l’interview terminée : « Quelle bande de réacs ! »
annick rivoire 

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