Difficile d’échapper à la vague de fond du lancement de l’iPhone, dernier-né des objets communiquants nomades créés par Apple, qui tente de renouveler la martingale de l’iPod, son baladeur numérique. Le buzz a été savemment entretenu jusqu’au lancement officiel, aux Etats-Unis vendredi en fin d’après-midi, de façon à faire monter l’envie irrépressible d’être le premier à l’avoir en main. Les premiers chiffres de vente, distillés par des cabinets aux différents journaux américains, font état d’un demi-million d’unités écoulées en ce premier week-end. Apple espère en écouler 10 millions en 2008 (1% du marché mondial des téléphones mobiles). Limité à un achat par foyer, l’iPhone, un téléphone-navigateur pour le Web et baladeur (rien de révolutionnaire jusque-là), s’est donc très logiquement bien vendu ce week-end, images et vidéos à l’appui (où l’on constate que les Américains sont des gens disciplinés qui font la queue en ligne, applaudis à New York par les employés d’Apple).

Inutile d’en rajouter sur la bête elle-même, vendue 500 ou 600 dollars selon la puissance (de 4 Go à 8 Go de mémoire), son abonnement obligatoire à 1200 dollars pour deux ans (chez ATT, seul opérateur attitré de l’iPhone aux Etats-Unis !), sa qualité de connexion moyenne… Dans tous les cas, les amateurs sont déjà convaincus par l’ergonomie et le design de l’objet, démos à l’appui, notamment le fameux clavier virtuel.

Ce sont plutôt les détournements et appropriations hasardeuses qui nous amusent ici, puisqu’aussi bien, pour bénéficier de ce « miracle » de la technologie, les Européens devront attendre la fin de l’année. D’ici là, on peut toujours s’amuser à aller regarder la face cachée de l’engin, auprès de Anandtech qui a littéralement disséqué l’iPhone : « nous l’avons fait, comme ça vous n’avez plus à le faire », claironne le site qui truffe ses commentaires techniques des images du dépeçage.

Le magazine « Wired », qui se prendrait presque pour Daniel Schneidermann, juxtapose les deux infos de ce vendredi de lancement, soulignant que l’iPhone a été beaucoup plus couvert que les attentats déjoués en Grande-Bretagne (« Wired » s’appuie sur le nombre d’articles référencés dans Google News sur le sujet), et en propose un reportage photo « battle ».

BoingBoing, qui a laissé le soin à Xeni, l’une des trois rédactrices du blog le plus hype de la côte ouest, de tester l’engin puisqu’elle n’a pas le profil « geek », propose un test didactique et drôle, très informé aussi, avec les commentaires les plus pointus des premiers acheteurs. Ces « early adopters » justement, Crave le blog gadget de CNet, est allé les chercher vendredi soir dans les rues de New York et en rapporte un article étonné : « Malgré nos tentatives de repérer des iPhones dans le quartier branché de Meatpacking, nous n’en avons pas vu un seul. "C’est parce qu’aucun d’entre nous n’est sorti vendredi soir, explique une femme. Nous avons passé la soirée entière à tenter d’activer notre iPhone !" »

Protestations, critiques et anti-iPhone commencent à émerger. Il y a d’abord ceux que la technologie ne bluffe pas, type Ouriel Ohayon sur Techcrunch, qui défend son Blackberry. Il y a ceux que le modèle de technologie propriétaire irrite carrément, et qui défendent l’alternative, comme Lastpodcast, qui préfère faire toute la lumière sur le projet OpenMoko, le premier téléphone en open source présenté comme « l’anti-iPhone » (sortie prévue en octobre, lancement officiel le 11 juillet prochain). Il y a aussi ceux qui détournent l’attention du iPhone vers un autre cellulaire, comme Jitterbug, présenté par le "machiniste", le blogueur techno de Salon.com, comme le portable des vieux...

Pour finir, après l’indépassable gateau iPhone, le premier détournement de la campagne didactique d’Apple, the Soup, une vidéo satirique de la chaîne e-online US qui parodie une vidéo mode d’emploi de l’iPhone.

annick rivoire