« Tree Huts », exposition de Tadashi Kawamata jusqu’au 14/06 à la galerie Kamel Mennour, 47, rue Saint-André-Des-Arts, Paris 6e et dans la cour de la Monnaie de Paris, 11, quai de Conti, Paris 6e.
« Architecture et corps : le théâtre de la représentation du pouvoir », conférence de Tadashi Kawamata le 5/06 à 19h à l’auditorium de la Maréchalerie, 5, av. de Sceaux, Versailles (78).
« Tree Huts » (2008), les cabanes refuges de Kawamata s’agrippent à l’architecture. © Tadashi Kawamata-Kamel Mennour/Photo Marc Domage
< 05'06'08 >
Dans les cabanes perchées de Tadashi Kawamata

Changer de point de vue et prendre de la hauteur. C’est ce que propose Tadashi Kawamata dans la cour et à l’intérieur de la galerie Kamel Mennour à Paris jusqu’au 14 juin. L’artiste japonais, né en 1953, y a niché « Tree Huts », huit cabanes de bois, entre sculpture, bâti éphémère et œuvre in situ, qui bousculent la perception de l’endroit, ne serait-ce que par l’introduction d’un matériau naturel.

Depuis quelques années déjà, Tadashi Kawamata répond en creux aux diverses questions de l’architecte au moment de sa création. Les ouvertures se cloisonnent, l’espace s’obscurcit, les seuils se déplacent. Dans ses installations hybrides, il actionne des mécanismes plus poétiques, qui s’analysent comme autant d’interrogations profondes sur l’architecture contemporaine. Quand il ajoute une structure en bois, même en hauteur, sur un bâtiment, il modifie le rapport à l’environnement. Quand il conçoit un échafaudage, il transforme cet objet en art.

Cet enjeu propre à ses productions plastiques, Tadashi Kawamata le formulait déjà, lorsqu’il concevait « L’observatoire » pour la manifestation Estuaire 2007, jetant une passerelle de bois sur le marais de Lavau-sur-Loire. Cette fois, c’est mentalement que l’artiste nous convie à tracer un pont entre les « Tree Huts » de la galerie et trois autres cabanes disposées dans la cour de la Monnaie de Paris. L’origine du projet ? Art Basel en 2007, où il élabore son dispositif : une petite cabane de bois, munie d’une fenêtre, qu’il installe autour d’un pylône. A Paris, l’artiste mûrit et prolonge cette idée initiale. Ainsi, la multiplication de ces étranges abris précaires, placés à des hauteurs différentes, joue avec l’étrangeté et la surprise, dessine d’autres angles, matérialise d’autres anfractuosités sur la façade. Au-delà du principe et des matériaux, banalement « vulgaires » (des planches de bois, des éléments récupérés), ses œuvres débouchent naturellement sur de nombreuses métaphores : coquille d’escargot, habitat précaire et fragile…

L’artiste est coutumier du fait, à chaque création, il redéfinit l’identité du lieu, comme dans l’une des caves du domaine de Pommery en 2007 pour sa « Cathédrale de Chaises ». Ses ajouts sur les architectures préexistantes, ses passerelles comme à Evreux, et ses passages (celui en 1997, à la Salpêtrière, où il empilait des chaises, jouant avec l’équilibre instable), signalent une réflexion sur l’urbanisme, dont l’œuvre in situ serait une des articulations, pour sortir de l’entreprise post-moderne.

Pour prolonger l’exposition, Tadashi Kawamata, qu’on peut écouter ici, tient conférence ce jeudi soir au centre d’art la Maréchalerie, en marge de l’Ecole d’architecture de Versailles : « Architecture et corps : le théâtre de la représentation du pouvoir », accompagné de Philippe Potié, architecte et historien de l’architecture, et de Guy Tortosa, de la DAP (délégation aux arts plastiques).

cyril thomas 

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