Les éditions PPT, le 4/04 de 10h à 18h30, au Marché international des musiques nouvelles et des arts associés du festival Qwartz, Cirque d’Hiver, 110 rue Amelot, Paris 11e.
Les 4, 5 et 6/04, stand B18 à l’Escale du Livre, quartier Sainte-Croix, entre le Conservatoire et la place Pierre Renaudel, à Bordeaux (33).
Les cabines d’écoute de Vincent Epplay. Ecoutez la différence ! © DR
< 03'04'08 >
Cet art de l’hybride qui fait tout PPT

Derrière le label Stembogen, et la sortie remarquée par poptronics du CD « Jingles et génériques » se cachent les frères Chevalier, Guy et Denis, et les éditions Ploum Ploum Tralala, alias PPT. Livres, livres-objets, disques, revues, supports hybrides à la croisée des genres... Paris et Bordeaux, leurs deux prochaines escales sont l’occasion de découvrir plus en profondeur un catalogue éditorial riche, critique, constructif et qui ne manque pas d’humour.

Se plaisant à paraphraser Foucault, « le livre reste une boîte à outil, à l’interactivité inépuisable », rappelle Guy Chevalier. En pleine application de cette idée, PPT, dans la même volonté de désacraliser le geste artistique que le nom de la structure (Ploum Ploum Tralala) laisse entendre, fabrique des ovnis maison, une série de micro-éditions artisanales « produits recyclés ». « Culture Confettis » est une pochette de 5, 20 ou 100 grammes de confettis de cartons d’invitation à diverses manifestations culturelles et artistiques. « Landscape Flash » prend la forme d’un nuancier de peintre décorateur construit à partir de cartes postales collées dos-à-dos, redécoupées et recadrées pour un parcours aller-retour visuel et ludique sur notre culture du tourisme généralisé… Toujours dans une logique de réinvention des usages et d’une interrogation sur nos relations à l’objet, le « Mini-book pour l’écoute » n’est autre qu’un livre de 45 tours vinyles taillés au carré, avec mode d’emploi, dont il ne reste que quelques secondes à écouter. Des collectors uniques, à l’usage décalé.

Ploum Ploum Tralala se distingue par un univers de pensée à part entière où, comme le décrit Guy Chevalier, « les expérimentations des premières revues nous font aborder dès le début l’édition comme base d’inventions, objet de recherches ». Résultat : diverses lignes éditoriales d’apparence protéiforme. Le dernier ouvrage publié, « Planning » de Pierre Escot, use d’une forme d’écriture radicale, réduite à de simples mais redoutables notes d’agenda. Une forme inédite pour une expérience littéraire forte de la réduction de la syntaxe en un « haïku dégénéré » étrange, décalé et concret. L’auteur y fait, par le biais d’un planning, le récit d’un homme pris entre l’arène du travail et une vie intime tout aussi scabreuse qu’impersonnelle.

Passant du visuel au sonore par l’intermédiaire de son label Stembogen, PPT s’offre une deuxième collaboration avec Vincent Epplay. Après « Sound Effects » (2004), « Le Disque contre l’insomnie » - sous-titré « méthode douce pour choisir son niveau de réalité en période d’intense propagande démocratique » - poursuit un travail expérimental sur les productions sonores « fonctionnelles », ici en référence aux disques d’hypnose des années 70. En accord avec la ligne éditoriale, ce projet de vinyle, inclassable, s’aborde sous une forme globale et empirique tant dans la maquette et les vrais fausses notices et méthodes que dans le projet musical lui-même. Un disque en décalage par rapport au genre en question, en dérive, qui s’écoute aussi simplement !

Ces récents projets sont le témoignage concret d’une réflexion sur l’édition amorcée en 1991, où la question de l’art s’aborde dans la transdisciplinarité. Principal vecteur de cette réflexion : des revues investissant la plasticité de leur propre support. « L’Armateur », la première revue publiée par PPT, défendait un « cinéma d’idées » et des pratiques « underground » peu diffusées tout en chroniquant l’actualité sur un ton corrosif. En 1995, « Episodic » a pris le relais, définissant au fur et à mesure des numéros une construction singulière autour d’un thème ou d’un principe d’édition, où le contenant et le contenu s’articulent en des formes innovantes.

Quant à la série « Elastic », débutée en 2003, elle va au-delà de ce que l’on attend d’habitude du livre ou du catalogue d’artiste et relève du projet artistique. Cette collection est « conçue comme prolongements à des travaux qui ont déjà existé sous une forme ou une autre et envisagés comme rebonds, dans une optique pragmatique ». Le numéro 3, en cours de réalisation, « Elasticity », revisite un thème cher à Guy et Denis Chevalier : les utopies urbaines en lien avec une nécessaire économie du réel. Le point de départ ? Un entretien imaginé avec un architecte fictif autour d’un projet tout aussi fictif : la réalisation d’un pont traversant Paris d’est en ouest, de Pantin à Neuilly (texte initialement paru dans le numéro 4.5 d’« Episodic » consacré à la ville à l’ère du numérique en 1998). Pour ce projet, les artistes et architectes-artistes invités sont ceux qui ont pu manifester, ailleurs, une certaine capacité d’ouverture, hors du champ traditionnel d’où ils interviennent, de questionnement de leur pratique et de leur diffusion, de croisement avec d’autres domaines.

La singularité de cette démarche fait que les membres de PPT, plutôt qu’éditeurs, préfèrent se présenter comme travaillant avec l’édition. A découvrir donc absolument, les nombreux auteurs réunis par PPT « au-delà du cercle autorisé de l’art et du cercle de l’art autorisé ».

aude crispel 

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