Pop’surf spécial Jean-François Bizot, mort le 8 septembre.
Jean-François Bizot, vie et mort d’un grand des sous-cultures. © DR
< 10'09'07 >
Bizot six pieds sous l’underground (1/3)

Pionnier du gonzo journalisme à la française, pape de l’underground, Jean-François Bizot était de ces soixante-huitards qui n’ont pas mal tourné, toujours aussi fou furieux et libertaire, avec un peu moins de succès éditoriaux qu’à la période faste d’« Actuel ». Bizot est mort samedi 8 septembre, à 63 ans, du cancer qui le minait et avait nourri son « Moment de faiblesse » (2003).

Fils de très bonne famille lyonnaise, ingénieur, pdg, journaliste et baroudeur, défricheur et ambianceur, Bizot était tout ça à la fois, épuisant pour ses proches, bouillonnant d’idées et de flair journalistique. Le fondateur de Radio Nova (1981) et d’« Actuel » (1970), le journal qui a changé son époque (400000 exemplaires mensuels écoulaient le mélange de grands reportages, choix musicaux pointus, de la période hippie jusqu’à la techno, sexe et autres sous-cultures encensées), a aussi eu du nez pour bon nombre de talents (de Dee Nasty à Jamel, en passant par Baer et Wizman…), a brassé styles et genres en réinventant sans cesse la « Free Press », qu’il a ensuite racontée aux jeunes générations avec le chouette album « Free Press : la contre-culture vue par la presse underground » (Panama, 2006).

Pour rendre hommage à ce grand bonhomme, poptronics a été débusquer un très-très subjectif pop’surf de musiques et vidéos que Bizot a suivies, poussées, voire carrément fait décoller (avant Nova, la world-music n’existait pas). Une sorte de carte postale animée en musique, un peu fouillis et chaotique, à son image.

Et y revient avec le témoignage d’Ariel Kyrou, qui fut rédacteur en chef de l’« Actuel » dernière période, de 1988 à 1993, et a ensuite commis quelques bouquins dans l’esprit du père fondateur (« Techno rebelle : un siècle musiques électroniques » et autres « Paranofictions : Traité de savoir vivre dans une réalité de science fiction »). Enfin, l’artisan sonore de poptronics, Jean-Philippe Renoult, prépare un mix très subjectif...

Les années hippie, « Actuel » période faste

Jefferson Airplane, « White Rabbit »/« Somebody To Love » :

Et ça marche encore… Tuxedomoon, « Volo vivace » :

Les plus pillés du moment (et c’était circa 82), Liquid Liquid « Cavern » :

Laurie Anderson, « O superman ». Culte, non ?

Fela Kuti, « Teacher Don’t teach Me No Nonsense ». En live, évidemment.

Dee Nasty à une Block Party à la Chapelle en 1986, à Paris :

Buena Vista Social Club, « Chan Chan », la troupe de papys cubains en porte-drapeau de la veine salsa pré-world :

PiL, « This is Not A Love Song ». Sur bon nombre de compils Nova, un must-hear.

Afrika Bambaataa, « Looking For the Perfect Beat ». Les débuts du hip-hop US.

De la Soul, « Me, myself and I ». Nova les a lancés en France.

Neneh Cherry, « Buffalo Stance ». Idem.

Stereo MC’s « Connected ». Parce que c’est un grand morceau des 1990’s.

Chaka Demus & Pliers, « Murder she wrote ». Pénible, mais c’était dans leurs playlists tous les jours à l’époque.

Cheb Khaled, « Bahkta ». Le Khaled des 1980’s, la world à la française.

Nusrat Fateh Ali Khan, « Mast Nazron Se Allah Bachaye ». Bizot a inventé quasiment le concept de world music et donné à des musiciens de l’envergure de Nusrat Fateh Ali Khan le petit coup de pouce pour une notoriété internationale :

Tricky, « Overcome », pour les années trip hop.

St Germain, « So Flute ». Insupportable, mais emblématique.

Daft Punk, « Around the world », on peut pas y couper...

Lee Perry, « I am the Upsetter » (1982). Pour dire qu’on pense au reggae, un son que Bizot a toujours porté haut :

Roni Size/Reprazent, « Brown Paper Bag ». Après l’acid jazz est venu le temps de la drum’n bass.

Mr Scruff, Get a move on. C’est devenu une scie, mais ça venait de Nova...

Wax Tailor, « Que sera ». Pour le crossover des années 2000.

Grand Popo Football Club, « Les Hommes c’est pas des mecs bien ». Parce que c’est Wizman.

Et les débuts de Jamel à Nova...

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