Aperçu de la scène psychédélique, versant guitares hypnotiques, à l’occasion du concert de Black Rebel Motorcycle Club ce soir à l’Elysée Montmartre, 72, bvd de Rochechouart, Paris 18e, 27,50 €.
Black Rebel Motorcycle Club joue ce soir à Paris, mais a perdu la force de ses débuts. © DR
< 20'11'07 >
2007, année psychédélique

« I fell in love with a sweet sensation/ I gave my heart to a simple chord / I gave my soul to a new religion/ Whatever happened to my rock’n’roll ? » (« J’ai flashé sur une douce sensation / J’ai donné mon cœur à un simple accord/ J’ai donné mon âme à une nouvelle religion/ Qu’est-il arrivé à mon rock’n’roll ? » Début 2001, le « Whatever Happened To My Rock’n Roll » de Black Rebel Motorcycle Club sonne comme une proclamation, un viatique : le rock des années 00 sera « substantiel », lysergique, autrement dit psychédélique. On entendra sans doute ce soir « Whatever Happened… », morceau de choix (avec « Red Eyes And Tears » ou « Love Burns ») de leur très drogué donc (et très réussi) premier album, lors de leur concert à l’Elysée Montmartre. Depuis, le trio américain s’est résolu à suivre d’autres chemins, du virage americana il y a deux ans (« Howl ») au recentrage loupé au printemps sur son quatrième album.

BRMC n’intéresse plus grand monde, mais ne s’était pas trompé. Un peu plus de vingt ans après les fondateurs « The Psychedelic Sounds of the 13th Floor Elevators », premier album du groupe de Roky Erickson, et « Eight Miles High » des Byrds, généralement considérés comme les premiers enregistrements psychédéliques, l’acid rock et ses avatars folk ou électroniques sont de retour. On en retrouve les effluves chez Animal Collective (encore !) et ses séides folk déviants jusqu’au revival tendance du krautrock (électro et rock confondus) ; au Canada, avec le fort en équations Caribou (en concert parisien le 30, on y revient) ou ses voisins de Vancouver, les barrés Black Mountain (nouvel album en janvier) ; en Angleterre, avec entre autres Gravenhurst ou nos chouchous The Coral, et encore à New York, avec Dragons Of Zynth, protégés de TV On The Radio, ou A Place To Bury Strangers. La lame de fond psyché n’épargne personne, et ceux qui veulent coller des étiquettes partout se sont empressés d’en dresser la liste pour l’ajouter dans la boîte neo-psychedelia.

Pop’trip des deux côtés de l’Atlantique dans la nébuleuse psyché des années 00, versant hynose envapée et boucles de guitares répétitives sous influence Velvet Underground.

L’école californienne

De San Francisco à Los Angeles, la Californie, l’une des terres d’élection de ce mouvement musical, est évidemment aux avant-postes. The Brian Jonestown Massacre, groupe maudit du songwriter caractériel et très doué Anton Newcombe révélé par le documentaire « Dig ! » en 2004, y fait figure de fer de lance. A tout seigneur, tout honneur donc, un extrait du prochain album, qui sort en janvier (la version non mixée est déjà téléchargeable sur leur site).

The Brian Jonestown Massacre - « Golden Frost » :

En dix ans, The Brian Jonestown Massacre a vu défiler une soixantaine de musiciens, véritable gisement néo-psychédélique. De ses rangs sortiront entre autres Peter Hayes, futur guitariste de BRMC, ou Bobby Hecksher, qui partira fonder The Warlocks, dont le formidablement intransigeant « Heavy Deavy Skull Lover » (TEE Pee Records/Differ-Ant) vient de sortir.

BRMC - « Whatever Happened To My Rock’n’roll » :

The Warlocks - « So Paranoid » :


L’école anglaise

L’Angleterre n’est pas en reste, qui a hébergé Syd Barrett, l’un des grands manitous des hypnoses historiques, et redessiné le genre au tournant des années 80 avec le shoegazing de My Bloody Valentine et consorts ou le « Screamadelica » de Primal Scream. Mais ici, c’est la veine songwriting du mouvement psychédélique et ses arrangements baroques qui tiennent le haut du pavé. Même si de Jesu (dont on vous parle plus longuement très vite) aux féroces Sunray, la vibe droguée infuse toujours sourdement.

Sunray - « One Not Jam » :


Tous ces groupes se nourrissent bien sûr des incunables sixties, mais aussi de quelques glorieux aînés des années 80 qui ont retrouvé le devant de la scène. 2007, année psychédélique, a donc vu la réapparition scénique de The Jesus and The Mary Chain avant celle, dans trois semaines à Paris, de Sonic Boom, ancien des cultes Spacemen 3 (avec Jason Pierce, le futur leader de Spiritualized, l’un des maillons essentiels de cette musique depuis bientôt une décennie).

Petite piqûre de rappel.

Spacemen 3 - « Revolution » :

Spectrum, un des projets de Sonic Boom, live en 1997 :

Spiritualized - « Come Together », live en 1998 :

matthieu recarte 

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