The Zombies, dans le cadre du festival Mo’Fo, le 30/01 (complet), scène Mo, Mains d’Œuvres, 1, rue Charles Garnier, Saint-Ouen (93).
Où finit un groupe qui malgré quelques tubes et un chef-d’oeuvre, n’a jamais vu sa carrière décoller ? Au rayon légende vivante, et à Mains-d’Oeuvres ce soir. © DR
< 30'01'09 >
The Zombies, le retour à la vie pop

Les Zombies reviennent d’entre les morts… Certes, c’est la définition même du zombie chez Romero, mais au pari des reformations musicales improbables, ces Zombies-là n’étaient pas dans les pronostics. Miracle, ce soir, alors que voilà plus de 40 ans qu’on ne les avait vus en live par chez nous, ils sont sur la scène du Mo’Fo à Mains d’Œuvres pour un concert à guichets fermés (tout est complet depuis lurette). Poptronics ne pouvait faire l’économie d’un pop’surf hommage... Pensez, les Zombies, ce sont les Kinks et les Beach Boys réunis… la meilleure sauce anglaise de l’époque, et une apothéose en 1968 avec le concept-album « Odessey and Oracle », qu’on peut assurément établir comme l’un des dix meilleurs opus pop de tous les temps. Alors pourquoi les Zombies sont-ils passés à côté de la consécration ?

Peut-être le choix d’un patronyme ringard, peu apte à traduire la sophistication de leur style. Peut-être aussi leur manquait-il une puissante figure accrocheuse… chez eux, pas de Ray Davies, ni de Brian Wilson, et encore moins de John Lennon pour offrir une icone « lad » aux médias. Pourtant, Colin Blunstone est un sacré bon chanteur, non dénué de charisme, Rod Argent aux claviers un fantastique arrangeur, et Paul Atkinson une assise rythmique à la guitare hyper-enlevée. Voilà, les Zombies n’avaient que la musique pour eux, l’une des meilleures du milieu des années soixante. Avec leur science du couplet/refrain, ils délivrent perle sur perle : « She’s Not There », « Tell Her No », et même des reprises haut de gamme comme leur « Summertime » de Gershwin.

The Zombies - « Summertime » (1965)



En 1965, sort leur premier album « Begin Here », chez Decca, qui compile quelques-uns de leurs singles. La maison de disques ne met pas le paquet sur la promotion, se concentrant sur d’autres agités du catalogue qui cassent bien plus la baraque : les Rolling Stones. En 1968, les Zombies s’offrent donc une deuxième vie, hélas courte, chez Columbia. Ils composent « Odessey and Oracle »… CHEF-D’ŒUVRE majuscule… Alchimie inégalée de pop british et d’avant-psychédélisme savant. Malheur, quand le disque paraît, le groupe est déjà dissous. Ce qui, à l’époque, ne suscite aucun commentaire. Comme si les Zombies n’avaient jamais existé, même si la chanson « Time of the Season » apparaît sporadiquement dans les charts américain et britannique à ce moment-là.

Depuis, la réhabilitation des Zombies connaît une croissance exponentielle. D’abord repris par Carlos Santana en 1975 pour un « She’s Not There » qui dépasse en terme de succès commercial la version originale, ces doux parias sont redécouverts par la génération punk… UK Subs à « Top of the Pops » en 1979, et mieux encore, Lydia Lunch qui féminise avec sensuelle perfidie leur titre le plus ironique, « Spooky »… A présent, c’est au tour, entre autres, de Belle And Sebastian en Angleterre ou encore Of Montreal aux Etats-Unis d’aligner reprises et hommages.

« L’annonce officielle de la reformation du groupe en 2007 doit être considérée comme une continuation, déclare Colin Blunstone, pas comme un come-back ». Ils ont effectivement commis deux albums discrets, « New World » et « As Far As I Can See... » en 1991 et 2004. Mais n’étaient jamais remontés sur scène. Paul Atkinson n’en sera pas, il est mort en 2004. Aujourd’hui phénix plus que morts-vivants, les Zombies rejouent live in extenso « Odessey and Oracle » et quelques-unes de leurs incunables mélodies que l’histoire a finalement canonisées devant l’éternel. Enfin, on peut croire aux miracles.

The Zombies – « She’s Not There » (1965)



Exrait (sauvage) des Zombies live à Londres - « She’s Not There » (2007)

jean-philippe renoult 

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