Qui était vraiment Yma Sumac, morte à Los Angeles le 1er novembre dernier ? Une Heidi Castafiore andine ou un phénomène vocal à elle toute seule ? Hommage.
Diva et reine du kitsch exotica, Yma Sumac vient de disparaître à l’âge de 86 ans. © DR
< 04'11'08 >
Yma Sumac désenchantée

Yma Sumac ne chante plus. Pardon de casser le mythe, mais rien de ce qu’on croit savoir de la grande diva de l’exotica, morte le 1er novembre à Los Angeles, n’est vrai. Selon sa notice Wikipedia, « Yma Sumac, de son vrai nom Zoila Augusta Emperatriz Chávarri del Castillo, est une chanteuse péruvienne née le 13 septembre 1922 à Callao, premier port du Pérou, mais elle a grandi à Ichocan dans la région de Cajamarca (Pérou). Elle est une descendante reconnue du vingt-troisième et dernier empereur inca Atahualpa qui fut assassiné en 1533 par les Espagnols. » En fait, Yma Sumac, anagramme de son vrai nom, Amy Camus, est plus certainement née à Brooklyn entre 1921 et 1928. 1922 étant la date la plus probable.

Elle n’a jamais été cette Heidi Castafiore andine dont les premiers gazouillements vocaux dans les montagnes auraient été inspirés par le chant des oiseaux. Avant d’être une légende fabriquée, Yma Sumac est un authentique phénomène. Avec ses cinq octaves, elle est capable des graves les plus profonds, et elle excelle en soprano.

Yma Sumac et son classique « Chuncho », qui officialise la légende péruvienne (1953) :



C’est avec son mari, Moisés Vivanco, qu’elle invente son personnage au début des années 50… et ça marche. Yma est une immense star, elle fait la Une des journaux people. En 1957, elle convoque à domicile les caméras de Hollywood pour filmer son divorce en direct. Coup de bluff ou coup de blues ? Elle se remarie avec Vivanco la même année… puis divorce définitivement en 1965. Entre temps, en 1961, elle est invitée en pleine Guerre froide par Nikita Khrouchtchev à se rendre en URSS pour une tournée triomphale de deux semaines. Elle y enregistre un disque live, et, prétendûment amoureuse du pays, elle y reste six mois… En vérité, Yma fuit le fisc, et met à profit cette retraite à l’Est pour se faire oublier de l’administration américaine.

Mais elle revient sous les lumières d’un certain psychédélisme bon teint en 1971, avec son grand disque « Miracles », produit et arrangé par le pape de l’exotica, Les Baxter. Disque maudit, puisque retiré de la vente après brouille entre les intéressés, et seulement réédité en CD en 1998 sous le titre bannière accrocheur « Yma Rocks ! ». Pas de quoi confondre Yma Sumac et Janis Joplin. La première a eu une longue vie, et de multiples incarnations. Même bidon, elle est rentrée dans l’histoire, après avoir créé sa propre légende. En définitive, Yma Sumac est bien une créature rockn’roll.

« La Castafiore inca », très bon documentaire qui tente avec douceur de démêler le vrai du faux chez la « Princesse andine » :

jean-philippe renoult 

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