En association avec Mediapart, le site qui a sorti l’affaire Woerth-Bettencourt, Poptronics présente « Vox populiste », une pièce sonore de Jean-Philippe Renoult réalisée à partir des mails d’insulte reçus par Mediapart.
Relique industrielle de la Ruhr, le Gasometer d’Oberhausen et ses 117 mètres de hauteur, théâtre des opérations sonores pour "Vox populiste", pièce signée Jean-Philippe Renoult, en réaction à la campagne anti-Mediapart. © DR
< 16'07'10 >
Woerth Bettencourt : une claque sonore à la bêtise, avec Mediapart

Voilà que ça recommence… Dès qu’un journaliste fait son travail en France en « sortant » de l’info, il est suspecté du pire et traîné dans la boue… La campagne de dénigrement de Mediapart depuis que le site fondé par Edwy Plenel fait l’actualité de l’affaire Woerth-Bettencourt a cependant une autre connotation, qui chagrine plus particulièrement les petits Poucet du Net, tous ceux pour qui l’Internet n’est pas un média « poubelle », mais bien un lieu d’expérimentation, d’innovation et de liberté d’expression inégalé. Puisqu’en effet, Mediapart est « un site Internet » (et avec quel mépris ce qualificatif peut parfois être prononcé ces derniers temps à la télévision…), un de ces médias tout neufs qui n’ont pas encore l’ancienneté et, partant, la respectabilité du « Monde » ou du « Figaro ».

C’est pourquoi, quand Mediapart a proposé à Poptronics une opération commune d’appel aux artistes du Net, on n’a pas beaucoup réfléchi : on a dit oui. On avait salué la naissance de Mediapart, on s’était associé à certains des combats portés par le média généraliste. Aujourd’hui, c’est à partir de la matière première même des messages d’insultes et de haine reçus par Mediapart, que Jean-Philippe Renoult, l’artiste sonore pop qu’on ne présente plus, a réalisé « Vox populiste » (et écrit le texte ci-dessous).

« Vox populiste », par Jean-Philippe Renoult, 8’18’’, 15/07/2010 :

Voix : Hervé Binet, Jean-Philippe Renoult

« Vox populiste » est réalisée et mixée en un temps express… rapide comme un courriel.
Samedi 10 juillet, 10h, Annick Rivoire me transmet un package de mails insultants reçus par Mediapart suite à l’enquête Woerth-Bettencourt.
Samedi 10 juillet, 14h, l’éditeur Hervé Binet se prête au jeu de la lecture des mails.
Dimanche 11 juillet. Je suis au gigantesque Gasometer de Oberhausen (Allemagne). Musée et centre d’art provisoire accueillent pour trois jours les artistes sonores Verena Kuni, Sarah Washington, Felix Kubin, Dinahbird, Knut Aufermann, Barbara Kaiser, Paulo Raposo, et moi. Notre objet consiste à travailler les sonorités et fréquences à partir des résonances naturelles du lieu. Il a la superficie d’un stade de foot et fait 117 mètres de haut… Enorme !…
Lundi 12 juillet. 9 h, Je grimpe les 600 marches de l’édifice. 117 mètres de labeur pendant lesquels je lis les mails à Médiapart. Je sue, je souffle, je crache mes poumons…
Lundi 12 juillet. 11 h, une tornade inattendue s’abat sur Oberhausen, nos tentes de camping sont pulvérisées et nos affaires balayées, le matériel d’enregistrement, lui, est sauf.
Lundi 12 juillet. 16 h. A peine remis, je respire dans un mégaphone à pleine puissance dans l’enceinte du Gasometer.
Mercredi 14 juillet, réalisation et mixage de « Vox Populiste » de retour à Paris… une pluie s’abat sur les carreaux, pour rappeler que la tempête n’est pas finie.
Vendredi 15 juillet, « Vox Populiste » est publiée simultanément sur Poptronics et Mediapart.

annick rivoire et jean-philippe renoult 

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