« Wadley » de Matias Meyer (2008, 56’), ce soir à 19h30 au Centre Pompidou, Cinéma 2, dans le cadre du festival Hors pistes. A noter : rencontre avec les réalisateurs du festival à 17h (petite salle).
« Wadley » de Matias Meyer, un trip méditationnel, un film résolument hors norme. © DR
< 30'03'08 >
« Wadley », le cinéma hallucinogène est en marche

« Wadley », de Matias Meyer est le film le plus déroutant de Hors Pistes, festival ouvert aux formes de cinéma les plus hybrides. Premier moyen métrage d’un jeune réalisateur français résidant et travaillant au Mexique (découvert en 2006 avec « Verde »), « Wadley » est à associer à la famille des œuvres qui titillent les limites physique du spectateur, pour mieux l’emporter dans un univers beaucoup plus ruminé qu’il n’y paraît. Hors pistes, « Wadley », projeté ce soir à 19h30 au Centre Pompidou (après une diffusion à Cinéma du réel), l’est littéralement : on y suit, une petite heure durant, le périple d’un homme moustachu dans les entrelacs d’un désert mexicain (Saint Louis Potosi) aux allures de lune écrasée par le soleil. Il porte un sac à dos et a tout du jeune urbain en quête d’aventures et d’immensités à embrasser.

A l’instar de « Gerry » (point de comparaison évident), « Wadley » est un documentaire halluciné sur la marche et le temps qui se dévide pas après pas. Rebecca Solnit dans « L’art de marcher » (Babel, 2002) dressait un réquisitoire contre tout ce qui entrave l’exercice de la marche, un moment de réflexion, de retour à soi. Wadley semble lui aussi doté du fameux « génie de la flânerie » désigné par Henry David Thoreau, une flânerie propice aux ruminations les plus fécondes (et les plus révolutionnaires).

Marcher, pour le héros de « Wadley », c’est aussi dériver vers l’expérience du peyotl et atteindre l’hallucination, quasi mythifiée dans le dernier segment du film aux accents castanediens (ralentis et bourdonnements à l’appui). Wadley est secoué de spasmes (jouissance ? douleur ?), bientôt enveloppé par la nuit tombante et léché par les flammes d’un feu de fortune. On ne saura pas si le train qui déchire la plaine, dans ce splendide crépuscule mexicain, emporte le héros vers la ville ou l’enfonce dans une mystique ardemment désirée. Une expérience de cinéma qui donne à coup sûr des envies de… déracinement.

En bonus, le court métrage « Verde », de Matias Meyer (2006) :

benoît hické 

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