Concert de Vic Chesnutt et Okkervil River, ce soir à la Cigale, 120 bvd Rochechouart, Paris 18e, 24 euros.
Albums : « North Star Deserter » (Constellation/Differ-Ant) et « The Stage Names » (Jagjaguwar/Differ-Ant).
Vic Chesnutt pendant l’enregistrement de « North Star Deserter », le retour dans la lumière d’un songwriter incandescent. © Jem Cohen
< 13'11'07 >
Vic Chesnutt, le concert du mois, la tête dans les étoiles

« North Star Deserter », quatorzième album de Vic Chesnutt (si l’on inclut la collaboration avec Lambchop, sous le nom de Brute), est un petit miracle déposé à la fin de l’été sur nos platines, et le concert de ce soir est l’occasion d’en découvrir l’incarnation live. Sa généalogie mérite d’être racontée : fana de longue date de l’univers écorché vif de Chesnutt et très proche de la galaxie montréalaise Constellation (surtout de A Silver Mt Zion, side-band devenu grand de Godspeed You Black Emperor), le New-Yorkais Jem Cohen (réalisateur, auteur des granuleux « Benjamin Smoke », « Chain » et de merveilleux clips pour REM, dont « Nightswimming »), a décidé de jouer le go-between entre ces artistes qui s’estiment de longue date et ont en commun un esprit outlaw frondeur. La rencontre a eu lieu il y a pile un an, au studio Hotel2Tango, sous l’égide de Jem Cohen lui-même (production et artwork), avec le précieux appui de Guy Picciotto, guitariste du genre straight-edge de Fugazi (Cohen a réalisé sur le groupe l’intransigeant « Instrument »).

A mille lieux d’un esprit « super-groupe », tout ce petit monde a profondément vécu l’aventure de « North Star Deserter », l’un des disques les plus aboutis d’un parcours en dents de scie. Troubadour trash découvert par Michael Stipe (REM) au début des années 90, Chesnutt renoue ici avec la férocité électrique d’« Is The Actor Happy », son troisième album qui le fit connaître du circuit indie-rock en 1995. Amateur de bibine (« Drunk », 1993) et d’autodestruction (ivre, il a eu un accident de bagnole qui l’a laissé paraplégique), habité par un sens poétique et une culture livresque qui lui font écrire des textes à mi-chemin de l’autobiographie et d’histoires abracadabrantes emplies de nostalgie, Chesnutt trouve avec les membres de A Siver Mt Zion l’écrin sonique – et subtil quand il le faut, chœurs et douces cordes à l’appui – qui lui manquait sur ses dernières productions. A disque fabuleux, concert immanquable, donc.

D’autant qu’en ouverture, se présentera Okkervil River, le groupe de l’Américain Will Sheff. Bientôt dix ans de route au compteur, en héraut folk nouvelle génération, et des années difficiles : le groupe a longtemps multiplié les albums dans un demi-anonymat, enchaînant les concerts soir après soir, ne gagnant parfois que de quoi conduire le van jusqu’à la salle suivante. Et puis, il y a deux ans et demi, Okkervil River a sorti le traité folk parfait « Black Sheep Boy ». Mais les tournées harassantes auront raison du groupe (départs en cascade) et surtout de la voix de Sheff : des médecins effrayés lui interdisent de prononcer le moindre mot pendant un mois et de cesser le chant pendant six autres… Un long silence forcé, mais aussi l’occasion de revoir de fond en comble la philosophie d’Okkervil River, de chercher un son plus rock après avoir atteint une sorte de nirvana folk. Le résultat, « The Stage Names », sorti à la rentrée, a de l’allure, qui tutoie presque l’indie-rock de Bright Eyes. Ensoleillé (hommage aux Beach Boys dans le texte) et nerveux à la fois, ce virage qu’on n’attendait pas, cette prise de risque bienvenue relancent l’intérêt qu’on portait déjà à Will Sheff.

En bonus, « Our Life is Not a Movie or Maybe », ouverture de « The Stage Names » - Okkervil River (merci à Differ-Ant) :


Et un extrait vidéo de la prestation de Vic Chesnutt à Munich il y a dix jours :

benoît hické et matthieu recarte 

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