Thoma Vuille, l’auteur de M. Chat, était à Tokyo pour participer entre autres à l’événement « No Man’s Land », une exposition éphémère dans l’ancien bâtiment de l’ambassade de France au Japon. Il livre pour poptronics ses impressions tokyoïtes.
La Jetée à Tokyo, un lieu dédié à tous les amoureux des chats et du cinéma de Chris Marler. © M. Chat
< 09'12'09 >
Tokyo (2/2) : retour au pays des chats levant la patte

Thoma Vuille est artiste. D’abord masqué, puis caché derrière un collectif de chats, le voilà qui assume désormais la paternité de M. Chat, ses rondeurs jaunes et son sourire un rien figé, inquiétant et/ou séduisant, c’est selon. M. Chat promène ses courbes avantageuses un peu partout dans le monde, et poptronics se fait bien volontiers le relais de ses pérégrinations. D’autant qu’avec Guillaume-en-Egypte, le chat pigiste de poptronics, l’amitié est ancienne. Fraîchement rentré du Japon, où il exposait et réalisait ses fresques en plusieurs points de Tokyo, Thoma livre ses impressions tokyoïtes.

Je n’aurais vu Tokyo qu’à moitié. L’impression d’avoir été un autre ailleurs reste pourtant entière. Comme si ton texte à la seconde personne nous était destiné. Cherchant à tracer un parcours au travers de ceux que tu as vus. Comme un archéologue, confronté à une légende ancestrale et orale, j’ai été à Shinjuku, revoir le reflet au-dessus de la poignée nombril de la porte de la Jetée.

Les deux oiseaux de Tokyo y étaient, sirotant du houblon avec ou sans glaçons… Pour nous remercier de leur avoir offert ce double reflet, les deux oiseaux nous ont fait nous envoler dans un bateau mouche. Navigant sur la baie de Tokyo, entre une délégation de Chinois et un couple d’amoureux tokyoïtes. La musique adoucit les mœurs, mais le karaoké casse les oreilles de Tomoyo… L’autre oiseau de Tokyo se met à danser le faune à la manière de Nijinski…

Dans mon dépays, je n’ai pas été au cimetière des chats de Goutokuji, mais le dernier soir, lors du vernissage de l’exposition que m’a organisée Tsuyoshi, une dame m’a ramené un petit maneki-neko de cet endroit. Si tu ne l’as pas encore dans ta collection, je te l’offrirai, sinon celui que j’ai acheté pas très loin du temple de Asakusa à Tokyo. Ils attendent ton choix, tous les deux assis, la patte en l’air, sur mon étagère…

Comme l’oiseau nous l’avait annoncé dans ton texte, nous n’avons pas pu aller à la fête du poulet qui se donnait dans le temple d’Hanazono Jinja, juste à côté du Golden Gai. Le lendemain, lorsque nous y sommes passés, il ne restait qu’un homme endormi et une bande de jeunes ivres qui s’amusaient avec la cloche du temple. Un peu plus loin, deux personnes cherchant dans l’entrebâillement d’une double porte un kami endormi. En ressortant de l’enceinte, nous n’avons pas pu nous empêcher de saluer du regard les deux félins protecteurs…

Une visite avec deux élèves du maître-oiseau t’a appris que nos deux chats, l’un railleur, l’autre silencieux, rappelaient ces Koma-inu, protecteurs de temples.

Que raconte la fresque sur l’ancienne chancellerie ? La commémoration d’un combat de samouraï, la rencontre d’un sumotori et d’une colombe, un Oncle Picsou coincé dans son coffre ? Le lettrage écrit en hiragana par Psyckoze, qui dit : « No Man’s Land ».

Mais que raconte l’exposition « No Man’s Land » ? Quelle est la ligne de conduite à avoir lorsqu’il n’y a pas d’humains ? Devons-nous construire des œuvres vouées à être détruites ou non vues ?

Chalutations

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