pop’live, le tour quinzomadaire des concerts, festivals et soirées à ne pas rater.
Panda Bear, en vacances d’Animal Collective, défendra son troisième excellent essai solo « Tomboy » à la Gaîté lyrique (29/11). © DR
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Sortez ! Les Trans, Panda Bear, Anika, Midi Festival...

(pop’live) Peut-on échapper en cette quinzaine musicale aux 33e Transmusicales de Rennes ? Début décembre, c’est la promesse de quatre jours de nouveaux sons, de nouvelles têtes, de nouvelles pistes. La capitale résistera néanmoins avec ces propositions alternatives qu’on aime. Guide le plus complet possible des festivités bretonnes et parisiennes juste en dessous !

Festivals

Ça se bouscule côté festivals cette dernière semaine de novembre. Outre le 9e « Télérama » Dub Festival (au 104, du 24 au 26/11, et dans onze villes), Paris accueille la première du Pigalle Festival (24-26/11). Un concept casse-gueule associant expo et concerts aux Trois Baudets, clubbing à la Machine du Moulin Rouge, et parcours nocturnes avec de vraies « performances érotico-vintage » (diable !) et un « concours de air sex » (on aura tout vu) sous l’égide de Panic Cinéma, histoire de faire du quartier « chaud » de la capitale (ah bon ?) autre chose qu’une aire d’errance pour touristes en mal de clichés sur les nuits parisiennes. L’initiative est louable, les producteurs rodés (La Lune Rousse, à qui l’on doit la Nuit électro au Grand Palais ou le festival Paris-Bamako…), mais il y a quelque chose d’un « Branché fais-toi peur », décalé (une « Jean-Pierre Melville Erotic Party » chez Moune, un parcours « Pigalle 1974 ») et provocateur à petits pieds (des DJ’s dans un club de strip éphémère pour deux « Est-ce-que-tu-love-Pigalle ? Party ») qui nous laisse, comment dire… de glace.

On préférera prendre le train pour Toulon ce week-end-là, et rallier l’édition « hiver » de l’excellent Midi Festival. Au programme, une floppée de DJ’s de la Riviera (ça change !) et quelques beaux spécimens des marges rock. Comme l’Anglais Devonté Hynes, grand adepte du contrepied : ancien de la (regrettée) comète dada-électro-punk Test Icicles, parti jouer les chanteurs country à la manque sous le blaze Lightspeed Champion, le revoilà avec Blood Orange dans une ambiance synth-pop minimaliste référant les années 80 d’OMD. A voir également, les Girls de Christopher Owens (on dressait le portrait de ce curieux garçon ici), lui aussi adepte des grands écarts sur « Father, Son, Holy Ghost », deuxième album oscillant entre pop naïve, rock psychédélique, metal voire noise... Et on attend plus encore de Chris Laufman alias Wise Blood, natif de Pittsburgh, qui picore dans sa discothèque soul, rock et pop pour créer de hardis collages.

Wise Blood - « B.I.G. E.G.O. », réal. David Parker (2010) :

Les Norvégiens Kakkmaddafakka, les Californiens Nguzunguzu ou l’Anglais Totally Enormous Extinct Dinosaurs ? Voilà le genre de dilemme qui s’offre au festivalier face à la proposition annuelle (la 33e !!) des Rencontres Transmusicales de Rennes, l’événement incontournable de la fin de l’année. Dans ce cas précis, on préfère la melting-électro toutes oreilles ouvertes des seconds (de la house au kuduro en passant par la juke de Chicago et les sons africains plus traditionnels) au rock popisant on ne peut plus classique du collectif scandinave (douze musiciens quand même !) et à la pop école Hot Chip du lancé Orlando Higginbottom (à suivre aussi, dans le même esprit que les Américains, Senior Picante). Mais c’est une affaire de goût et aux Trans, il y en a pour tous – si possible ceux qu’on n’a pas encore. Du rock sous influences multiples (avec un fort contingent psychédélique) et du hip-hop de toutes obédiences, des hurluberlus et des non-formatés, des qu’on-oubliera-tout-de-suite et d’autres qui marqueront l’histoire, des DJ’s comme s’il en pleuvait et les derniers hérauts dubstep (SBTRKT en tête). Et bien sûr, une tradition à Rennes, beaucoup de régionaux de l’étape – on s’arrêtera par exemple sur Im Takt, qui veut jouer les correspondants brestois de !!!, LCD Soundsystem, Fuck Buttons et Foals. Ambitieux !

Une programmation comme à l’accoutumée gargantuesque et en alerte, précise et pointue, sans grosse tête d’affiche à faire briller. Pour vous épargner de l’éplucher sur ce Pearltree ou sur le site officiel, sélection express (et par nature incomplète) de nouvelles têtes à repérer.

A suivre, quelque part entre Kate Bush et les nouvelles égéries gothiques (Fever Ray, Zola Jesus...), la Californienne Group Rhoda fait dans le minimalisme électronique chargé juste ce qu’il faut, ou encore le rockabilly millésimé de Sallie Ford & The Sound Outside (signature Fargo, vous ne prendrez pas trop de risques). Mais chez les filles, celle qui nous a tapé dans l’oreille est la Canadienne délurée Maylee Todd qui mêle hardiment tropicalisme, électro-jazz, hip-hop, samples dézingués et plus si affinités dans le grand maelström de « Chose Your Own Adventure », son premier album au titre programmatique.

Maylee Todd - « Aerobics in Space », réal. J. Lee Williams (2010) :

Vous voulez voir de futurs stars ? Ça tombe bien, EMI a peut-être trouvé le nouveau Mika : il est Danois, androgyne, s’appelle Niels Bagge mais préfère agir derrière le pseudo Vinnie Who. Et il a tout pour devenir le nouveau wonderboy disco, avec son « What you got is mine » comme tube potentiel. Autre formation qui pourrait exploser à Rennes, le duo de DJ’s Christine (les Rouennais Aeon Seven et Kunst Throw), cousin du Justice première époque, qui invite dans ses sets martiaux musiques de films d’horreur, hip-hop glauque, tubes 80’s... et productions Ed Banger. Pour boucler le buzz.

Moins tape-à-l’oeil (encore que), l’un de nos coups de cœur sera le Hollandais Capacocha au gros potentiel déjanté. Il résume lui-même assez bien l’affaire : « Imaginez les Talking Heads prenant du speed avec le Velvet Underground pendant que Kraftwerk les emmène sur l’autoroute pour se crasher dans un hôtel rock’n’roll 50’s. » Voir le garçon se démener avec sa guitare sur des beats de hangars nous met déjà des fourmis dans les jambes... Un one man’s band mal élevé et frondeur comme on les aime. Il n’y a pas beaucoup de vidéos réellement audibles qu’on peut vous présenter, sinon ce live un peu ancien. Vous pouvez vous faire mal aux oreilles avec beaucoup d’autres par ici !

Capacocha, live à Amsterdam (2008) :

Au rayon encore plus allumé, signalons les Néo-Zélandais Orchestra of Spheres et leurs pseudos que personne ne leur volera jamais (Baba Rossa, E=M303, Jemi Hemi Mandala et Mos Locos). Leurs instruments bricolés et leur son écartelé entre disco psychédélique et délires bruyants ont déjà séduit rien moins que Caribou, qui les a programmés à l’ATP Festival, Eric Copeland de Black Dice et l’excellent label US Fire Records. Que de bons augures !

On a déjà évoqué ici Hanni el-Khatib, Américain d’origine philippino-palestinienne en passe de devenir la nouvelle star garage et à ce titre programmé deux fois à Rennes. Les chocs de culture produisent décidément de vraies curiosités : autre écartelé, le Libanais grandi en Islande Epic Rain agit lui à un surprenant confluent, celui du hip-hop et du folk, habillant sa mélancolie de guitare classique, banjo et cuivres. C’est nous ou sa musique a un faux air d’un Tom Waits qui aurait troqué son melon pour une casquette ?

Epic Rain - « Puddles in the Alley », réal. Björgvin Sigurðarson (2010) :

Tom Waits, l’Américain Colin Stetson le connaît bien, pour avoir joué avec lui comme avec Laurie Anderson ou LCD Soundsystem. Ce saxophoniste (basse) cintré, né chez les Stooges à Ann Arbour et relocalisé à Montréal, est l’auteur d’un des disques les plus étranges de 2011, « New History Welfare Vol. 2 : Judges » chez les Canadiens de Constellation. Au milieu d’une forêt de vingt micros (dont un sur sa gorge), Colin Stetson fait dans le minimalisme instrumental, seul à la manœuvre et pourtant on jurerait que tout un groupe l’accompagne. Entre l’ambiance sonore d’« Inland Empire » et le jazz d’avant-garde, la musique répétitive et le bruit blanc, ses sons qui s’étirent jusqu’à l’abstraction, augmentés de râles, de souffles, de cliquetis, sont parmi ce qu’on a entendu de plus étonnant cette année. Une grande proposition expérimentale, à la fois bizarre et accessible. Comme un résumé de l’esprit des Trans.

Colin Stetson - « Awake on Foreign Shores » et « Judges », chez lui à Montréal, réal. Derrick Belcham (Concert à emporter, 2011) :

Forcément, un tel programme, ça donne envie de Bretagne... Pour que les Parisiens se consolent, au choix le mini-festival Wihmini au Showcase (avec entre autres Trentmoller le 02/12, le nouveau live de Gui Borrato et Akufen le 03/12) ou, mieux encore, Espace B(S) (30/11-02/12), le festival concocté par l’Espace B et les Boutiques sonores. Au menu, les Américains Windowspeak, fers de lance du revival 90 (et oui, maintenant on revisite les années 90, ici entre Mazzy Star et le grunge...), Publicist, le side-project du batteur des historiques du post-rock Trans Am, versé dans les synthés et les résurgences krautrock, ou encore la pop électronique de l’Espagnol Sutja Gutiérrez. L’occasion de signaler que l’Espace B, avec ses concerts pas chers et sa nouvelle équipe de programmateurs à l’affût, est devenu depuis la rentrée un véritable refuge.

Sutja Gutiérrez - « Travel Song (Double Meaning) » (2011) :

Concerts :

Poursuivant leur fructueuse collaboration avec le label Sublime Frequencies que poptronics adore, les Instants chavirés accueillent les Touaregs de Group Inerane dont le passage début novembre à Montreuil nous avait mystérieusement échappé. Fondé à 16 ans par Bibi Ahmed, en 1996, Group Inerane c’est trois guitaristes et un batteur qui collisionnent musique traditionnelle, folk et blues, reprenant les chansons rebelles écrites en tamasheq dans les camps de réfugiés libyens par la génération qui a fui au milieu des années 90 la répression au Nigéria.

Group Inerane live aux Instants chavirés (novembre 2011) :

Bordeaux revient par la pop : le collectif Iceberg fait la fête à Paris (Nouveau Casino, 28/11) pour saluer la sortie du premier album de la chorale rock Crane Angels, avec également au programme les projets de quelques-uns de ses membres : Petit Fantôme (échappé de François and the Atlas Mountains), le popeux qui monte Botibol et les plus bruyants J.C. Satan.

Dilemme le 29/11 : céder au krautrock lancinant d’Anika, accompagnée par Beak> (le groupe de Geoff Barrow) au Point éphémère, ou retourner encore et encore voir Panda Bear ? Absent des scènes parisiennes depuis un concert en demi-teinte au Cabaret sauvage au printemps 2010, l’échappé d’Animal Collective Noah Lennox n’a pas manqué à sa réputation cette année, sortant un magnifique troisième essai solo, l’amniotique « Tomboy », dont on découvrira à la Gaîté lyrique la nouvelle incarnation live. Quant à la Berlinoise exilée à Bristol Anika, rodée par des semaines de concerts, ses reprises obscures deviennent un peu plus entêtantes à chacun de ses passages à Paris.

Panda Bear - « Slow Motion » (et interview), réal. Cheryl Dunn (2011) :

Signalons aussi à ceux qui sont en panne depuis le crash de l’électroclash, que les Canadiens Duchess Says ont presque réussi à ranimer le cadavre (Point éphémère, le 05/12) à grand coup de Moog. Silencieux depuis trois ans sur disque, ils reviennent avec un « In a Fung Day T ! » on ne peut plus vitaminé.

Une fois n’est pas coutume, on terminera sur deux concerts de hip-hop : le grand retour de La Rumeur (Maroquinerie, 02/12), enfin venu à bout de huit ans de poursuites du ministère de l’Intérieur, et la venue du trio branché-branleur-mais-pas-idiot Das Racist (Point éphémère, 06/12), figure de proue du rap indé depuis son inaugural « Combination Pizza Hut and Taco Bell » qui a fait couler beaucoup d’encre (et de salive) il y a près de trois ans. Après avoir entre autres samplé un discours d’Hugo Chavez et multiplié les porno-provoc, le trio indé à barbe (un Latino, les deux autres originaires d’Inde), sang frais du hip hop américain, est enfin passé au long format cette année, chaperonné par Diplo ou Vampire Weekend. Date unique en France, âmes sensibles s’abstenir...

Poptronics en a déjà parlé, vous pouvez y aller ! :
24/11 : Herman Düne au Casino de Paris.
24/11 : Stranded Horse à la Maroquinerie.
26/11 : Turzi aux Trois Baudets.
26/11 : Ivan Smagghe... (soirée A Night at Studio 287) au Showcase.
30/11 : Joëlle Léandre à la Maison Rouge (et à la Java le 04/12 à 17h).
02/12 : Big Sexy Noise (Lydia Lunch) à la Blanchisserie.

Autres concerts et soirées :
24/11 : The Pack A.D. au Point éphémère.
25/11 : Brodinski et Gesaffelstein all night long au Social Club.
25/11 : Munk au Nouveau Casino.
26/11 : Ressuage et Jean-François Pauvros aux Instants chavirés.
26/11 : Bill Callahan à la Gaîté lyrique.
26/11 : Holy Strays, High Wolf, Je suis le petit chevalier... à l’Espace B.
27/11 : Lisa Li Lund à la Gaîté lyrique.
29/11 : My Brightest Diamond au Café de la danse.
29/11 : Twin Twin à la Flèche d’or.
30/11 : Saint Vincent (complet) au Café de la danse.
30/11 : General Elektriks à la Cigale.
30/11 : M83 (complet) à la Gaîté lyrique.
01/12 : Citizens !, Life in Film, Theme Park et Zulu Winter (soirée Kitsuné Maison en vrai !) à la Maroquinerie.
02/12 : Animals & Men aux Instants chavirés.
02/12 : Low à la Gaîté lyrique.
02/12 : Mathew Jonson (live) au Rex.
03/12 : Peaches (DJ-set) et Clara Moto (soirée Allez Allez les filles) à la Machine du Moulin rouge.
03/12 : CSS à la Gaîté lyrique.
03/12 : Derrick May et Dyed Soundorom au Rex.
04/12 : Ringo Deathstarr et Orval Carlos Sibelius à l’Espace B.
04-05/12 : Black Lips (complet le 5) à la Maroquinerie.
05/12 : Fairwell Poetry au Café de la danse.
06/12 : Toro Y Moi au Nouveau Casino.

matthieu recarte 

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