Sonic Boom le 5/12 à 20h au Bus Palladium, 6, rue Fontaine, Paris 9e, pour une « Space Night » avec en première partie, Juantrip et The Bluets. Entrée : 16 €.
Peter Kember, alias Sonic Boom. © DR
< 05'12'07 >
Sonic Boom, quand le space rock fait boom

Sonic Boom, génial électron libre échappé des mythiques Spacemen 3 et vétéran de la noisy pop, inaugure ce soir sa nouvelle tournée européenne au Bus Palladium. Le sonic boom, c’est le mur du son… que la Grande-Bretagne franchissait avec gracieux fracas sous l’impulsion de Jesus & Mary Chain et My Bloody Valentine notamment. Et d’un groupe définitivement culte, Spacemen 3, formé autour de Jason Pierce et Peter Kember (aka Sonic Boom), qui synthétisait toutes les audaces et les libertés mélodiques de l’époque. Un critique rock du « NME » l’avait dénommé le « shoegazing », en vertu du fait que les musiciens shoegazers, figés sur scène, arboraient, sciemment ou pas, une attitude ultra complexée, les yeux rivés sur leurs chaussures et leurs pédales d’effets d’où miraculeusement l’inspiration semblait poindre pour resurgir distordue à haut volume de guitares. La définition s’applique aussi au format de l’interview, avec un Sonic Boom effectivement la tête en bas quand il parle, et Jason Pierce, qui, lui, ne dit rien :

Autant adulé que détesté, Spacemen 3 assume mal le simili statut d’icône shoegaze. Ils ne se veulent pas tendance, et les influences revendiquées par Sonic Boom n’ont rien d’actuel. Que du 60’s ou 70’s haut de gamme, avec un brin de folie bien dosé en supplément, comme dans le psychédélisme de Red Crayola, l’électronique et les expériences radiophoniques de Delia Derbyshire, les productions pop du Phil Spector Britannique, Joe Meek, les guitares du Velvet Underground et les drones bruitistes de La Monte Young, dont ces 20 minutes de « Suicide » capturées live semblent une parfaite combinaison électrique :

Alors que la noisy pop explose en 1991, et qu’elle trouve avec l’indépassable Loveless de My Bloody Valentine son œuvre définitive, le groupe splitte. Mais contrairement à la bande de Kevin Shields qui depuis était resté muette (jusqu’à l’annonce récente d’une reformation en 2008), les trajectoires séparées de Spacemen 3 se montrent passionnantes. Jason Pierce crée dans une ligne plus domestiquée mais de format pop très enlevé, Spiritualized®. Sonic Boom, sous couvert d’expériences polymorphes, parfois difficiles à suivre, donnera Spectrum, le groupe le plus en droite ligne de Spacemen 3, et surtout E.A.R., l’acronyme de Experimental Audio Research, un titre bannière qui nous renseigne sur les volontés aventureuses de son mentor. Collectif à géométrie fluctuante, EAR rassemble parfois une dream team digne des super groupes d’antan : Kevin Shields, encore lui, Kevin Martin de God et moitié de Techno Animal, Simeon, le gourou fondateur de Silver Apples, et Sonic Boom lui-même, plus que jamais livré aux attaques sonores à l’aide de synthétiseurs vintage et d’effets en masse.

La venue de Sonic Boom, ce soir à Paris, inaugure un show présenté comme un best of de toutes ces aventures, mais avec un accent indéniablement mis sur la face pop de Spacemen 3, Spectrum et quelques autres escapades … Peut-être qu’en ces temps de reformations en pagaille, Spacemen 3 et leur alias nous paraîtront encore plus essentiels que jamais.

Pour la bonne bouche, ou la nostalgie, deux clip souvenirs.

Guitares shoegazing a donf’, avec le clip de « Revolution » extrait de l’album essentiel de Spacemen 3, « Playing With Fire » en 1989 :

Un autre classique lancinant, « Hypnotized », paru en 1991, juste après la rupture officielle du groupe :

jean-philippe renoult 

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