Nouvel album de Radiohead en téléchargement à la carte.
Radiohead pendant l’enregistrement de « In Rainbows ». © DR
< 11'10'07 >
Radiohead plus Net, plus pop aussi

C’était couru d’avance : hier mercredi 10 octobre, le site du nouvel album de Radiohead a planté. Le 1er octobre, Jonny Greenwood, guitariste et chanteur, postait un billet laconique sur leur blog : « Hello everyone. Well, the new album is finished, and it’s coming out in 10 days ; we’ve called it In Rainbows. Love from us all. Jonny ». Ce septième album, le groupe a choisi de le rendre disponible uniquement en téléchargement (avant version luxe fin 2007-début 2008) et sans aucune indication de prix. On donne ce qu’on veut…, une proposition rendue possible parce que le groupe n’est plus sous contrat avec une maison de disques. Son manager assure néanmoins que l’album sortira bien « physiquement » sur un label, la rumeur parle de manière insistante de Parlophone.

L’engorgement de connexions le 10 octobre laisse supputer un succès, même si le groupe refuse de communiquer sur les ventes de « In Rainbows » (et sur le prix payé par les internautes). Et déjà ça gronde ça et là : si les dix MP3 sont exempts de DRM (Digital Rights Management), ils ont un débit un peu pauvre (160 Kbps), que le groupe assure pourtant être de meilleure qualité que sur iTunes.

Mais le mal est fait. Même si ce n’est pas une première, le fait qu’un groupe de ce calibre se passe de maison de disques pour soigner le lien avec ses fans fait date. The Daily Telegraph assure même que Oasis et Jamiroquai songeraient à proposer leurs prochains albums en téléchargement gratuit (on n’a pas confiance dans le porte-monnaie de ses fans ?). Et les has-been baggy de The Charlatans se retrouvent à leur grande surprise en première ligne, interrogés partout en experts, leur nouveau single étant téléchargeable gratuitement depuis le 4 octobre sur le site de la radio Xfm (et l’album le sera le 22 octobre).

« Ça nous plaisait d’obliger les gens à s’arrêter quelques secondes pour réfléchir à ce que la musique vaut », assure le chanteur de Radiohead. « C’était une question intéressante à leur poser. » Emancipé de tout contrat exclusif avec sa maison de disques, le groupe peut aussi se permettre la prise de risque : même si l’album n’était que peu téléchargé (on doute), et même si tous les internautes ne proposaient que quelques centimes d’euros en guise de rétribution, le bénéfice irait tout de même principalement et directement dans la poche des membres du groupe. La répartition des ventes de CD ou de musique en ligne indique en effet on ne peut plus clairement à quel point l’auteur est la dernière roue du carrosse : pour un titre à 0,99 €, les auteurs et compositeurs toucheraient 0,3 € maximum (en comptant la part SACEM, qui ne revient pas directement à l’auteur du morceau...).

Si le modèle de diffusion choisi par Radiohead est précurseur, pour la musique, on s’étonnera, comme le rappelle « Rolling Stone » titre à titre, de retrouver ici des chutes de sessions de « Kid A », « Hail To The Thief » et même « OK Computer » (le très rock « Bodysnachers » semblant s’échapper directement de « The Bends »). Certes, Radiohead offre là son album le plus pop, avec quand même quelques plages plus expérimentales (« 15 Step »)… Pour autant, la plupart des morceaux ne constituent pas une véritable surprise pour les fans : tous ou presque ont déjà été joués sur scène. Les purs inédits, on les trouvera sur le coffret « deluxe », payant lui. 40 livres sterling pièce (43 €). Téméraires mais pas fous, Thom Yorke et sa bande…

matthieu recarte et annick rivoire 

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