Le look soigné de « World of Goo », signé Ron Carmel et Kyle Gabler, en piste pour la finale de l’Independant Game Festival. © DR
< 18'02'08 >
Quand l’industrie du jeu vidéo célèbre l’indé

Elle a bien changé, la GDC. Pour sa première édition en 1987, la Game Developers Conference regroupait une vingtaine de personnes dans le salon d’un développeur. Cette année, 16 000 personnes sont attendues à San Francisco pour cette 21e édition et le site de l’événement annonce sans fausse modestie : « Venez rencontrer l’avenir du jeu vidéo, l’industrie aux 11 milliards de dollars. »

Car c’est là que se tissent les liens entre les professionnels du jeu, que les créateurs jeunes ou moins jeunes viennent chercher un emploi ou que des personnages reconnus par l’industrie animent conférences et ateliers. L’un des plus populaires, « The game design challenge », invite chaque année trois concepteurs de jeux à plancher sur un concept inédit à partir d’une contrainte. Pour cette édition, c’est le créateur de Tetris en personne, Alexei Pajnitov, qui s’y collera avec deux confrères, pour imaginer un jeu « inter-espèces », jouable par les humains et « au moins une autre espèce ». Si l’on se sent seul, un jour on pourra peut-être jouer avec son poisson rouge…

Le Sundance du jeu

Curieusement, une bonne partie du sel de la GDC, somme toute très institutionnelle, réside dans l’Independent Games Festival, véritable événement dans l’événement. On y retrouve une part du « romantisme » de la création des premiers jeux vidéo, élaborés par deux nerds dans le garage de leur mère, au milieu des cartons de pizzas. Le phénomène est cependant de moins en moins marginal : l’IGF, qui se veut l’équivalent pour les jeux vidéo du « Sundance film festival », fête cette année ses 10 ans. Une bonne partie des créateurs indépendants qui participent à la compétition travaillent dans l’industrie du jeu et montent ces projets pendant leur temps libre. Une démarche assez bien résumée par Tynan Wales, l’un des créateurs de « Iron Dukes », un « web-browser game » retenu pour la sélection 2008, dans une interview au site Gamasutra : « Quand on a commencé, explique-t-il, je voulais simplement pouvoir créer un jeu sans avoir de comptes à rendre et sans que personne ne vienne regarder par-dessus mon épaule. Je voulais travailler sur un projet qui me permette de bidouiller à partir de vieux concepts de jeux et de partir sur des pistes graphiques et d’écriture un peu folles. Dans l’industrie du jeu, le carcan hiérarchique peut vraiment étrangler la créativité. »

Pour réparer cet abus, 50 000 $ de prix récompenseront cette année les meilleurs jeux indés dans six catégories, dont : innovation dans la conception, excellence visuelle ou excellence sonore et un grand prix pour lequel sont en lice les jeux les plus prestigieux de la scène indépendante. En tout, 32 concurrents sélectionnés parmi 173 inscrits…

Pop’zap subjectif :

Le plus magique : « World of Goo », du duo 2dboy. Sur le papier, c’est un puzzle-game où de petites boules gluantes construisent des édifices. En pratique, un univers très personnel et enchanteur ; on se surprend à regarder la vidéo en boucle en attendant la sortie sur PC, Wii et Mac.



« Crayon Physics Deluxe », de Petri Purho, nous plonge immédiatement dans un rêve d’enfant où chaque gribouillis grotesque jeté à la craie grasse sur le papier prend vie… Une démo rudimentaire est téléchargeable ici. On a hâte de tester le produit fini.



Dans « Clean Asia ! » (téléchargeable ici), aventure au charme fou du Suédois Jonatan Soderstrom, le design minutieusement rétro a des allures de démos de coders des années 1990. On y retrouve aussi le côté addictif et la difficulté ridiculement élevée des premiers jeux.



« Audiosurf » approche de très près le Graal ludique du plaisir infini. Et pour cause : le jeu (à rapprocher du mythique « Rez ») n’a pour limite que la taille de votre collection de MP3, sur lesquels vous surfez littéralement aux manettes d’un vaisseau et en rythme dans un genre de Tetris hypernerveux... ou pas, selon votre musique.



« Poesysteme » est un monde très étrange, complètement vierge, à peupler avec des mots qui prennent leur indépendance, se reproduisent ou se dévorent. Il a été créé par des Français, étudiants à l’ENJMIN d’Angoulême.



« Noitu Love 2 : Devolution », ou le beat’em up à l’ancienne réinventé en solo par Joakim Sandberg, qui, à la ville, crée des animations 2D dans l’industrie du jeu.

mathias cena 

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