Diffusion à 22h15 ce soir sur Arte d’une Théma « Vivons branchés : la hip culture », soirée dédiée à Jean-François Bizot. Avec le documentaire « Une histoire de branchés » de Dominique Babin et Laurent Lunetta, et « Tendances et business » de Dominique Babin et Stéphane Werner.
Pete Doherty, sulfureuse icône pop, plus hype on fait pas. © DR
< 14'12'07 >
Pour vivre heureux, vivons branchés ?

Vite vite, une soirée hyp-hyp-hyp, la hype c’est pas si hourra que ça. C’est, une fois n’est pas coutume, une soirée télé que poptronics vous conseille (si vous n’êtes pas parmi les heureux spectateurs des concerts complets du jour), sur Arte, à partir de 22h15. Pléthore d’invités prestigieux, du beau monde underground jusqu’à la récup nauséeuse, comme le résume admirablement bien un Jean-François Bizot en chemisette verte sur fond bucolique (et donc vert aussi) : « La hype, c’est une façon de faire de la pub sans payer ».

Or donc, la théma d’Arte s’intitule « Vivons branchés, la hip culture » et déroule deux docus (on n’a eu le temps d’en voir un seul, malheureusement) : « Une histoire de branchés » (de Laurent Brunetta et Dominique Babin) et Tendances et business (de Sthéphane Werner et Dominique Babin encore). Un déroulé malin qui consiste à d’abord tenter une typologie de la hypitude, en partant de la définition du terme « hip » (chacun a la sienne, ça commence mal) jusqu’à la déferlante actuelle médiatico-publicitaire consistant à récupérer plus vite que son ombre underground tout mouvement ou amorce de tendance marginale.

Pour en revenir à notre histoire des branchés, commentée par l’un des plus grands observateurs de la contre-culture Greil Marcus (interviewé dans une limousine, on en tomberait presque à la renverse, n’étaient les années de désillusions qui ont passé entre la vague punk et ses soubresauts révolutionnaires et les relents néo-punk-rock hypisés par Colette and co) : à quoi reconnaît-on un branché ? Pas forcément à son style vestimentaire, mais plutôt à son attitude « cool », « stylée », « flambloyante », ou, plus prosaïquement si l’on s’en tient aux origines sémantiques du mot « hip » en wolof (selon Bizot) : « cligner de l’œil, être dans le move ». Passent donc en revue forcément rapide quatre tendances « hip » : les bad boys (des punks à Pete Doherty, aujourd’hui récupérés par la télé-réalité), les bohémiens ou nomades (de Rimbaud aux hippies, Devendra Banhart dans la droite ligne de ses contre-coups anti-folk) les dandys (d’Oscar Wilde à Marilyn Manson en passant par David Piper, organisateur de soirées so hype à Londres back to le grand siècle), les performers (avec une curieuse lignée de Fluxus à Dada jusqu’aux hackers d’etoy aujourd’hui) et enfin les VIP, ceux pour qui le mot hype est définitivement galvaudé, en tête le « modèle » choisi par Arte en la personne de Paris Hilton.

Comme toute tentative de sociologie télé, les catégories n’ont pas une réelle homogénéité, on peste parfois de certains rapprochements, on a du mal à comprendre ce que viennent faire aux côtés d’Eudeline et Marcus le biographe des Grateful Dead ou l’agent de Paris Hilton. Hors la facture un poil trop classique du documentaire (qui alterne gentiment interviews des grands témoins et images d’archives) et son côté catalogue à destination de tous ceux qui n’auraient jamais écouté un Clash ou lu un Kerouac ces vingt dernières années, l’exercice a le mérite de poser cette vraie question : après la hype, qu’adviendra-t-il ? Puisqu’il est aujourd’hui avéré que les contre-cultures sont immédiatement digérées par le capitalisme mondialisé (marketing, business, Internet, etc.), y a-t-il encore la possibilité pour ces « hipsters » de maintenir leur fonction de « fauteurs de troubles » dès lors que le trouble n’en est plus un ? Le deuxième documentaire de la soirée, qui propose de « présenter l’univers de la hype avec ses usages et ses coutumes, ses lieux et ses acteurs, ses bulles d’inflation et ses krachs », pourrait apporter quelques éléments de réponse.

annick rivoire 

votre email :

email du destinataire :

message :