DVD onedotzero_select 5, 17,99 £ (23.49 £ pour une livraison en Europe, soit 34 €), en vente sur le site onedotzero.com.
Eclats de suie, des Français Yves Geleyn et Julien Genoulaz, sélectionnés par Onedotzero pour figurer sur leur dernier DVD. © DR
< 11'07'07 >
Onedotzero, c’est dur d’être un pionnier

Le festival londonien onedotzero a fêté l’an dernier son dixième anniversaire, et peut-être le dernier. La manifestation de référence dans le domaine de la création numérique tous azimuts (dont le motion graphic design, qui a forgé son identité) a en effet décidé de délaisser l’ICA, où elle se déroulait annuellement, pour se recentrer sur la production de films, de clips, d’installations et de publicités, sans pour autant cesser l’édition de DVD et de livres.

On peut s’arrêter sur la logique de ce choix et plus généralement sur la place des festivals « physiques » au milieu d’un univers connecté, où les plates-formes de diffusion sont légion, des plus pointues aux plus généralistes. L’équivalent américain Resfest, d’ailleurs, déclare forfait pour 2007 mais il renaîtra, et c’est un scoop maison, début 2008 sous le nom de Tomorrow Unlimited avec une déclinaison parisienne. Comme lui, Onedotzero avait pour vocation d’extraire des disques durs du monde entier la crème des créations graphiques « computérisées ». Ces festivals sont aujourd’hui concurrencés sur tous les fronts et perdent ce qui faisait leur caractère exclusif et novateur. A l’avenir, les deux modes de diffusion devraient songer à s’enrichir et se compléter l’un l’autre (vaste chantier de réflexion, qui mélange le juridique et l’artistique…).

L’équipe de onedotzero poursuit donc vaille que vaille son activité éditoriale avec ce cinquième DVD de la collection onedotzero_select, 19 films issus de la fournée 2006 du festival. Au menu, comme toujours, un fourre-tout de courts-métrages qui ont déjà beaucoup tourné et qu’on peut revoir à l’envi, de clips (la portion congrue de ce DVD n°5), de films de nerds purs et durs mais aussi d’objets non identifiés, qui constituent la « touch » onedotzero. Petite pop’sélection.

Commençons par la vraie révélation, « Box », de Nakd (fer de lance canadien de The Ebeling Group), à voir ici. Les cartons envahissent la ville, par un mélange très malin de « live action » et de modélisation. On n’est pas très loin du célèbre « Sometimes » de Pleix, par un phénomène de contamination des esthétiques glacées. Exercice de style réussi qui est aussi une critique métonymique de la marchandisation à outrance, celle qui pollue aussi bien l’espace vital que nos têtes.

Rien à voir sauf sa présence sur le même DVD, le joli travail au surréalisme bon enfant de « Soot Giant » (« Eclats de suie » en VO), des français Yves Geleyn et Julien Genoulaz. Ce film qui fait songer à un croisement des travaux du photographe Laurent Grasso et de la graphiste Geneviève Gauckler a commencé sa carrière au sein des Films Faits à la Maison.

onedotzero_select5 offre aussi une belle session de rattrapage à ceux qui n’auraient jamais vu LE hit de l’année, « The Tale Of How » (dont voici le making-of, en bonus). Prétexte tout trouvé pour se replonger dans l’univers baroque du collectif des antipodes, The Blackheart Gang (Afrique du Sud).

Juste pour rigoler, on jettera un œil au clip « The War Photographer  » (morceau de Jason Forrest) ou comment marier l’univers très viril des vikings à… Kiss !

L’autre star de l’année, l’anglais Richard Fenwick, a entrepris en 2000 le pari un peu fou de réaliser cent films censés illustrer la manière dont les nouvelles technologies de l’information contaminent notre vie quotidienne. Dans « Rdn#16 Artificial Worlds v.3.0 », une bande de jeunes est poursuivie par une espèce de vague de verre numérique et aiguisé, prête à les absorber tout crus. Une esthétique certes un peu publicitaire mais pour un résultat saisissant – qui atteste du très haut niveau du court-métrage anglais et devrait figurer au programme de toutes les écoles de graphisme et d’animation.

benoît hické 

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