« “Monstre” s’affiche, les partitions visuelles », jusqu’au 12/07/12 à la galerie De Roussan, avec Pierre Andreotti, Michel Bayetto, Sylvie Blocher, Béatrice Cussol, Nicolas Dhervillers, Clarisse Hahn, Christophe Huysman, Romain Pellas, Agnès Thurnauer, Wendy Delorme, Laurent Herrou, Nicolas Jalageas, Frédéric Junqua, Emma Reen, Milady Renoir & Matthieu Riboulet, 10 Rue Jouye-Rouve, Paris (20e).

Carte blanche à la revue « Monstre » et sa webtv au Mac/Val, à l’occasion de l’exposition « Situation(s) », jusqu’au 16/09/12. La revue indépendante qui interroge l’homosexualité est invitée à répondre à la question « Avez-vous quelque chose à déclarer ? », Musée d’art contemporain du Val-de-Marne, Place de la Libération, Vitry-sur-Seine.

"Mariages, dans le jardin d’été", micro-événement n° 42, par Tsuneko Taniuchi, qui s’est mariée (à répétition) au Mac/Val, ici avec Arthur Gillet, dans le cadre de "Situations", l’exposition d’été dans laquelle la revue "Monstre" est invitée pour une carte blanche. © Gilles Beaujard
< 06'07'12 >
« Monstre » en vitrines estivales

« Monstre », la revue qui bouscule les genres et fait sortir/rentrer les gays du placard, Poptronics vous l’avait raconté, c’est bien. Et quand « Monstre » sort du papier et s’expose, ça donne quoi ?

En ce moment même, les garçons de la revue indépendante qui interroge l’homosexualité, l’art, la littérature (entre autres), envahissent Paris et ses alentours avec pas moins de deux expositions… Attention aux mélanges des genres, ici-même en guise de partenariat/soutien, je suis chroniqueur à mes heures sur Poptronics, mais aussi membre de la rédaction de « Monstre » et l’un des curateurs desdites expositions. Inutile de chercher ici (donc) une once d’objectivité !

La première exposition, « Les partitions visuelles », à la galerie De Roussan débutée en mai, se poursuit jusqu’au 21 juillet à Paris. La seconde consiste en une carte blanche dans le cadre de l’exposition « Situation(s) » au Mac/Val, le musée d’art contemporain du Val-de-Marne à Vitry.

« Les partitions visuelles » sont un élément de transition entre les numéros 3 et 4 de la revue (à paraître incessamment…) qui pose la question de l’exposition comme acte éditorial. Ces partitions fonctionnent à partir d’un protocole élaboré par moi-même, avec la complicité graphique de Gilles Beaujard. Le parti pris ? Aucune œuvre n’est exposée, seuls des fragments visuels et textuels sont à découvrir, éléments tirés des précédents numéros, textes originaux en forme de cadavres exquis de ces fragments. Comment montrer un travail de médiation ? L’exposition ici n’est pas la finalité mais un élément de transition vers le numéro 4 de la revue papier. L’idée est née d’un entretien entre Agnès Thurnauer et Sylvie Blocher (à lire dans « Monstre » 4).

Portfolios en écrins

Partant du constat que dans la revue, nous n’exposions jamais une œuvre totale mais des fragments, des images recadrées ou montées par nos soins, nous avons choisi de ne montrer aucune œuvre physique ni aucune pièce d’artiste dans son intégralité. Chaque artiste invité (neuf au total : Pierre Andréotti, Michel Bayetto, Sylvie Blocher, Béatrice Cussol, Nicolas Dhervillers, Clarisse Hahn, Christophe Huysman, Romain Pellas, Agnès Thurnauer) avait pour consigne d’extraire un fragment visuel d’une œuvre pour la reproduire en tirage limité sur papier. Chacun a ensuite façonné son portfolio de la même façon qu’il l’élabore dans la revue, donnant à voir l’ensemble de la série d’où est issue l’image reproduite ou présentant le contexte dans lequel s’inscrit le fragment visuel. Enfin, chaque artiste a déposé un (ou plusieurs) éléments sur une clef USB. Les trois phases de ce protocole correspondent aux trois phases de la fabrication de la revue « Monstre ».

Comme « Monstre » nourrit des relations complices avec des auteurs (dans chaque numéro, certains répondent à un thème proposé ou à un mot), nous avons soumis à plusieurs d’entre eux (Wendy Delorme, Laurent Herrou, Nicolas Jalageas, Frédéric Junqua, Emma Reel, Milady Renoir & Mathieu Riboulet), une série de mots-clés correspondant aux fragments d’œuvres des artistes. Seule consigne : utiliser un ou plusieurs de ces mots-clés dans un texte court. Les éléments (visuels et textuels) composent ainsi la partition, sorte de mise en espace d’une revue d’art.

Au Mac/Val, « Monstre » opère une autre forme de déplacement. À la fois ici et au-delà, la revue construit une nouvelle fois des posters visuels et textuels en y ajoutant sa touche personnelle, soit un « Brouillage d’été »,, une webtv d’entretiens : la théoricienne hacktiviste Nathalie Magnan, l’artiste Georges Tony Stoll et une rencontre entre Lalla Kowska-Régnier et la sociologue Nacira Guenif-Souilamas sont déjà en ligne sur le site du Mac/Val et de la revue. « Monstre » a conçu ses interventions au croisement de l’art, des sciences humaines et de la littérature, dans la librairie « désaffectée » (ou ré-affectée ?) comme l’a surnommée le rédacteur en chef de « Monstre », Tim Madesclaire, dans l’espace du musée et à côté de l’exposition.

Nathalie Magnan, tacticienne des médias, dans « Brouillage d’été », la webtv de Monstre au Mac/Val (2012) :

« Monstre » a choisi de rencontrer des personnalités à la croisée des problématiques de genre et de territoire, à partir de situations ambiguës, paradoxales, voire contradictoires, qui caractérisent les minorités sexuelles, raciales ou sociales, aux prises avec les dispositifs de récupération et d’intégration politiques et économiques des instances d’autorité et/ou de contestation de la société. Sont d’ores et déjà prévus les artistes Clarisse Hahn, La Bourette, ou encore le spécialiste de l’impérialisme Todd Shepard, de l’université Johns-Hopkins à Baltimore.

Brouillage des identités, des corps biologiques et politiques

Au centre de la librairie, des affiches, des textes (originaux ou citations) et des écrans présentent les interventions au fur et à mesure que celles-ci sont produites pendant les trois mois que dure l’exposition. Cette accumulation forme une sorte de zone opaque, un brouhaha sonore et visuel, qui s’efforce de matérialiser un constat inspiré de la « biopolitique mineure » de Giorgio Agamben : nous sommes dans une situation de brouillage des identités, entre corps biologique et corps politique, entre espace privé et espace public, entre individuel et collectif.

« Monstre », invité à répondre à la question « avez-vous quelque chose à déclarer ? », a fait usage de la « Tribune de Médiation Mobile » de l’artiste Rémy Bosquère. La revue a sollicité Stéphane Léger (critique) et Arthur Gillet (artiste) pour une proposition plastique autour de cet objet tribune où se performe habituellement le discours et s’instaure l’autorité. Ils proposent pour l’occasion une structure qui tente de brouiller le dispositif dans une mise en écho sonore et visuelle, sorte de surprise architecturale qui examine la place et le motif d’une tribune.

cyril thomas 

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