Le meilleur de la quatrième édition du festival Make Art 2009, du 8 au 13 décembre à Poitiers, au croisement de l’art numérique et des Floss (Free/Libre Open Source Software), les logiciels libres en licences ouvertes.
Une des affiches d’"Invisible Commitments" d’Olivier Laruelle, une visualisation du développement du logiciel libre Processing. © DR
< 21'12'09 >
May the fork be with you

(Poitiers, envoyée spéciale)

Des déflagrations de guitare dans un festival au croisement entre arts numériques et cultures du logiciel libre ? C’est l’assemblage étrange qui accueillait les visiteurs du festival Make Art, organisé par les membres de GOTO10 du 8 au 13 décembre à Poitiers. A l’origine des sons, les robots de l’« Army of Darkness » (l’armée des ténèbres) du collectif Gullibloon se frottaient aux quatre guitares posées face contre terre, au centre de la Maison de l’architecture. Les déplacements des soldats robots faisaient résonner les cordes.

Army of Darkness à Make Art 2009 :



La musicienne performeuse Reni Hoffmüller, quant à elle, faisait résonner la salle de concert du Carré Bleu. A l’aide de micro-contacts et d’un archet, cette activiste est partie en quête des différents sons du bâtiment, du toit aux cuisines. Elle en est revenue avec des enregistrements et a choisi l’endroit idéal pour poser son ordinateur, vers l’entrée, entre une fenêtre métallique et un radiateur, amenant le public à percevoir le lieu et l’environnement d’une autre manière.

L’installation « Image Scanning Sequencer » du designer Gijs Gieskes attirait elle aussi tout à la fois l’œil et l’oreille tout en rappelant plusieurs générations d’instruments de musique, qu’ils soient mécaniques, électroniques ou numériques. Un rouleau de papier imprimé est lu par le dispositif conçu par l’artiste néerlandais : le niveau de gris de l’image numérique déclenche des notes MIDI, tandis que le visiteur peut intervenir sur certains paramètres. La simplicité du dispositif n’est qu’apparente, l’instrument permettant une richesse sonore au fur et à mesure de l’écoute.

« Image Scanning Sequencer », une démonstration par l’artiste Gijs Gieskes :


Comment appréhender la façon dont un programme est développé ? Olivier Laruelle propose une visualisation de ce processus avec les affiches de son projet « Invisible Commitments » (engagements invisibles). Les affiches créées grâce au logiciel conçu par et pour les artistes Processing ont pour base les données brutes des sites-dépôts qui permettent aux différents programmeurs et utilisateurs de travailler ensemble au développement d’un logiciel en gérant les versions (comme Subversion, ou SVN, très couramment utilisé). A Make Art, l’artiste designer montrait côte-à-côte les visualisations du développement de trois logiciels libres utilisés par les artistes : Pure Data, Super Collider et Processing. Chaque structure se révèle différente (l’activité ou le nombre de fichiers n’étant pas similaires), dessinant des modes de collaboration distincts pour chaque communauté.

Ces projets avaient tous pour base commune le thème de Make Art 2009, le « fork ». Soit la possibilité en informatique de reprendre des projets existants pour les amener vers autre chose. Pour Rob Myers, du collectif FooCorp, la bifurcation n’exclut pas de ramener au projet principal tout ou partie des développements des « forkeurs ». FooCorp développe des projets qui s’inspirent de ceux du Web 2.0 mais en plaçant au centre la liberté de l’utilisateur plutôt que le contrôle par les entreprises. Ils « forkent la culture de masse propriétaire pour produire de la culture de masse libre », explique Rob Myers. FooCorp est à l’origine de Libre.fm, une alternative à Last.fm, pour écouter en ligne de la musique. Lancé le 1er avril dernier, Libre.fm revendique désormais 20.000 utilisateurs. La principale différence avec Last.fm, c’est que les données des utilisateurs appartiennent à ceux-ci, et non à la plateforme. Afin que quiconque ne puisse s’approprier commercialement le projet, son code appartient à la Free Software Foundation. FooCorp développe actuellement le projet daisycha.in, qui a pour but de créer des réseaux sociaux distribués et portables permettant à tout internaute de garder ses informations personnelles (et d’en contrôler leurs usages) quelle que soit l’évolution des réseaux sociaux.

anne laforet 

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