Festival du London Musicians Collective, du 29/11 au 01/12 au Cochrane Theatre à Londres. 15.00 £ par soirée, 35 £ le pass.
Avec Yasunao Tone, Taku Sugimoto, Charlemagne Palestine, Peter Evans & Steve Beresford & Mark Sanders...
Yasunao Tone, figure historique des musiques improvisées, est l’une des têtes d’affiche du festival London Musicians Collective. © DR
< 29'11'07 >
Londres monte le son

Maintenant que Londres est à 2 h 15 de Paris, bonne raison pour y aller plus souvent, mais pas pour n’importe quoi. Le 16e festival annuel du London Musicians Collective (LMC), qui se tient de jeudi à samedi au Cochrane Theatre, est un motif plus que suffisant pour faire le voyage, pour peu qu’on s’intéresse à l’art, au bruit, et à tout ce qui se trouve entre les deux mais qui ne porte pas encore de nom. Immersion dans l’art des bruits d’aujourd’hui.

Au LMC, fondé il y plus de trente ans et qui tient plus de l’organisation que du collectif, on doit notamment la création de Resonance FM, la radio la plus pointue du monde en même temps que la plus foutraque, puisqu’on y découvre foule d’étrangetés commentées par de rigolos érudits dans des styles aussi divers que l’art sonore, le punk hardcore, le fado et même un programme de pop française. Le festival en lui-même est l’occasion de rassembler des artistes tout aussi disparates, tous bien au-delà de la frontières des genres, dans une tonalité volontaire et radicale.

Ici, par exemple on n’a pas peur de jouer de la guitare assis, comme les Keith Rowe ou Derek Bailey lors de précédentes éditions, ou le plus jeune Taku Sugimoto pour le cru de cette année. Sugimoto est un comparse de Otomo Yoshihide, qui rappelons le, fut aussi un « guitarroriste » tonitruant avant de s’emparer des platines tourne-disques avec fureur, comme on le voit dans cette improvisation collective lors de l’édition LMC de 2006.

Papes et disciples se partagent cette année une affiche exigeante. Signalons la venue du très rare Yasunao Tone, pionnier Fluxus à l’aube des 60’s au Japon, aujourd’hui courtisé par Merce Cunningham pour une bande son de ballet. Tone doit principalement sa réputation au travail qu’il même depuis les années 80 à partir de CD détériorés. Objets devenus donc inutiles, mais dont les scories numériques et accidents sonores fournissent la base mouvante de ses compositions, auxquelles il adjoint un geste plastique et graphique saisissant.

Yasunao Tone, dans une performance grapho-sonore en 2002 :

Enfin, mention pour le compositeur Charlemagne Palestine, moins rare depuis qu’il réside à Bruxelles. Issu de la seconde génération des minimalistes new-yorkais qui emboîtèrent le pas à La Monte Young et Tony Conrad, Palestine joue d’un ou deux pianos simultanément, parfois les mêmes notes tout juste modifiées par de micro-intervalles… Hypnose garantie.

Voilà, tout ça, et bien plus encore, à 2 heures de Paris, mais encore à mille années-lumières du tout venant des programmations musicales ici-bas.

jean-philippe renoult 

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