Labichampi, dans le cadre du Printemps français en Lettonie, du 31 mai au 10 juin, Karosta, Liepaja, Riga.
L’intérieur de la maison champignon du collectif français Exyzt en Lettonie. © Thomas Lucas
< 07'06'07 >
Labichampi, l’altercréation du champignon letton
C’est un festival aux antipodes, rendez-vous aussi étrange qu’exotique. Inclassable, sauf à décréter l’avènement d’un art vert ou d’une « altercréation », Labichampi est un hybride de laboratoire utopique pour recréer du lien social en Lettonie, dans une friche militaro-industrielle russe, tout en imaginant de nouvelles formes de culture du champignon. Vous êtes perdus ? Normal, Karosta se trouve à 44 heures de bus de Paris, vaste casernement à moitié rénovée, réhabilitée en centre d’art et logement sociaux, un "ghetto en marge de Liepaja", ville côtière de la mer baltique, explique le collectif Exyzt qui s’y est investi depuis quelques années.
C’est ici que, dans le cadre du programme nouveaux médias du Printemps français en Lettonie se déroulait le week-end dernier le Labichampi festival (tandis que la programmation nouveaux médias se poursuit jusqu’au 10 juin à Riga).
Associations, collectifs d’artistes, écoles d’art et d’archi français (l’Ecole supérieure des arts décoratifs de Strasbourg a délocalisé son espace de recherche d’art en réseau, l’école d’architecture de Versailles a travaillé sur des projets contextuels), ont donc fait le déplacement jusqu’à Karosta. C’est ici que Carl Biorsmark et Kristine Briede, réalisateurs et photographes, ont créé le centre d’art K@2 et se sont associés à cette alternative champignonesque aux thémas classiques de festivals.
Exyzt et ses architectures de lumière vibrante a ainsi investi la "maison sans toit", en plaçant au cœur de cette ruine soviétique des troncs d’arbre gigantesques inversés (le toit est fait d’un dome en bois qui ressemble à la corolle d’un champignon mais peut aussi être envisagé comme un effet racines en l’air ou le monde tête-bêche), et en animant la façade d’une double peau de lumière. Des DJ’s sont venus jouer pour le millier de personnes attendues (Français mais aussi Lettons). Un streaming géant à échelle planétaire, entre Kinshasa, Strasbourg et Karosta, a été mis en place par l’ESAD pour des performances d’étudiants (ici et là-bas).
Dégustation de champignons et autres recettes pour cultiver ses champignons ont truffé le programme, les visites des bunkers de l’époque soviétique ont achevé un tableau politico-artistique, avant le cycle de conférences organisé par Bureau d’Etudes, le collectif activiste aux cartes politiques. Le centre d’art avait déjà organisé des ateliers, comme l’atteste le site créé pour le festival (en français) qui montre ces serres à champignon plantées sur les conduits de chauffage des blocs d’habitation béton, histoire de récupérer la chaleur perdue et de contribuer à une auto-suffisance alimentaire (on doute un peu de la finalité, personne n’ayant jamais réussi à se nourrir seulement de champignons). « L’idée du laboratoire pour faire pousser les champignons relève davantage du stratagème », explique Thomas Lucas, de retour de Karosta. On s’en doutait un peu, le champignon d’Exyzt étant assez peu comestible…
annick rivoire 

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