« JeSuisLaRelèveDeCharlie, l’opération en soutien à l’équipe de « Charlie Hebdo » qu’a lancée Poptronics au lendemain de l’attentat sanglant, a dépassé nos attentes : étudiants en art, illustration et graphisme ont contribué en masse. Voici l’ultime « fournée » !
Cédric Philippe, de la Hear à Strasbourg, qui a déjà contribué juste après la tuerie, nous a envoyé ce dessin d’actu du jour (et des jours à venir, la pénurie de Charlie en kiosque continuant). © CC
< 15'01'15 >
Je Suis La Relève De Charlie, encore !

Ça devait arriver. Après la ruée façon ouverture des soldes sur les kiosques et les maisons de la presse (qui n’avaient pas vu tant de clients depuis des lustres), l’unanimisme des derniers jours commence à se fissurer. Forcément : désormais la foule qui ignorait « Charlie Hebdo » a les dessins et les textes sous les yeux. Et c’est tout sauf consensuel – même si le numéro du 14 janvier 2015 n’est pas, logiquement, le plus corrosif de l’histoire de « Charlie ».

La ligne Plantu de la « liberté d’expression, oui mais… », comme le souligne Luz en dernière page, reprend du poil de la bête. Alors que la triste litanie des enterrements a commencé, les fusils des censeurs ressortent illico. Et pas qu’en Turquie : la presse américaine a bien du mal à trouver un positionnement face à la Une de l’hebdo.

Les blessés de la fusillade, dont Sigolène Vinson a fait le récit poignant dans « Le Monde », vont mieux. Philippe Lançon raconte l’effroi dans un magnifique texte envoyé à « Libération », sa rédaction d’attache, Fabrice Nicolino soigne sa jambe perforée et Riss devrait sortir de l’hôpital en début de semaine. Seul le webmaster, Simon Fieschi, n’est pas encore sorti d’affaire.

Les fractures au sein de la « famille » « Charlie » (voir l’instructif « Choron dernière » de Pierre Carles, en 2008) n’ont pas mis bien longtemps à se rouvrir. Delfeil de Ton, l’un des fondateurs d’« Hara-Kiri » et de « Charlie Hebdo », et partant, l’un des derniers témoins, avec Siné et Willem, des provocations originelles de la bande, se retrouve attaqué de toutes parts pour sa chronique hebdo dans « L’Obs ». Il y répète ce qu’il a toujours écrit (mais pour le savoir, il aurait fallu s’intéresser à « Charlie » plus tôt…) à propos de la « surenchère » dans laquelle Charb, « ce gars épatant, cette tête de lard », a « entraîné l’équipe ».

Le commerce aussi a repris ses droits après cette semaine suspendue, avec ceux qui lancent leur petit business « Je suis Charlie ». Pas moins de cinquante demandes de dépôt de la marque à l’INPI, qui a refusé de l’enregistrer, et des prix qui s’envolent sur eBay pour le numéro forcément historique paru hier.

A Poptronics, on s’en tient modestement à détourner notre tristesse en centralisant les dessins-hommages des étudiants en art, graphisme ou illustration. Nous en avons reçu plusieurs centaines, parfois accompagnés de textes, venus de partout, de Saint-Etienne à Marseille, de Montauban à Strasbourg, de Nancy à Lyon, jusqu’à La Réunion. Après en avoir publié une quarantaine au format de « Charlie » en PDF au début de la semaine (nous sommes toujours en contact avec eux, qui sont débordés, pour une réutilisation potentielle), en voici une ultime sélection.

Nous ne sommes pas seuls à avoir pensé à la « relève pour Charlie »… Allez jeter un œil aux sites Tumblr des étudiants de l’Ecole Estienne, des étudiants en école d’art, et de l’école Duperré à Paris, aux contributions de l’Ecole de communication visuelle pour « Libé ». On recommande particulièrement l’hommage rendu par « Fluide glacial », tout à fait dans le ton indocile des assassinés du 7 janvier, il y a un siècle.

We are millions. #JeSuisLaReleveDeCharlie.

Xavier Brandeis, Ecole supérieure d’art et de design (ESADSE), Saint-Etienne :


Clara Neumann, Haute école des arts du Rhin (Hear), Strasbourg :


Julie Escoriza, Hear, Strasbourg :


Mathilde Monstier, Ecole supérieure d’art de Lorraine (Esal), Epinal :


Ludwig Muller, Esal, Epinal :


Simon Ingrand, Ecole européenne supérieure de l’image (EESI), Angoulême :


Simon Bailly, Esal, Epinal :


Valentine Chevalley, ESADSE, Saint-Etienne :


Claire Chevalier, enseignante, à l’Ecole nationale supérieure d’art (Ensa), Nancy :


Thibaut Hardy, Hear, Strasbourg :


Emilie Thieuleux, Ecole d’enseignement supérieur d’art de Bordeaux (EBABX) :


Verbal Grib, internaute, « Pour eux » :


Olivia Ruello, « ancienne étudiante », Ecole européenne supérieure d’art de Bretagne (EESAB), Quimper :


Manon Alla (avec Anouchka), Ecole nationale supérieure d’art (Ensa), Limoges, ont réalisé un panneau devant l’école jeudi dernier :


Maxime Mouysset, Hear, Strasbourg :


Hélène Laurent, Institut supérieur des arts de Toulouse (Isdat) :


Quentin Désidéri, Ecole supérieure d’art et de design Marseille Mediterranée (ESADMM) :


Martin Guillaumie, ESADSE, Saint-Etienne :


Agathe Senn, Hear, Strasbourg :


Amélie Patin, Hear, Strasbourg :


Cyriaque Moniez, enseignant EBABX, Bordeaux :


Saehan Park, Hear, Strasbourg :


Yassine Gheribi, eEmafructidor école média art, Chalon-sur-Saône, accompagne son dessin de ce texte : « Moi français, musulman, et étudiant en art, vous fais parvenir cette affiche. Explication : Le mot peuple se dit chahab en arabe, en rajoutant un point sur la lettre Aïn, on obtient la suivante dans l’alphabet : Ghain. Le mot se lit désormais Charb, et sa traduction n’est plus Peuple.. mais Provocation, dans le sens d’un tumulte ou d’émeute. Merci à vous pour cette plateforme d’expression. Que vive l’espoir ! »

A nous également de dire merci à toutes et tous pour vos images, vos textes, vos messages. Nous arrêtons ici les publications, histoire aussi de ne pas participer à la récupération générale qui menace. Et attendons les retours de l’équipe de « Charlie Hebdo », alertée et toujours alerte.

votre email :

email du destinataire :

message :