Retour sur le New-yorkais James Chance à l’occasion de sa tournée européenne. Le 3/11 à Porto (Portugal).
James Chance : le sax de Coleman, le funk de James Brown, le tout filtré punk. © DR
< 15'10'07 >
James White, retour de Chance

James Brown blanc, Ornette Coleman punk, James White (alias James Chance) est le parangon de l’incroyable vitalité new-yorkaise de l’immédiat après-punk. Vaguement labellisé no wave, en regard de la compilation historique « No New York  » produite par Brian Eno en 1978, la scène décrite ici est bien plus disparate et foutraque que tous les courants du rock réunis. Elle concerne autant le dub funk new wave de ESG ou de Liquid Liquid, le noisy guitariste à 12 cordes, Arto Lindsay, le rock binaire et pré-synthétique de Suicide, que les comptines violentes et perverses de Lydia Lunch, l’incontestable égérie de ce mouvement, auprès de laquelle d’ailleurs James Chance convolera pour l’éphémère Teenage Jesus.

Chantant, criant, crachant, éructant dans un saxophone alto, dans ce no New York land, James Chance est le plus identifiable. Armé de solides références musicales, il invente un free-funk-jazz dopé aux stéroïdes du disco. Impossible d’être insensible à pareille énergie. Deux albums sortent dans la seule année 1979 et témoignent encore de cette incandescence rarement atteinte ensuite. « Buy - Contortions » et « Off White » sont extrêmes, mais chauds, contagieux et pire encore… dansants. « Contort Yourself » devient un hymne underground maintes fois cité, le vrai brûlot d’une Blank Generation punk qui ne voit plus son salut que dans la danse. En peu de temps, James devient hype. Il s’offre même en France un mémorable « Live aux Bains Douches » avec une pochette désignée par Bazooka, insurpassable signe extérieur de branchitude du moment. Avec sa figure d’anti-héros, James Chance est aussi une teigne. Il n’est pas rare qu’il bastonne le public du premier rang avec son contendant saxophone.

Voilà en quelque sorte l’image officielle d’une époque que l’on n’arrête pas d’exhumer, sans doute à l’excès, mais non sans bonnes raisons. Le retour de James Chance, après traversée du désert obligatoire, est bien plus qu’une curiosité rétro tendance. On en veut pour preuve ces deux vidéos du même titre joué à presque trente ans d’écart...

« I Can’t Stand Myself », James Chance and the Contortions, live à Florence, Italie, mai 2007 :

« I Can’t Stand Myself », James Chance and The Contortions, l’original de 1978 :

jean-philippe renoult 

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