Pop’surf’ spécial Serge Gainsbourg : un tour du Net à la recherche des pépites vidéo consacrées à l’homme à tête de chou, alors qu’on rentre dans une période de gainsbourmania aiguë.
Exposition « Gainsbourg 2008 » du 21/10 au 1er/03/09 à la Cité de la musique, 221 av. Jean Jaurès, Paris 19e (de 4 à 8€).
"C’est quoi qu’il a dans la main le monsieur ?" C’est un billet de 500 francs, et le monsieur, c’est Serge Gainsbourg. © DR
< 22'10'08 >
Gainsbourg online, il fume encore

Bon alors oui, Gainsbourg est fêté à la Cité de la musique avec une très jolie expo, merci. Oui, chacun y va de son souvenir (Joann Sfar, le père du « Chat du rabbin » passe au biopic, et s’en explique au « Figaro », en fan énamouré), émissions spéciales, couvertures de magazines, l’homme à tête de chou est partout. Et pourquoi pas sur poptronics ?

Une carrière musicale impec, un compositeur de folie, des textes qui font mouche (avant qu’on siffle la Marseillaise, lui la réécrivait à sa façon et ça faisait un tube, il acheta même le manuscrit de Rouget de Lisle pour se venger des paras), un provocateur émérite aussi (le billet de 500 qui part en fumée, la drague hyper lourde de Whitney en direct, la clope au bec et les bitures en direct, on en passe et des meilleures), un des rares artistes français qui fasse l’unanimité chez pop aussi. Alors donc, on est parti fouiller sur les sites de partage vidéo, traquer les images d’archives (on retrouve jusqu’à l’annonce de sa mort à la télé !), les raretés et les vieilleries, pour un florilège évidemment subjectif de ce qu’on aime chez lui.

Pour commencer, les internautes n’ont pas attendu pour rendre hommage à Serge Gainsbourg, la preuve avec ce montage de ses meilleurs moments télé, en trois parties (deuxième et troisième parties ici et ), montage qui omet bizarrement l’incroyable interview pour « 30 millions d’amis » où il parle de son chien !

Gainsbourg et la télé :



Quand il fait de la provoc à la télé, Gainsbourg sait aussi s’entourer, ici de Screamin’ Jay Hawkins pour ce « Constipation Blues » d’anthologie.

Serge Gainsbourg et Screamin’ Jay Hawkins - « Constipation Blues » :



Gainsbarre le provoc n’a pas fait oublier Gainsbourg chanteur. Des dizaines de scopitones noir et blanc circulent (du « Poinçonneur des Lilas » à « Elisa », « La Chanson de Prévert », « Je suis venu te dire que je m’en vais » ou encore « Pauvre Lola », trouvé sur un site de partage vidéo... russe et la version anglaise de « Sea Sex And Sun »), ou cette rare parodie signée Gainsbourg himself.

Serge Gainsbourg - « Le Fossoyeur de Pacy-sur-Eure », 1966 :



Et de passer à la couleur, on tombe dans la nostalgie.

Serge Gainsbourg - « La nostalgie camarade » (1981) :



Les images méconnues pullulent en ligne. On retiendra, entre autres, la session d’enregistrement londonienne d’« Initials B.B. », cette interprétation au piano du standard jazz « All The Things You Are », en 1964 avec les musiciens recrutés pour son album « Confientiel », l’oublié « Striptease » composé pour Nico et cette captation live 1979 de Bijou rejoint sur scène par Gainsbourg pour « Relax Baby Be Cool ». Mais la belle rareté qu’on peut trouver sur les sites de partage vidéo, c’est la mise en images d’« Histoire de Melody Nelson » par Jean-Christophe Averty. Ou la relecture pop d’un des chefs-d’oeuvres gainsbouriens.

Serge Gainsbourg et Jane Birkin - « Valse de Melody » :



Gainsbourg, succession

Evidemment, on trouve en ligne des reprise à la pelle et pas toujours les meilleures (qui sont presque toutes sur le CD produit par John Zorn il y a dix ans « Great Jewish Music : Serge Gainsbourg », juste indispensable mais invisible en ligne). En anglais, Arcade Fire, The Rakes, Placebo, Franz Ferdinand, Belle & Sebastian, Blonde Redhead ou Jarvis Cocker & Kid Loco (on préfère la version Internet pour sourds et malentendants) s’y sont frotté avec plus ou moins de bonheur. On retiendra dans ces multiples tentatives d’angliciser notre songwriter national l’intrigante association entre Jane Birkin et Portishead, dont les mélodies sont totalement inspirées du Français aux grandes oreilles (le son est en ligne ici). Et bien sûr, la version de « La Chanson de Slogan » par les Kills tirée du disque « Monsieur Gainsbourg Revisited » (2006), et ce clip réalisé à la façon de Chris Marker dans la Jetée par un Berlinois, Matthias Heuerman.

The Kills - « I Called It Art »



On n’a pas le droit mais la fin de « Sombre » de Philippe Grandrieux avec la reprise des « Amants perdus » par Elysian Fields est tellement superbe qu’on prend le risque de fâcher le réalisateur. Trop beau.

Elysian Fields - « Les Amants perdus »



Ce panorama serait incomplet sans Mick Harvey. Le guitariste des Bad Seeds (et de Crime and the City Solution) a patiemment traduit Gainsbourg en anglais pour deux albums de reprises recommandés (« Intoxicated Man » et « Pink Elephants » chez Mute).

Mick Harvey & Anita Lane - « Harvey Davidson » :



Un incunable, « Roller Girl »

On trouve aussi en ligne le Gainsbourg occulte. Celui de la comédie musicale « Anna » par exemple, monument de la culture des années 1960 malgré son modeste statut de téléfilm. Mêlant un peu de Nouvelle Vague à la culture pop, voire psychédélique, le film baigne dans la musique « anglaise » de Gainsbourg. Comme le souligne la notice Wikipédia, l’argument scénaristique est très mince - aucun scénariste n’est d’ailleurs crédité, mais l’image est soignée malgré un montage brouillon. Quant aux airs de Gainsbourg, on retiendra surtout « Sous le soleil exactement » et « Roller Girl », tous deux interprétés par Anna Karina, ici en sublime ménagère désirante.

Anna Karina - « Roller Girl »



Paroles et musique Gainsbourg, évidemment, mais on notera ici aussi les arrangements de Michel Colombier très proches de ceux de la fameuse « Messe pour le temps présent » qu’il réalise avec Pierre Henry cette même année 1967. Le film « Anna » s’offre lui comme autres participants Eddy Mitchell et Marianne Faithfull, auxquels on n’oubliera pas d’ajouter Jean-Claude Brialy qui répond sans complexe de sa chansonnette à Anna Karina. Mais l’image la plus marquante, celle à ranger au rayon des étrangetés, reste celle de Gainsbourg en jeune cadre publicitaire propre sur lui (cravaté et rasé de près !) entonnant « C’est la cristallisation, comme dit Stendhal ! »

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