Fundbüro, exposition du 14 au 17 février, une proposition de Catherine Beaugrand et Georges Pfruender, avec Nicolas Baduraux, Elsa Bouladoux, Gaëlle Cintré, Mwenya Kabwe, Cynthia Kros, Donna Kukuma, Dorothee Kreutzfeldt et Bettina Malcomess, Jyoti Mistry, Nontobeko Ntombela Réfectoire des nonnes, École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon, entrée libre de 13h à 19h, 8 bis quai Saint Vincent, Lyon. En association avec le tout nouveau festival Mirage (expériences numériques et audiovisuelles), du 13 au 17 février à Lyon.
Fundbüro au Réfectoire des nonnes à Lyon, l’espace galerie des Subsistances, où pendant 4 jours, artistes d’ici et de Johannesbourg refondent les notions de réseau, distance, convergence, fabrication… et donc de l’exposition. © Samuel Dématraz
< 14'02'13 >
Fundbüro Lyon, chercheurs d’art et pépites numériques

Fundbüro, première ! A Lyon pendant quatre jours, dans le très bel espace du réfectoire des nonnes aux Subsistances, la galerie de l’école des Beaux Arts, ce projet tête de pont de la recherche en art « s’expose » au public. On met les guillemets puisque Catherine Beaugrand, l’une des initiatrices de ce collectif entre artistes chercheurs de Johannesburg et de Lyon, le dit elle-même : « Ce n’est pas un lieu d’exposition, mais un lieu de production que nous ouvrons à Lyon. »

Poptronics a choisi de soutenir l’aventure, puisqu’aussi bien, les questions posées par Fundbüro nous animent. En vrac et sans hiérarchie, les jeunes artistes chercheurs de DatAData à Lyon et les artistes professeurs de la Wits School of Arts à Johannesburg reposent la question de la distance géographique (depuis qu’on nous serine que le réseau l’aurait abolie, le temps est certes rétréci, mais l’espace ?). Ils mettent en pratique des passerelles entre supports et formes (dessin-blog-imprimante 3D-édition-vidéo…), opposent le prototypage rapide au prototypage lent (en s’inspirant de la slow architecture, le prototypage lent renonce à la vitesse), et s’appuient sur la confrontation entre chop shopping et storytelling… Quoi, vous ne connaissez ni l’un ni l’autre ? Le storytelling est cette tendance venue d’outre-Atlantique consistant à transformer le moindre fait en histoire (d’ailleurs, Google Translate propose en traduction le terme « contes »), le chop shop est une pratique qui consiste à réassembler des « véhicules à partir de pièces détachées obtenues plus ou moins légalement, le plus souvent dans une économie de survie », avance le collectif. Autrement dit, un mélange de rétroingéniérie pirate et d’esprit DiY).

L’expérience Fundbüro ne fait que commencer et échappe déjà aux catégories : en quatre jours, il sera question de sortir une édition quotidienne de la recherche, de fabriquer des « bouchées de rêves en 3D », de réfléchir en public ou de s’exercer au chop shop… Une façon ludique et agitée de faire vivre la recherche en art.

Poptronics ouvre ses colonnes numériques à l’expérience, en publiant en guise de préalable le texte manifeste de Catherine Beaugrand, artiste et directrice de l’unité de recherche DatAData des Beaux Arts de Lyon, et George Pfruender, artiste et directeur de la Wits School of Arts, accompagné des premières photos et vidéos réalisées à Lyon par l’équipe de Fundbüro. Comme une mise en bouche de notre association, qui se poursuivra au-delà de ces quatre journées de visibilité publique.

Annick Rivoire

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Fundbüro

Par Catherine Beaugrand et Georges Pfruender

Un laboratoire flexible, housing retrieval

Fundbüro Lyon est une étape intermédiaire d’un projet de recherche, qui interroge les formats classiques de l’exposition et du workshop.

Cette proposition tente de rendre visible les méthodes et les recherches que nous menons de la manière qui soit la plus juste - à savoir dans la forme que nous donnons à voir mais aussi dans le processus individuel et collectif.

Moment de travail en commun, Fundbüro Lyon permet de poursuivre, reconsidérer, réinterpréter un prototype pour un laboratoire flexible.

Un agencement collectif d’énonciation, soft subversion

Le principe collaboratif intervient à plusieurs niveaux :

- dans la recherche théorique

- dans la circulation/ migration des rôles : auteur, facilitateur, traducteur

- dans les projets plastiques impliquant de manière fluide les différentes personnes de ce groupe de recherche.

Félix Guattari a proposé le terme d’« agencement collectif d’énonciations » pour définir un mode de travail en réseau dans lequel les intersections, les adjacences, les rapprochements et les parallèles permettent de faire exister des représentations et d’intensifier des processus d’élucidation.

L’agencement d’énonciations dépasse la problématique du sujet individué toujours situé dans des ensembles et des espaces de négociation.

Désormais le terme réseau recouvre le monde numérique et les relations humaines indissociables dans une urbanité globale.

La production de la recherche, computing with/out computer

Depuis l’ère numérique, qu’est-il arrivé à l’art et à la poésie, à la plasticité et à la textualité, à la conception et à la réalisation ?

La notion de Digital Humanities a été introduite dans les années 1940 pour traduire les bouleversements des sciences humaines au contact des technologies numériques. Quand ces disciplines prennent en compte le fait de conceptualiser et implémenter des recherches au travers des médias numériques, elles sont confrontées à des formats, des temporalités et des textualités préexistantes qu’elles ne peuvent ignorer.

Sans computation, le principe de recherche est centré essentiellement sur le contenu. Cette posture est déplacée par les outils numériques qui imposent des questions de formes. Les chercheurs sont contraints à une réflexion sur le médium de production et de diffusion de leurs travaux.

Matière à préoccupation, matter of concern

Dans ce processus de travail, nous souhaitons reposer la notion de matérialité en la distinguant de la physicalité.

La matérialité est une propriété toujours émergente. Elle se crée grâce aux interactions entre les caractéristiques physiques et les stratégies plus ou moins stables du sens et des interprétations.

Elle marque une jonction entre la réalité physique et les intentions.

Cette matière à préoccupation demande que nous pensions, hésitions, imaginions, prenions position dans cette co-évolution des humains et des techniques.

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Premières restitutions…

« I had a dream », projet présenté à Fundbüro Lyon, 2013 :

© Vidéo Samuel Dématraz, février 2013

« I had a dream » propose de « fabriquer », à l’aide d’une imprimante 3D, les rêves de tout un chacun. Le rêve est raconté, puis il est interprété en dessin par l’un des artistes porteurs du projet, Georges Pfruender, Mwenya Kabwe, Dorothee Kruetzfeldt et Donna Kukama, et délivré à la machine de prototypage rapide qui en fait une nouvelle interprétation (une variation autour de la notion de traduction). Ci-dessous, un dessin, étape intermédiaire du projet.

© Dessin Georges Pfruender

Documentation photo sur l’exposition au réfectoire des nonnes (cliquez sur les vignettes ci-contre).

L’intégralité de la discussion autour du « Salvage Art Institute », projet de l’artiste Elka Krajewska, présentée à Lyon dans le cadre de Fundbüro, est visible ici en ligne.

Le projet Fundbüro se déploie en ligne sur le site Datadata, et sur les blogs des projets lancés à Lyon, comme la « Correspondance » entre Catherine Beaugrand et Cynthia Kros (l’une en français, l’autre en anglais ayant chacune son blog, le résultat de leurs échanges apparaissant sur une troisième plate-forme). On y reviendra...

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