Facebook, PeekYou, Wink, ZoomInfo, les réseaux communautaires n’en finissent plus de grandir.
Pas cool, Facebook ? La preuve que si : son créateur, Mark Zuckerberg, pose en claquettes. © DR
< 21'09'07 >
Facebook is watching you

Qui arrêtera Facebook  ? Dix millions d’Européens ont rejoint ce réseau social, selon le cabinet d’études ComScore qui révélait hier un chiffre vertigineux : + 422 % de croissance en Europe depuis janvier dernier pour la firme créée en 2004 par un étudiant de Harvard, Mark Zuckerberg, aujourd’hui potentiellement multimilliardaire. Même si Facebook est encore classé derrière Myspace (25,2 millions de visiteurs uniques en Europe en juillet 2007), le réseau social hype est en pleine ascension. Il y a à peine un an, émergeant du réseau propret des étudiants et universitaires américains, on en parlait comme d’un Myspace en plus cool encore ( !) qui attirait logiquement les géants du secteur (Yahoo ! avait alors proposé de racheter la communauté de 9 millions d’utilisateurs pour un milliard de dollars). A la lecture de ces chiffres délirants, les annonces des dirigeants de Facebook, espérant lever 10 milliards de dollars en Bourse, semblent de moins en moins surréalistes…

Quatrième site en nombre de visiteurs uniques en Europe, Facebook est à un nouveau tournant stratégique : depuis le 5 septembre , potentiellement, les informations personnelles des membres sont disponibles depuis n’importe quel moteur de recherche. Sans qu’aucun utilisateur n’y voit rien à redire. « Facebook est tellement lié à une habitude nord-américaine, des amis, du lycée, de la fac... un peu comme une version contemporaine des trombinoscopes, c’est également une extension des sites communautaires avec un petit plus : une interface plus agréable et ludique », explique un converti. Certes, il y a bien une pétition pour un Facebook en français lancée par les Québécois, mais la « communauté » des internautes ne s’est guère manifestée pour mettre en garde contre cette captation des données privées.

Comme sur les autres sites de ce type, basés sur une communauté d’intérêts et d’affinités (qu’on vienne y papoter musique comme sur MySpace ou draguer comme sur Meetic), l’internaute doit prouver son envie d’appartenir au groupe. Il est obligatoire de s’inscrire, de remplir son « profil » et se laisser guider pour construire un réseau social (le site prend tout en main, y compris votre carnet d’adresses ; tous vos correspondants étant automatiquement invités à rejoindre Facebook).

Le site de socialisation qui recrute dans le monde un million de fans chaque mois, propose désormais que cette fiche « profil » soit acccessible hors Facebook. L’internaute peut ou non décider de remplir les champs de ladite fiche, avec des précisions sur le sexe, l’orientation sexuelle (« interested in men, women, au choix »), ses centres d’intérêt (« à la recherche de… amitié, drague, relation, aléatoire, ce que je peux avoir »), ses date et lieu de naissance, ses accointances politiques et religieuses. Avec son accord, ces informations seront visibles sur des moteurs de recherche type Google ou Yahoo. Précipitant encore un peu plus nos identités numériques dans un vaste creuset où le grand méchant Big Brother n’est autre que chacun d’entre nous.

Facebook prône avec angélisme un réseau énorme, avec pour objectif annoncé 60 millions de membres d’ici fin 2007 (40 millions aujourd’hui). Pour l’AFP et les journaux économiques qui ont relayé la nouvelle de cette « ouverture » du réseau vers le grand réseau, « c’est une confirmation du succès du site qui, de réseau privé va devenir une sorte d’annuaire public ». « Une sorte de », c’est le moins qu’on puisse dire... Insidieuse, l’option « publique » est proposée par défaut, et les utilisateurs peuvent la refuser ou la limiter à une partie des données. On imagine le bénéfice que pourront tirer de cette mise à disposition d’informations plutôt personnelles, voire confidentielles, les recruteurs qui n’hésitent plus à rechercher le passé numérique des candidats à l’embauche, les administrations ou les banques - « ah bon, vous avez de multiples aventures, est-ce bien raisonnable pour obtenir une assurance vie, mmh ? » On imagine aussi facilement l’énorme bénéfice qu’en tireront les fondateurs de Facebook, qui se trouveront ainsi dans le peloton de tête des sites à la PeekYou, Wink ou ZoomInfo qui indexent les millions d’internautes dans le monde. Inscrit dans Facebook pour mieux l’évaluer, un observateur des réseaux explique : « Retournement de situation, c’est l’interface (sociale et cool !) qui maîtrise les personnes... Le Net change à la vitesse de la révolution qu’il était, mais cette révolution se mue en mécanique de contrôle. » Fini l’anonymat, on vous dit…

annick rivoire 

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< 3 > commentaires
écrit le < 21'09'07 > par < lozano WjU provisoire.com >

Lorsque facebook deviendra le trombinoscope/ID incontournable adopté par les entreprises et les services administratifs et qu’il n’y aura plus d’autre choix que de remplir sa fiche de candidature pour "exister" alors on ne parlera plus de révolution mais de "routine" et de "paperasse virtuelle".

J’attends avec impatience ce jour là... histoire de passer à autre chose de bien plus intéressant.

écrit le < 25'09'07 > par < nmagnan L3Y altern.org >
certains disent que le site a été initié par la CIA, theorie de conspiration certainement ;-) http://www.nzherald.co.nz/section/story.cfm ?c_id=5&objectid=10456534&pnum=0
écrit le < 18'11'07 > par < contact gV9 6oogle.fr >
Le logo de facebook détourné en peinture : http://www.6oogle.fr/facecock.htm