DotRed, projet de David Guez, « premier jeu en ligne à caractère social et humanitaire ».
Présentation de DotRed par David Guez au Web Flash Festival le 24/05 de 16h15 à 17h au Centre Pompidou, place Georges Pompidou, Paris 4e (entrée libre).
Paris pas cher : DotRed jeu socialement engagé, où le joueur peut s’approprier un petit bout de la capitale. © DR
< 24'05'08 >
DotRed met Paris en jeu pour la bonne cause

Brouiller les pistes, inventer de nouvelles règles, c’est un peu ce que pratiquent quotidiennement les artistes nouveaux médias. David Guez (qui fait partie de l’équipe fondatrice de poptronics), est de ceux-là, de cette poignée d’artistes du code travaillant les protocoles du réseau comme d’autres manient le pinceau ou la baguette d’orchestre. De la même manière qu’un artiste conceptuel reste largement inaccessible à qui ne connaîtrait pas l’histoire de l’art, leurs propositions ne s’apprécient qu’à l’aune d’une certaine connaissance des réseaux, de leurs cultures et pratiques. DotRed, le projet de réseau social ludico-humanitaire que David Guez met en place à l’occasion du Web Flash Festival (partenaire de la plate-forme) mixe les deux tendances lourdes du numérique en 2008, les serious games et les réseaux sociaux. DotRed se propose en effet de financer des associations luttant pour le droit au logement, à l’aide d’une interface ludique et conviviale, sorte de jeu multijoueurs en ligne à but humanitaire s’inspirant des archétypes du Monopoly ou d’un Sim City, le best-seller de Will Wright qui a déterminé toute une génération d’urbanistes en herbe.

Lancé sur le Net depuis moins d’une semaine, DotRed (« dot red » : le point rouge de veille de tous nos appareils électroniques) s’attaque à Paris, un Paris découpé en 1 million de parcelles de 100 m2 à vendre. Chaque « joueur » peut ainsi pour un euro s’approprier un petit bout de Paris (symbolique compte-tenu des prix de l’immobilier). En contrepartie, un cube 3D blanc à l’emplacement exact de son acquisition (sur une Google Map customisée) apparaîtra, qu’il aura alors à cœur (c’est le pari) de développer (et de monter en gratte-ciel) en appelant d’autres amis de son réseau à participer au jeu. Dans sa version exposition, DotRed montre l’état de la ville 3D, soit l’état de la générosité des internautes à participer au jeu tout en finançant deux associations qui ont accepté d’être partenaires, Don Quichotte et le DAL. Objectif : atteindre le million d’euros de donations et permettre « de regrouper des internautes autour de missions humanitaires ou environnementales issues du réel ».

Parce que, explique David Guez dans un livret accompagnant la mise en place de DotRed, « une des perspectives fondamentales des projets artistiques en réseau est de créer des passages entre les communautés des mondes virtuels et celles du monde réel en appliquant des transformations qui vont dans le sens d’une amélioration du bien commun ». Utopiste ? Impossible de juger aujourd’hui de l’impact de DotRed sur les internautes. Pas plus qu’on ne peut prédire l’envol d’un Facebook ou l’attrait d’un Orkut avant que des centaines de milliers d’internautes l’aient adopté, la proposition de David Guez reste ouverte à l’appropriation. Et même si Jean Menu, auteur d’un rapport au CNC (Centre national de la cinématographie) sur le marché du jeu vidéo dans le monde en 2007, évaluait le marché des serious games « entre 300 et 700 millions d’euros », rien, sinon l’envie de pousser ce genre de projets, ne permet d’affirmer aujourd’hui que DotRed rencontrera l’engouement du public. Car l’alchimie d’un jeu repose sur une combinaison subtile de gameplay (la carotte et le bâton) et de règles de sociabilité (le jeu massivement multijoueurs doit être ouvert à multiples possibilités). Et que c’est sans doute encore plus compliqué et incertain quant aux réseaux sociaux (Facebook a réussi à attirer ses 68 millions de membres en conservant le plus possible son côté réseau d’étudiants entre eux et les 20 millions de Skyblogueurs sont essentiellement des adolescents).

annick rivoire 

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