Squarepusher, « Solo Bass Show » le 07/09 à 20h dans le cadre de Jazz à la Villette, 12 €, première partie Pierre Bastien, tel. : 01.44.84.44.84, Paris 19ème.
Jazz, electronica, funk, drum’n’bass, musique concrète : rien n’échappe à la tête chercheuse Squarepusher. Qui a dit avant-gardiste ? © DR
< 07'09'07 >
Do you know Squarepusher ?

Dans la vie, musicale ou autre, il y a parfois des rencontres décisives, comme une histoire qui se noue. La sortie de « Hello Everything » l’an dernier, dixième album de Tom Jenkinson, aka Squarepusher (littéralement « pousseur – ou dealer ! - de carré ») est bien à mettre au rayon des bouleversements intimes, de ceux qui créent des connexions inédites dans la tête et le corps. On a d’autant plus envie de voir le bonhomme sur la scène de la Cité de la musique ce soir, dans le cadre d’un Jazz à la Villette décidément très ouvert. Ses productions antérieures, une poignée de disques plutôt impénétrables et touffus, du genre difficiles à saisir, étaient du coup envisagées sous l’angle unique du « beau bizarre » (« Ultravisitor », sorti en 2003, contribuant à brouiller les pistes, déjà bien embrumées à la fin des années 90 avec le fameux clip réalisé par Chris Cunningham pour « Come On My Selector »).

L’anglais barbu a pourtant réussi à condenser dans « Hello Everything » le meilleur de son inspiration, ne renonçant en rien à son âpreté tout en nuançant sa gamme et en développant des compositions qui tiennent aussi bien du be bop rénové que de la musique électronique la plus tordue (les amateurs de St Germain risquent d’en perdre leurs oreilles…). En plus de son appartenance au premier ban de la vénérable écurie Warp Records, Tom Jenkinson est considéré comme le géniteur d’une nouvelle musique (parfois nommée IDM, pour Intelligent Dance Music, terme très contestable qui lui est associé, ainsi qu’à son ami Aphex Twin) : un mélange hardi de background jazz tendance free, d’une pratique virtuose mais jamais tournée vers l’épate de la basse et de la batterie et d’une prédilection pour les coups de scalpel numérique et autres tortures de machine, le tout sur fond d’une drum’n’bass toujours prête à grimper aux rideaux.

Petite piqûre de rappel : Tom Jenkinson vient tout droit des années 90, la décennie drum’n’bass, ce genre musical so british, dérivé technoïde du jazz et des musiques jamaïcaines. Cette même décennie fit d’ailleurs découvrir au grand public les mastodontes de la musique à danser, dans un spectre qui s’étend des rythmiques martiales de Carl Craig aux infra-basses de LFO (au considérable impact comme le rappelle le livre « Techno Rebelle »).

Squarepusher est donc le fruit de ce brouet musical plutôt inédit, aux frontières de la musique savante, du jazz et des inspirations les plus contemporaines et électroniques. Ses prestations en France sont rares et constituent de vrais évènements. Il joue seul, souvent sous un déluge de lumières, accroché à sa basse et manipulant ses programmations avec l’énergie des artistes habités. Pour preuve, cette version live de « Hello Meow », l’un des meilleurs morceaux de « Hello Everything » :

Tom Jenkinson se produira ce vendredi en version basse solo, accompagné des saxophones d’Evan Parker mais délesté de ses machines diaboliques, une formule qu’il expérimente depuis maintenant quelques mois et qu’on ira découvrir sur la grande scène de la Cité de la musique. A signaler, en première partie, l’infatigable Pierre Bastien et ses joujoux sonores (signé sur Rephlex, le label d’Aphex Twin). Après le concert, ticket en main, direction l’aftershow Warp Records au Bus Palladium.

benoît hické 

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