Dan Auerbach en concert le 18/05 à 19h30 au Trabendo, 211 avenue Jean Jaurès, Paris 19e.
« Keep It Hid » (V2/Cooperative Music) à écouter dans son intégralité ici.
Dan Auerbach tutoie les fantômes de la musique américaine. © DR
< 18'05'09 >
Dan Auerbach, le blues à cru

« Gardez-le caché » (« Keep It Hid ») annonce le premier album solo de Dan Auerbach. Pourtant le chanteur guitariste échappé des Black Keys n’est pas du genre discret. C’est même en faisant beaucoup de bruit qu’il a passé les frontières d’Akron, Ohio, capitale du pneu déchaussée par la crise automobile.

A peine un pied dans les années 2000, les Black Keys (Dan et le batteur Patrick Carney) font machine arrière et s’engouffrent dans la brèche réouverte par quelques blancs-becs, les Jon Spencer Blues Explosion, White Stripes et les types du label Fat Possum sur lequel ils signeront trois albums, chevauchant à cru l’histoire du rock, remontant au blues des origines. Moins sexy que les premiers, moins barnum rouge et blanc que les seconds, les Black Keys, hirsutes et dépenaillés, plantent un clou rouillé dans le genou de l’Amérique, salopant leur blues d’un méchant groove psyché graissé à l’huile de vidange. Sous des pluies (d’)acides, les deux gars d’Akron lorgnent vers le Sud. Réinventer le blues, histoire sans fin. Eux le dénudent, comme on le fait d’un fil électrique, lui assènent des riffs costauds, lui cognent fort sur la tête, vont croquer les pieds des morts et cracher sur leur tombe.

Cinq albums et demi au compteur, et quasiment toujours la même chose. Rien de violemment neuf non plus sur ce « Keep It Hid » solo écrit sur les routes de tournée du groupe. « La seule chose que je ne veux pas faire est d’essayer de sonner différemment des Black Keys. Je veux juste faire ce que j’aime », dit Dan Auerbach. Sauf que cette fois fini le passage en force et les coups de buttoir, l’héritage est apaisé, la guitare baisse d’un ton, la batterie se calme, d’autres instruments s’ajoutent : basse, percussion, claviers et glockenspiel. Plus classic rock que garage ravageur. Dan joue de tout ça lui-même, s’enregistre sur des machines antédiluviennes dans son propre studio, le bien nommé Akron Analog, envoie ses bandes à la presse à vinyles. Son oncle Jim joue de la guitare sur un morceau, son père lui a écrit une chanson (« Whispered Word »), Jessica Lea Mayfield (dont Dan a produit le premier album, « With Blasphemy So Heartfelt », sur son label Polymer Sounds) fait une apparition. Sur scène il s’entoure, des Texans d’Hacienda (Austin), du batteur de My Morning Jacket.

Dan Auerbach et son oncle, James Quine - « Trouble Weights A Ton » :



« J’ai toujours beaucoup aimé les réunions de famille. C’est comme ça que j’ai appris à jouer de la guitare. C’est pour ça que j’ai voulu faire de la musique, en écoutant la famille de ma mère jouer du bluegrass, de la soul. » C’est ainsi que s’alignent sur l’album (face A, face B, indique la pochette du CD) quatorze chansons d’un heavy rock qui va puiser à sa source : gospel, bluegrass, country, boogie, blues, soul, des rednecks des Appalaches aux bluesmen édentés des marais en passant par leurs héritiers à poils longs des 70’s (Creedence, Led Zep). Entre la BO d’« O’Brother » et celle d’« Easy Rider ». Le XXIe siècle n’est toujours pas prêt d’exister et ça n’a aucune espèce d’importance.

julie girard 

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