« Papillote » fait dans la contre proposition cette semaine en allant débusquer les premières expositions en ligne. Car l’art n’a pas attendu le confinement pour peupler les espaces virtuels. Pour recevoir la tinyletter de Nicolas Frespech, par e-mail : https://tinyletter.com/Papillote/
« My boyfriend came back from the war », d’Olia Lialina, 1996 (capture écran). © DR
< 06'04'20 >
Comment on exposait avant ? Episode 1

Les musées en dur sont fermés, les expos fleurissent en ligne, remettant en selle des débats qu’on croyait d’un autre âge sur l’intérêt des espaces virtuels vs réels. De l’art en ligne, il en existe depuis les débuts du réseau (et même avant), se souvient Nicolas Frespech dans cette « Papillote ».

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Dans ce sachet on pourrait parler vernissage URL avec des bols remplis de 🍬🍬🍬🍬 et des 🍸🍹. On se pose la question suivante : comment on exposait avant ? (Avant quoi ?) 🖌️ Alors on ravive sa mémoire pour se souvenir (c’est subjectif) de quelques expositions exemplaires, disparues parfois des réseaux, et en proposer les traces. Inspirantes ?

🍬🔗 De quoi s’agit-il ? Il y a « ceux qui vont utiliser le cyberespace pour l’obtention de nouvelles composantes plastiques, et d’autres qui vont transformer l’expérience communicationnelle (processus et produit) comme un travail en lui-même », expliquait Cécile Petit en 2002.

🍬🐉📹🎭 1999. « Lascaux 2 » avec Jean-Luc Verna, Natacha Lesueur et d’autres… A l’été 1999, la Villa Arson de Nice réalise un « no summer show ». Elle ferme ses portes au public et organise l’exposition « Lascaux 2 ». Ce projet est créé à une époque où la plupart des connexions Internet avaient un débit d’environ 56 kilobits par seconde, alors que Google avait à peine 1 an…


L’interface d’entrée dans « Lascaux 2 », en 1999. © DR

🍬🎗️💡Qui dit net art , dit Ada Web bien entendu ! On parle ici de cette plateforme de l’art en ligne active de 1994 à 1998. Chose rare, le site est toujours actif, avec notamment des œuvres de General Idea.


La proposition de General Idea pour Ada Web, un GIF coloré en pleine épidémie de sida. © General Idea)

🍬🏬 En 2005, le Magasin Centre national d’arts et de culture (CNAC) de Grenoble suit déjà la stratégie « ok on est fermé, alors pourquoi on ferait pas des trucs en ligne ? »… Sauf qu’à l’époque, Claude Closky était le commissaire… A lire, l’article de « Libération » d’époque.

🍬🛬🌇🇺🇸 Avant même l’Internet, « The Thing », initié par Wolfgang Staehle en 1991 était une plateforme au format BBS pour artistes. En 2001, l’artiste allemand Wolfgang Staehle ne se doutait pas que « untitled », son projet de webcams connectées autour du monde, allait filmer l’attaque du World Trade Center le 11 Septembre.


Mariko Mori sur « The Thing » aux alentours de 1994. © Courtesy Wolfgang Staehle

🍬🖥️🌻 EN France aussi, en 1997, le musée d’art contemporain de Lyon (MAC) de Lyon présentait une expo en ligne, « Version Originale‹ : 27 artistes francophones sur Internet », dont Philippe Parreno et Pierre Huyghes, Matthieu Laurette, Pierre Joseph, Catherine Beaugrand… Georges Rey, commissaire de l’exposition, a conservé l’affiche.


L’affiche témoignant de l’exposition au MAC en 1997. © DR

🍬👨‍🎨👩🏻‍🎨 Les écoles d’art n’étaient pas en reste. En l’an 2000, l’école des beaux-arts de Lyon offrait une webscene !

🍬📀💾 Alors qu’à l’étranger à la fin du millénaire dernier, le CICV (Centre international de création vidéo Pierre Schaeffer) était connu, au même titre que le ZKM allemand, le V2 néerlandais ou l’ICC japonais comme l’un des centres d’art pionniers du numérique en France, en 2020, il a été « effacé des disques durs ». Mais pas de la mémoire de certain.e.s !

🍬🏠💃 Olia Lialina est notre @GIFmodel favorite d’hier et d’aujourd’hui ! En 1996, Olia réalisait le chef d’œuvre « My boyfriend came back from the war ». En 2020, elle s’active en mode archive avec « Stay home, make a home page ». Elle plonge dans les archives du net et c’est beau !

🍬♻️👀 Olia Lialina (toujours) présente actuellement à Londres une expo (fermée au public, à cause de...), « Best Effort Network », qui regroupe anciens et nouveaux travaux, façon White Cube. Après un vernissage en ligne, elle la partage avec un live Youtube. Drôle d’idée, ça doit consommer de la bande passante ce truc (cf 56 kilobits par seconde d’avant) !

🍬🌊 En 2011 est mis en ligne le SPAMM, le « Super Art Modern Museums, qui regroupe des artistes internationaux sous la houlett du Français Systaime. Selon « Libération », « ils utilisent Internet comme une plateforme déterminante dans leur pratique, de façon spontanée et sans chercher forcément une reconnaissance dans les instances traditionnelles de l’art. »

« *PLSS », Claudia Maté, 2014 (dans la sélection SPAMM) :

🍬📍 L’artiste français Raphaël Bastide lui n’a pas l’air content et le fait savoir sur Twitter :

Sauf que reconstruire un espace en 3D, c’est une façon d’habiter l’espace 3D, White Cube ou pas.

🍬👾 Passé présent Turfu ! Et si ces années avaient inspiré « une esthétique 8 bits » ? En 2020, « LIKELIKE ONLINE », le « plus petit des jeux massivement multijoueurs en ligne » expose des jeux vidéo dans une vraie fausse salle d’arcade genre White Cube pour gamers !


Six jeux pour une expo confinée sur les « crises et renaissances », conçus avec Bitsy, outil créé par Adam Le Doux. © DR

🍬🎁 The Tiny Gallery, c’est un bot Twitter qui génère sans arrêt des expositions. On dirait même qu’il y a une performance de Marina Abramović ! Quelle productivité !

🍬🔮 L’exposition en ligne sous respirateur artificiel ? Orit Gat explore pour « Art Agenda » ce que le covid-19 fait à l’exposition : « With every email I receive about new digital programs from museums, galleries, and other art institutions around the world, I feel more conflicted. » Et si il y a un demain, on fait comme avant ?

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