A l’occasion du Festival international du court métrage de Clermont-Ferrand 2020, du 31 janvier au 8 février, notre focus du jour sur un des 161 films en compétition : « An Arabian Night », de Pierre Mouzannar (Royaume-Uni, Angleterre, Liban), en compétition internationale.
« An Arabian Night » de Pierre Mouzannar, une fable orientale contemporaine (capture écran) . © DR
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Clermont 2020, le court du jour 7 : « Arabian Night », c’est beau une fable la nuit

Clermont-Ferrand, envoyée spéciale

« Ça aurait pu être une histoire des Mille et une nuits », dit Pierre Mouzannar aux derniers Expresso du Festival international du court métrage de Clermont-Ferrand, ce samedi 8 février. Son film « An Arabian Night », en compétition internationale, est une fiction douce à l’extrême finesse qui conte l’improbable rencontre entre un soldat britannique à la veille de son premier déploiement en Irak et le gardien irakien du club de tennis où il est venu taper quelques balles.

« Une rencontre entre deux mondes, deux cultures, qui devrait se passer plus souvent » selon le réalisateur, lui-même jeune Libanais, arrivé à Londres à 17 ans et qui y a fait ses études de cinéma (son film est celui qui signe sa licence en cinéma).

« An Arabian Night », Pierre Mouzannar, Royaume-Uni, Angleterre, Liban, 33’ (bande annonce) :

Michael, plus ou moins convaincu de faire le bien en s’attaquant au grand méchant Daesh, « va vivre cette nuit en Irak sans jamais y être allé ». Si le début et la fin du film sont bien ancrés dans la réalité, tournés en extérieur caméra sur l’épaule, le cœur du film a la couleur d’une « fable orientale ». Le club de tennis figure « un endroit où on n’est pas censé faire ce qu’ils y font » : jouer au ping-pong avec un volant de badminton, s’enivrer, fumer, danser…

S’ils se livrent l’un à l’autre, si loin et pourtant si proches, c’est par petites touches, avec une grande pudeur. Une caméra appartenant à Omar leur sert de trait d’union, parce que « c’est plus facile de parler à travers les images ». Aussi bien celles qui traumatisent Omar que celles qu’ils vont fabriquer ensemble en improvisant un théâtre d’ombres et de lumières.

Pour accentuer l’effet de rêve éveillé, « tous les plans à l’intérieur sont statiques, comme s’ils flottaient » dans l’espace, explique Pierre Mouzannar. Même quand ils sont filmés de près, ils ne prennent qu’une « petite partie de l’image », puisqu’ils ne sont que « des atomes » dans « cette grande ville de Londres où l’on se sent finalement assez seul ».

Les conflits entre l’Orient et l’Occident sont à l’arrière-plan de leur rencontre. L’Irak parce que c’est « l’éternel colonisé du monde arabe », dit Pierre Mouzannar, et l’Angleterre (plutôt que les Etats-Unis) parce que c’est « le pays à la source de tous les problèmes du Proche-Orient depuis 100 ans ». Sans délivrer d’autre petite musique que celle de l’ouverture à l’autre, « An Arabian Night » ne propose pas non plus de happy end. Il a exactement la même portée que l’un des récits des Mille et une nuits pour Shéhérazade : un répit passager, un moment de grâce…

« An Arabian Night », Pierre Mouzannar (les premières minutes du film) :

A lire aussi, l’entretien avec le réalisateur sur le blog du festival.


Poptronics à Clermont 2020, retrouver les courts du jour 1, du jour 2, du jour 3, du jour 4, du jour 5 et du jour 6

annick rivoire 

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