A l’occasion du Festival international du court métrage de Clermont-Ferrand 2019, du 1er au 9 février, le focus du jour sur un film parmi les 163 en compétition : « Cerdita » de Carlota Pereda (Espagne), en sélection internationale.
« Cerdita » de Carlota Pereda, fiction flippante en compétition internationale. © DR
< 08'02'19 >
Clermont 2019, le court du jour 5 : cernés par « Cerdita »

Clermont-Ferrand, envoyée spéciale

Un « cercle de cruauté » dont on ne ressort pas totalement indemne : « Cerdita » (piggy en anglais, traduit à Clermont par la truie, mais qu’on rapprocherait plutôt de petite cochonne), est un court métrage dérangeant réalisé par Carlota Pereda, à l’apparence si blonde et ingénue qu’on lui donnerait le bon dieu sans confession. Le choix Poptronics du jour au 41e Festival international du court métrage de Clermont-Ferrand emprunte pourtant aux codes du genre film d’horreur pour titiller notre regard et nous faire réfléchir à la violence de certains de nos comportements.

On en a un petit aperçu avec cette première bande annonce :

« Cerdita », Carlota Pereda, Espagne, 2018, 14mn05, sélection internationale, bande annonce (1) :

Sara est une jeune fille obèse qui croit pouvoir tranquillement prendre un bain dans une piscine de plein air et se trouve confrontée à une double violence, celle des moqueries agressives de jeunes filles « normales » qui lui volent ses vêtements, l’obligeant à rentrer en maillot le long d’une route plus ou moins déserte, et celle d’une rencontre avec un personnage aux allures de serial killer – mais cet homme patibulaire pourrait aussi bien être un super-héros qui viendrait au secours des damnés de la terre.

Avec ce petit film d’horreur entre amies, Carlota Perdita a choisi de traiter du regard qu’on porte sur l’anormalité, sur l’obésité, sur « cette fille trop grosse pour les autres », et qu’elle filme sans tendresse. C’est qu’elle entend « perturber les spectateurs et faire qu’ils se demandent pourquoi ça fait tant de bien de se sentir si mal » devant les films d’horreur, « un genre qu’elle adore » mais où la plupart du temps, on « s’éclate à voir des hommes détruire des femmes ».

« Sentiments troubles », « rêves de vengeance »… La fin de ce film flippant est ouverte, même si les personnages sont pris dans ce « cercle de cruauté » que la réalisatrice tisse autour d’eux (et de nous). Et quand on lui demande si le titre n’est pas cruel, elle répond avec le sourire : « Le titre est cruel mais je voulais annoncer le sujet, pas le cacher. » Et d’ajouter que son actrice qui joue l’adolescente est une femme de 31 ans épanouie dans ce corps que d’autres trouvent hors norme.

« Cerdita » vient de remporter le Goya du meilleur court métrage de fiction, l’équivalent espagnol des Césars.

Allez, un dernier petit coup de flip pour la route, avec cette toute nouvelle bande-annonce :

« Cerdita », Carlota Pereda, Espagne, 2018, 14mn05, sélection internationale, bande annonce (2) :

annick rivoire 

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